Anouilh, Antigone (1944).

Pendant l'occupation Allemande, Anouilh réécrit la tragédie de Sophocle... Mais l'Antigone d'Anouilh est une enfant et d'une certaine manière, une résistante. Face à son oncle Créon, elle refuse d'accepter la loi des hommes. Mais contrairement à l'Antigone de Sophocle, ce n'est pas non plus pour obéir à la loi des Dieux. Mais alors, pourquoi ce geste ? Pourquoi désobéir et mourir ? C'est bien toute la question que se posent les résistants en France en 1942. Après sa première représentation en 1944, la Propaganda-Staffel tentera de faire interdire la pièce...

Apollinaire, Alcools (1913).

Apollinaire a voulu saisir l'exceptionnelle vitalité artistique de son époque ! Proche des musiciens et des peintres, il aime l'architecture et se passionne pour les débuts du cinéma... Sa poésie concentre toutes ces découvertes et cette vitalité ! Ce recueil hérite de toute la tradition poétique, depuis Villon jusqu'à Verlaine, en passant par Ronsard, et pourtant, il ne cesse d'innover. "Zone" inaugure le recueil avec la tour Eiffel, puis vient le pont Mirabeau. D'autres poèmes célèbres : La Chanson du Mal-Aimé, Mai, Les Colchiques... Les paysages sont variés, seule constante : la vie du poète se démultiplie dans le regard de ses lecteurs, qui y reconnaissent des expériences universelles...

Balzac, La Peau de Chagrin (1831).

Raphaël de Valentin représente bien la génération romantique de 1830 ! Jeune poète mélancolique logé dans une mansarde, il ne voit pas la pauvre Pauline qui l'aime, car il souhaite séduire et épouser l'inaccessible Fœdora. Finalement rejeté par elle, ruiné par une vie de débauche, il s'apprête à se jeter dans la Seine. Mais au fond d'une boutique d'antiquité, il découvre la Peau de Chagrin. Désormais, chacun de ses vœux sera exaucé, mais cela lui coûtera son énergie vitale. L'amour de Pauline parviendra-t-il à le sauver de ce pacte effroyable ?

Balzac, Le Père Goriot (1835).

Le vieux père Goriot donne tout à ses filles, Delphine de Nucingen et Anastasie de Restaud. Elles sont riches pourtant ! Mais elles répugnent à lui rendre visite dans la pension malpropre où il a trouvé refuge. Le jeune Eugène de Rastignac venu à la conquête de Paris habite la même pension et se lie d'amitié avec le vieil homme. Peu à peu, il délaisse ses études et découvre le beau monde parisien... Les illusions du jeune homme vont tomber au contact de l'abrupte réalité. Ce roman est ainsi un chef-d'oeuvre fondateur du mouvement réaliste en littérature.

Baudelaire, Les Fleurs du Mal (1857).

Le titre du recueil est déjà une métaphore, qui affirme que la beauté peut prendre naissance dans les terrains les plus effroyables. Pour Baudelaire, le beau n'a rien à voir avec le bien ou avec le vrai. Et c'est cela qui va choquer ses contemporains. Le recueil des Fleurs du Mal sera ainsi poursuivi pour outrage aux bonnes moeurs et à la morale publique et certains de ses poèmes seront retranchés de la première édition. Les Fleurs du Mal, c'est aussi la terrible confrontation entre l'Idéal et le Spleen, le plaisir de l'esprit et la sensation écrasante d'un monde hostile.

Beaumarchais, Le Mariage de Figaro (1784).

Une pièce censurée pendant 4 ans par Louis XVI, et qui a finalement été représentée tant elle était réclamée par le public... Une pièce séditieuse, dans laquelle on perçoit bien toute l'ambiance pré-révolutionnaire... Le comte Almaviva n'est plus le jeune amoureux qu'on a connu dans Le Barbier de Séville... Il délaisse sa femme Rosine, et convoite même la fiancée de Figaro... Quels stratagèmes l'ingénieux valet va-t-il trouver pour parvenir à épouser sa bien aimée, sans qu'elle ait céder aux avances du comte ?

Camus, L'Étranger (1942).

Un homme est condamné à mort, pour un meurtre absurde. Provoqué par quoi ? Le soleil, la chaleur ? Pourquoi ces quatre coups de feu sur le corps inerte de l'Arabe ? Pas d'excuse ni d'explication possible. Avec ce roman, Camus nous fait rencontrer l'absurdité dans toute sa violence. Le personnage principal, Meursault, raconte les événements de sa vie de façon étrangement objective, sans émotion. Mais derrière cette apparente simplicité, le lecteur fait l'expérience d'une vision du monde effarante. Avec Meursault, nous passons de la stupeur à la révolte, avant de découvrir enfin une réconciliation possible avec l'absurdité du monde.

Céline, Voyage au Bout de la Nuit (1932).

Voyage au bout de la Nuit, c'est d'abord une voix. Celle de Ferdinand Bardamu, le personnage narrateur. Il nous entraîne avec lui dans une aventure effroyable en 4 parties : La Première Guerre Mondiale, les colonies, les États-Unis, l'Europe. Le pessimisme de Céline est total : seuls quelques personnages exceptionnels échappent à la méchanceté et à l'égoïsme généralisé. C'est une philosophie profonde, car son rapport à l'humanité est fondé à la fois sur l'amour et la haine. On est très loin d'un antisémitisme simpliste comme on peut le voir dans ses pamphlets Bagatelles pour un massacre, L'École des Cadavres. Ces textes médiocres ne doivent pas nous faire passer à côté du chef-d'oeuvre.

Colette, Sido (1930) et Les Vrilles de la vigne (1908).

En 1908, prend ses distances avec son mari volage, Henry Gauthier-Villars surnommé « Willy » dont elle s'est séparée en 1906, cessant d'être son prête-plume. Elle écrit alors cette série de nouvelles poétiques, tournant son regard vers la nature, son enfance, mettant en scène sa vie, ses amis, ses animaux de compagnie. Cette dimension autobiographique, romancée et poétisée, permet de relier ces nouvelles avec Sido, écrit 22 ans plus tard... En 1930, ce récit poétique et autobiographique rend hommage à sa mère... Que seul son père appelait « Sido ». Les anecdotes dépeignent le caractère de sa mère, reine de son jardin ! Colette se revoit enfant, mais le rêve se mêle à l'écriture de soi. Elle ajoutera deux chapitres en 1931 pour parler de son père « Le Capitaine » et de ses frères et sœurs « Les Sauvages ».

Corbière, Les Amours Jaunes (1873).

Tristan Corbière rêvait de devenir marin comme son père, mais il avait une santé fragile et il meurt avant même d’avoir trente ans : malade, misérable. Il n’a publié qu’un recueil de poèmes, Les Amours Jaunes, à compte d’auteur, passé inaperçu... Presque 10 ans après sa mort, Paul Verlaine redécouvre Tristan Corbière et il en fait le premier de ses Poètes Maudits, voilà ce qu'il en dit : « Son vers vit, rit, pleure très peu, se moque bien, et blague encore mieux. Amer d’ailleurs et salé comme son cher Océan, nullement berceur ainsi qu’il arrive parfois à ce turbulent ami, mais roulant comme lui des rayons de soleil, de lune et d’étoiles dans la phosphorescence d’une houle et de vagues enragées ! »

Corneille, Le Cid (1637).

Le jeune chevalier Don Rodrigue s'apprête à épouser la belle Chimène. Mais voilà que leurs pères se confrontent. Don Diègue, le père de Rodrigue, est provoqué en duel par Don Gomès, le père de Chimène ! Trop âgé pour soutenir un tel assaut, Don Diègue est désarmé, humilié par son adversaire. Don Rodrigue n'a plus le choix, il doit venger son père et tuer le père de sa fiancée... Cettre tragi-comédie de Corneille a soulevé de nombreuses protestations : c'est la querelle du Cid. Certains trouvent que les sentiments de Chimène sont à la limite de la bienséance ! Mais l'enthousiasme et l'énergie de la pièce emporte l'adhésion des spectateurs, et cette pièce qui fut un énorme succès, continue de charmer le spectateur d'aujourd'hui.

Corneille, Le Menteur (1644).

Dorante, étudiant en droit venant de Poitiers, découvre Paris. Il rencontre alors Clarice, qu'il espère bien séduire. Il fait alors son premier mensonge, sous les yeux incrédules de son valet Cliton, et se fait passer pour un vétéran de la guerre de Trente ans. Mais la rencontre avec Lucrèce et les projets de son père se chargeront de mettre en difficulté ce menteur invétéré. Saura-t-il retourner la situation à son avantage ? En tout cas, la virtuosité du menteur est aussi celle du dramaturge, Corneille, passé maître dans l'art de produire des « illusions comiques ».

Desbordes-Valmore, Élégies et romances (1819).

Au début du XIXe siècle, Marceline Desbordes-Valmore est fortement marquée par le mouvement romantique : elle explore des émotions variées, intimes, complexes... Dans ses élégies et romances, les émotions et l'amour lui donnent le moyen de se comprendre et de se faire comprendre malgré les difficultés de la communication. Elle revendique alors une parole spécifiquement féminine, jusque dans le titre de ses poèmes « Lettre de femme » où elle écrit « Les femmes, je le sais, ne doivent pas écrire ; // J'écris pourtant. » Actrice et chanteuse (au théâtre de l'Odéon et à l'Opéra-Comique), elle dut interrompre sa carrière, se disant trop émue par sa propre voix... On retrouve dans sa poésie cette extrême sensibilité à la musicalité des mots et à leur pouvoir d’évocation. Verlaine l'admire et salue son invention de l’hendécasyllabe (vers de onze syllabes) : « Marceline Desbordes-Valmore a, le premier d’entre les poètes de ce temps, employé avec le plus grand bonheur des rythmes inusités, celui de onze pieds entre autres ».

Diderot, Jacques le Fataliste et son Maître (1796).

Jacques le Fataliste raconte à son maître l'histoire de ses amours. Mais ils sont sans cesse interrompus, les aventures se succèdent sans logique, les personnages rencontrés racontent leur propre histoire. Les récits sont enchâssés, délayés, inachevés... Avec ce roman, Diderot expérimente les limites du genre romanesque, il s'adresse directement à son lecteur, à la fois pour s'assurer de sa complicité, pour le faire rire, et parfois, pour se moquer de lui...

Dorion, Mes Forêts (2021).

Ce recueil de poèmes contemporain est marqué par un refrain « Mes forêts sont... » la succession des métaphores nous entraîne alors dans un univers d'une grande profondeur, riche d'une infinité de nuances. Ces forêts si personnelles ont aussi une dimension universelle et collective, elles prennent racine dans le passé pour se frayer un passage vers l'avenir. Dessinant des rayons sombres et lumineux, elles disent le pouvoir de la poésie, le pouvoir de transformer les mots en espoirs et les espoirs en actions.

Ernaux, La femme gelée (1981).

Dans ce roman autobiographique, Annie Ernaux retrace son parcours de jeune femme dans les années 1960, une époque de mutations sociales où la place des femmes est en pleine évolution. Aspirant à l'émancipation, elle se heurte aux conventions et aux présupposés d'une société patriarcale loin d'être aussi progressiste qu'on ne le croit ! Avec une écriture précise, souvent ironique, l'autrice dissèque les contradictions de son époque et livre une analyse fine des rapports de domination. La Femme Gelée est une roman majeur de l'œuvre d'Annie Ernaux, récompensée par le prix Nobel de littérature 2022. Ce roman percutant décrit avec intelligence la condition féminine, dénonce les carcans sociaux, nous indigne, et fait de la littérature un véritable outil d'émancipation.

Flaubert, Madame Bovary (1857).

Madame Bovary rêve de romance, de nacelles au clair de lune, d'enlèvements... Mais elle est mariée à un médiocre officier de santé, Charles, qui ne lui apporte que des déceptions... Tout le long du roman, nous découvrons les tentatives désespérées de cette jeune femme qui aimerait échapper au quotidien de sa ville de Province. Avec une ironie cinglante, Flaubert nous montre à la fois la vanité de ces efforts, et la terrible platitude de ces personnages plus vrais que nature. Ce roman, véritable chef-d'oeuvre de la littérature française, fut poursuivi en justice pour outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes moeurs.

Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des mondes (1687).

Publié en 1687, cet ouvrage de vulgarisation scientifique est une œuvre majeure de Bernard Le Bouvier de Fontenelle. Sous la forme de dialogues entre un philosophe et une marquise, Fontenelle vulgarise les découvertes astronomiques de l'époque tout en envisageant l'idée que la lune et les planètes du système solaire pourraient être habitées. Fontenelle utilise des métaphores ingénieuses pour rendre ces sujets compréhensibles, tout en mettant en avant l'importance de la curiosité et de la raison dans la quête de la connaissance. Cette œuvre est un témoignage de la pensée scientifique du XVIIe siècle, mais aussi une œuvre littéraire qui a contribué à populariser les idées scientifiques auprès d'un large public.

Gide, Les Faux-Monnayeurs (1925).

Bernard découvre que son père, le respectable juge d'instruction Profitendieu, n'est pas son père ! Il va alors fuguer et commencer une étonnante quête initiatique, à la recherche du sens de sa vie. Dans ses aventures, il va croiser Édouard, écrivain qui consigne dans un Journal toutes les idées pour son prochain roman : Les Faux-Monnayeurs. Et en effet, de mystérieux anarchistes font circuler de la fausse-monnaie. Mais sont-ils les seuls faux-monnayeurs de ce roman ?

Gouges, Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne (1791).

Rédigée en 1791, cette déclaration est à la fois un document historique, un texte politique fondateur et une réussite littéraire. En réalisant une véritable réécriture de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, Olympe de Gouges compte bien remettre au cœur des projets révolutionnaires l'instauration d'un véritable principe d'égalité des droits entre hommes et femmes. Cette déclaration courageuse, passant presque inaperçue à l'époque, a pourtant jeté les bases de la lutte pour les droits des femmes et demeure un acte précurseur dans l'histoire du féminisme. Olympe de Gouges sera guillotinée en 1793 pour avoir dénoncé le régime de Terreur de la Convention Nationale.

Graffigny, Lettres d'une Péruvienne (1747).

Inspirée par les Lettres persanes de Montesquieu, Françoise de Graffigny écrit en 1747 ses Lettres d'une Péruvienne. Zilia, originaire du Pérou, est achetée par un officier français qui l'amène à Paris. Pour le lecteur français de l'époque, souvent masculin et d'un milieu aisé, c'est un triple décentrement ! Une étrangère (certes, comme les persans) mais aussi une femme, et une esclave. Le roman est un tel succès à l'époque, qu'il lance une mode vestimentaire (inspirée des motifs incas). Le roman est oublié ensuite, puis redécouvert par la critique littéraire dans les années 60, car il porte une charge subversive politique, sociologique et féministe...

Hugo, Les Contemplations (1856).

En 1843, le 4 septembre, Victor Hugo perd sa fille Léopoldine, qui se noie avec son mari dans la Seine... Cet événement tragique structure le recueil des Contemplations : « Autrefois » et « Aujourd'hui ». La première partie est consacrée à l'enfance et la jeunesse de Victor Hugo : des années heureuses où se forment notamment ses convictions politiques, et qui le consacrent comme le chef de file du mouvement romantique... La deuxième partie — s'ouvrant avec le deuil — sera plus sombre : Hugo interroge Dieu lui-même : comment expliquer l'horreur des injustices faites aux innocents ? Pour Victor Hugo, ce recueil poétique constitue les « Mémoires d'une âme » : le révélateur d'une vie intérieure tourmentée, dans laquelle toute âme peut reconnaître ses propres préoccupations...

Hugo, Le Dernier Jour d'un Condamné (1829).

Ce condamné à mort n'a pas l'excuse d'être innocent : il est bien coupable d'un crime de sang ! Mais Victor Hugo veut montrer ceci : quel que soit le crime commis, la peine de mort est infondée. Derrière cette apparence de journal où le condamné retrace ses pensées, heure par heure, à la première personne, se cache un véritable roman à thèse : un plaidoyer pour l'abolition de la peine de mort. Inutile, sans effet dissuasif, elle généralise l'inhumanité, empêche la compréhension et la réparation des crimes... Nous allons donc suivre à la trace ces arguments, et la manière dont Victor Hugo les met en scène, de manière tantôt pathétique, tragique, humoristique, tantôt réaliste ou au contraire fantastique, avec des images impressionnantes où le sublime se mêle au grotesque, où l'espoir côtoie sans cesse le désespoir.

Hugo, Hernani (1830).

Lors des premières représentations d'Hernani en 1830, c'est une véritable bataille à la Comédie-Française : la jeune génération romantique crie au génie, tandis que l'autre moitié de la salle est scandalisée. Victor Hugo veut transposer l'esprit de liberté de la Révolution française dans l'art dramatique: le roi se comporte comme un bandit, et le bandit Hernani proclame que les têtes couronnées n'ont rien de sacré à ses yeux. La belle Doña Sol, forte de ses passions, incarne les valeurs romantiques, bien loin de la modération défendue par la tradition classique. Hernani représente un tournant dans l'Histoire littéraire française, c'est le triomphe du drame romantique...

Hugo, Ruy Blas (1838).

Le sombre Don Salluste a décidé de se venger de la reine ! Et justement, il découvre par hasard que son laquais, Ruy Blas, est désespérément amoureux d'elle ! Don Salluste déguise alors son valet en grand d'Espagne et lui ordonne de courtiser la reine. Ce plan machiavélique va-t-il fonctionner ? Victor Hugo présente dans cette pièce la quintessence du drame romantique, 8 ans après Hernani, tout y est plus abouti : mélange des registres, satire politique, jeu avec les attentes du spectateur.

La Boétie, Discours de la servitude volontaire (1577).

Le "Discours de la Servitude Volontaire" est une œuvre majeure d'Étienne de La Boétie, un jeune humaniste français du XVIe siècle. Écrit vers 1549, alors que La Boétie n'avait que 18 ans, ce texte s'inscrit dans le courant humaniste de la Renaissance, qui prône la liberté de pensée et la critique des institutions. Il est publié en 1577. Dans ce texte, La Boétie interroge la nature de la tyrannie et la soumission volontaire des peuples à leurs oppresseurs. Il soutient que les tyrans ne peuvent exercer leur pouvoir que grâce à la complicité passive de leurs sujets. Pour découvrir comment il propose de briser ces chaînes invisibles, il faut plonger dans la lecture intégrale de ce discours, qui reste d'une pertinence étonnante aujourd'hui.

La Bruyère, Les Caractères (1687).

Jean de La Bruyère n'est pas d'origine noble, mais par son éducation, il devient le précepteur du duc de Bourbon, petit fils du grand Condé (cousin du roi). À Versailles, il découvre le monde des courtisans, et réalise à quel point les aristocrates n'ont pas les qualités de noblesse qu'il attendait d'eux. La Bruyère se fait alors moraliste : son art de la narration emprunte au genre satirique et au théâtre pour mieux corriger les mœurs...

La Fayette, La Princesse de Montpensier (1662).

Les guerres de religion et la cour des Valois servent de cadre à cette histoire d'amour que Mme de La Fayette raconte plus d'un siècle après... C'est un succès ! Au XVIIe siècle, le public délaisse les romans fleuves pour préférer les histoires courtes - les nouvelles - surtout si l'on peut y reconnaître des personnages connus ! La princesse de Montpensier aime le duc de Guise, celui qu'on appelle le balafré... Mais la princesse a un mari fou d'elle et très jaloux. Sans compter le comte de Chabannes, son précepteur, qui est aussi secrètement amoureux d'elle ! Moraliste, Mme de La Fayette nous montre comment les passions vont consumer tous ces personnages.... Pour suivre le programme du bac L 2018, je compare la nouvelle avec l'adaptation cinématographique de Bertrand Tavernier de 2010.

La Fayette, La Princesse de Clèves (1678).

Ce petit roman de Mme de La Fayette ne ressemble pas aux grands romans fleuves qui étaient écrits à l'époque ! Le scénario est simple : Mlle de Chartres épouse le prince de Clèves, mais elle tombe amoureuse du duc de Nemours, et fera tout pour rester vertueuse malgré les situations de plus en plus dangereuses et finalement, malgré la mort de son mari ! Mais derrière cette intrigue simple se cachent des situations extrêmement subtiles : chaque parole cache des sous-entendus à double-tranchants... Dans ces vidéos, je vous accompagne dans cette lecture pour vous guider à travers les références historiques satiriques, les effets de miroir des récits enchâssés, les dissimulations et les jeux de regards...

La Fontaine, Les Fables de La Fontaine (1694).

En réécrivant en vers les fables d'Ésope, de Phèdre et de Bidpai, La Fontaine se donne une belle liberté d'écriture ! Il ne suit qu'une seule règle, le placere et docere d'Horace : il faut plaire et instruire en même temps. Ainsi le fabuliste va emprunter les ressources de la poésie et du théâtre pour mettre en scène et amuser son lecteur. Mais il aborde en même temps des sujets profonds et philosophiques : faut-il mentir et flatter, se soumettre aux plus puissants ? Faut-il au contraire rester libre et inflexible ? On voit bien se dessiner, derrière ces thèmes universels, des questionnements qui sont propres au siècle de Louis XIV...

Lagarce, Juste la fin du monde (1990).

Jean-Luc Lagarce est le dramaturge le plus joué aujourd'hui en France, après Molière, et cette pièce est la plus célèbre de son œuvre, parce qu'elle touche nos sensibilités contemporaines... Louis sait qu'il va mourir, et il a décidé de l'annoncer à sa famille. Mais il a été absent si longtemps ! Comment les siens vont-ils accueillir la nouvelle ? Va-t-il seulement s'autoriser à se soulager de ce poids ? Avec ces mots toujours à prononcer et à reprendre, Lagarce va au-delà des horizons tracés par le théâtre de l'absurde...

Lamartine, Les Méditations Poétiques (1820).

Lamartine est plongé dans un état de mélancolie entre la vie et la mort depuis que Julie Charles est décédée. La jeune femme, que Lamartine considérait comme sa muse, est morte de la phtisie en décembre 1817, elle avait 33 ans. Dans ses méditations poétiques, Lamartine raconte son désespoir, et invente une forme de lyrisme, où il assume sa pleine subjectivité, en recherchant dans la contemplation de la Nature des réponses à des questions éternelles.

Louise Labé, Élégies et sonnets (1555).

Louise Labé, poétesse lyonnaise du 16e siècle, a reçu une éducation exceptionnelle pour une fille et femme de marchand : elle apprend l'Italien, le Latin, elle joue du luth, fait de l'équitation et même de l'escrime ! Sa poésie est extrêmement efficace, riche en images et en sensations : musicalité, intelligence et simplicité des formules, sensibilité féminine, voire féministe avant l'heure... Ce recueil de 3 élégies et 24 sonnets est une pièce majeure de la littérature française.

Marbeuf, Recueil de vers (1628).

Marbeuf écrit une série de sonnets, où il va reprendre les thèmes traditionnels de l'amour amer, de la mélancolie, mais il va renouveler les images avec une sensibilité baroque, et une attention toute particulière à la musicalité du langage. Il l'écrit lui-même dans sa préface au lecteur : "la rime sert de compas aux vers que je compose". Le sonnet le plus célèbre de ce poète commence par ce vers, où la musique fonde la métaphore : "Et la mer et l'amour ont l'amer en partage"...

Marivaux, Les Fausses Confidences (1737).

Le jeune Dorante est tombé éperdument amoureux de la jeune Araminte. Mais elle est riche, et il est pauvre. En plus, elle est promise au Comte Dorimont, car sa mère Mme Argante rêve d'un titre de noblesse. Heureusement, son ancien valet, Dubois, a préparé tout un stratagème infaillible pour séduire et épouser Araminte. C'est paradoxalement grâce à toute une série de fausses confidences, que l'amour va naître et que les masques vont tomber !

Marivaux, L'île des Esclaves (1725).

Sur l'île des esclaves, les rôles sont inversés, Arlequin le serviteur devient le maître d'Iphicrate et Cléanthis devient la maîtresse de la noble Euphrosine... Cette situation de carnaval permet à Marivaux d'interroger les rôles sociaux de son époque. Sans être un plaidoyer contre l'esclavage, c'est un appel à la bienveillance et à l'humanité des maîtres, car il se pourrait bien qu'un jour chacun récolte ce qu'il a semé...

Maupassant, Bel Ami (1885).

Bel-Ami, c'est l'histoire de Georges Duroy, ancien sous-officier des colonies française, qui va gravir les échelons de la société parisienne. D'abord journaliste à La Vie Française, il va devenir un des personnages les plus influents de Paris. Comment va-t-il s'y prendre ? Il n'a aucun talent particulier... Mais il a beaucoup de charme, et aucun scrupule. C'est donc par les femmes qu'il réussira. Ce magnifique roman de Maupassant, à la fois plein de légèreté et de cynisme, est un chef-d'oeuvre du réalisme littéraire.

Maupassant, Le Horla (1887).

Dans cette nouvelle, chef-d'oeuvre de la littérature fantastique, Maupassant met en scène un personnage qui sombre dans la folie, et consigne son expérience dans un cahier journal. Petit à petit, l'impossible prend forme, le Horla devient une présence concrète, une incarnation de la peur elle-même... Jour après jour, il devient impossible de distinguer la réalité et l'hallucination... Maupassant rédige cette nouvelle alors qu'il est lui-même atteint par la syphilis, une maladie qui emportera l'écrivain dans la folie.

Maupassant, Boule de Suif (1880).

Lors des soirées de Médan, chez Zola, se retrouvent quelques écrivains qui décident de publier ensemble un recueil de nouvelles. Maupassant écrit Boule de Suif, nouvelle qui sera immédiatement reconnue comme un chef-d'oeuvre. L'histoire se déroule pendant la guerre de 1870 contre la Prusse. 10 personnes, appartenant à des classes sociales variées, fuient la ville de Rouen en diligence. Parmi eux, Élisabeth Rousset, prostituée surnommée Boule de Suif, est méprisée par les autres. Arrêtés par les prussiens, l'officier leur fait une proposition : il ne les laissera partir que si Boule de Suif accepte de coucher avec lui...

Molière, Le Malade Imaginaire (1673).

Chez Molière, le spectacle est bien plus qu'un simple divertissement : c'est la voie royale vers la lucidité ! En nous représentant ce malade imaginaire, il aborde l'angoisse de la mort, l'importance d'un mariage heureux, dans une société où foisonnent des charlatans de toute sorte... Notre malade imaginaire, Argan, se croyant malade, est manipulé par ses médecins et par sa deuxième femme. Au point qu'il veut imposer à sa fille Angélique un mari médecin (Thomas Diafoirus) pourtant ridicule et stupide. Mais Angélique est amoureuse de Cléante. Heureusement, la suivante Toinette est pleine de ressources et va venir en aide aux jeunes amoureux... Cette pièce est la dernière de Molière, elle représente un aboutissement dans le genre de la comédie ballet, et c'est lors de la quatrième représentation, en 1674, que Molière connaît la crise qui emportera sa vie...

Molière, Tartuffe (1664).

Un homme malintentionné se fait accueillir dans la maison d'Orgon. Il flatte le maître de maison, passe pour un dévot. Orgon lui fait toute confiance, il veut le marier à sa fille, lui léguer son héritage... Mais la petite famille d'Orgon n'est pas dupe. Chacun va contribuer, avec ses qualités, à maintenir la cohérence familiale. En dénonçant cet hypocrite, Molière fait passer au roi un message particulièrement subversif : attention de ne pas donner trop de confiance aux personnes qui se disent très religieuses. On comprend mieux qu'une cabale ait été lancée contre cette pièce, qui fut interdite dès sa première représentation !

Molière, L'École des Femmes (1662).

Molière invente la comédie "sérieuse" : en 5 actes et en alexandrins, utilisant des ingrédients de la farce et de la Comedia Dell'Arte pour mener une réflexion morale et sociale profonde sur la condition féminine. Parodiant allègrement les ressorts du genre tragique, on voit dans cette pièce le vieil Arnolphe perdre inexorablement la jeune Agnès, malgré toutes ses précautions pour la garder cachée, innocente et bête. Ce qui donne de l'esprit à Agnès, ce sont les sentiments qu'elle éprouve pour le jeune Horace, l'École des Femmes, c'est l'amour ! Mais vous allez voir que l'amour va également faire évoluer tous les autres personnages...

Molière, Dom Juan (1665).

Dom Juan grand seigneur méchant homme, libre-penseur et athée, ne respecte ni les valeurs de l’ancienne noblesse, ni celles de la religion. Il n’hésite pas à mentir à ses créanciers, à son père, et aux femmes qu’il séduit. Cette pièce est extraordinairement variée, à la fois comique et sérieuse : Molière au sommet de son art utilise tour à tour les procédés de la farce et du genre tragique. Lors des premières représentations, le public parisien l'acclame, mais elle est en même temps attaquée violemment par ceux qui craignent le charisme du personnage libertin... Ainsi, la pièce ne sera ni reprise ni imprimée du vivant de son auteur, mais sera redécouverte avec fascination au XIXe et au XXe siècle !

Montaigne, Les Essais (1580).

Michel Eyquem de Montaigne est le témoin d'une époque bouleversée : alors que la Renaissance est une période de grandes découvertes, d'inventions, de renouveau des arts... Ce sont finalement les massacres qui prennent le dessus, anéantissement des peuples d'Amérique, guerres de Religion. Montaigne, penseur humaniste, retrace ses pensées, faisant sans cesse l'aller-retour entre son propre vécu, les préoccupations de ses contemporains, et une certaine conception de l'Homme : penseur libre abordant tous les sujets, Montaigne pose les fondations des Lumières et des Sciences sociales à venir...

Montesquieu, Lettres Persanes (1721).

Usbek et Rica sont deux persans qui échangent leurs impressions de voyage à travers des lettres qu'ils envoient à leurs amis restés en Perse. Bien sûr, c'est une fiction, qui permet à Montesquieu de critiquer la société française, les parisiens, le roi, le pape... Le regard naïf des deux voyageurs fait ressortir les absurdités du monde occidental, et Montesquieu s'en donne à coeur joie. Mais la charge satirique de cette oeuvre est très forte : l'auteur n'ose pas publier en son nom ! Les Lettres Persanes sont d'abord diffusées à Amsterdam, et Montesquieu prétend qu'il n'est que le traducteur d'un paquet de lettres anonymes.

Musset, On ne badine pas avec l'amour (1834).

Perdican devait épouser sa cousine Camille, qu'il connait depuis l'enfance. Mais Camille a décidé de devenir religieuse, et refuse le mariage. Perdican, par dépit et par orgueil, fait la cour à Rosette, jeune paysanne, sœur de lait de Camille, et s'arrange pour que Camille surprenne sa déclaration d'amour. Le stratagème amoureux est un stratagème théâtral. Ce n'est que le début d'un badinage amoureux complexe — où chacun sera dupe tour à tour — et qui ne pourra se terminer que d'une manière tragique !

Ponge, La Rage de l'expression (1952).

Ce recueil se présente surtout comme un cahier de notes, prises pour réaliser des poèmes. Et pourtant, chaque texte a une véritable valeur poétique, nous invitant dans l'atelier du poète. Petit à petit, on découvre le parti-pris de Ponge, qui est justement de laisser son sujet le guider par son propre parti pris. Cette étonnante « rage de l'expression » aboutit enfin paradoxalement à une méthode patiente et rigoureuse, qui respecte son sujet, et met de côté tout ce que le poète aimerait projeter de lui-même. Exercice de rigueur et d'humilité, ce recueil laisse finalement toute sa place au lecteur, libre d'exercer sa propre inspiration.

Prévost, Manon Lescaut (1731).

Roman scandaleux ! Un jeune aristocrate, promis à un grand avenir dans l'Ordre des Chevaliers de Malte, est irrémédiablement épris d'une jeune prostituée. Dès le jour de leur coup de foudre, il fera tout pour lui permettre de vivre une vie de plaisirs ! Elle, continuant de se prostituer, lui, fermant les yeux et trichant au jeu, prennent des risques de plus en plus grands... Mais au cœur de ce roman, demeure le mystère de leur amour. Comment expliquer l'authenticité de leurs sentiments, derrière les excès de leurs passions ? La pureté de l'amour, la chance d'une rédemption... sont-ils possibles ?

Rabelais, Gargantua (1534).

Gargantua, c'est tout l'inverse des ogres des contes de fées ! Bienveillant, il ouvre la bouche non pas pour nous dévorer, mais pour rire et pour répandre la bonne parole. Et c'est en effet tout l'enjeu de ce roman : propager par le rire tous les bons principes de l'humanisme de la Renaissance...Par la démesure de ces géants, Rabelais nous laisse deviner l'infini potentiel de l'être humain, qui grandit en prenant soin à la fois de son corps, de son esprit, et de son âme. Et ainsi, les énormes blagues d'ivrognes, l'éducation d'abord chaotique du jeune Gargantua, les rebondissements de la guerre contre Picrochole, et enfin, la construction de l'abbaye de Thélème... Tout cela recèle ce qu'il appelle la substantifique moëlle de son livre : une profonde philosophie humaniste, optimiste et civilisatrice.

Racine, Phèdre (1677).

Phèdre est poursuivie par la vengeance de Vénus ! Pourquoi ? Parce que le grand-père de Phèdre, Hélios le dieu du soleil, a surpris Vénus en plein adultère avec Mars le dieu de la guerre... la déesse de l'amour maudit alors la descendance d'Hélios ! Au début de la tragédie, Vénus inspire à Phèdre un désir contre-nature pour son beau-fils Hippolyte. La tragédie de Racine obéit parfaitement aux règles du théâtre classique, dans une intrigue simple et fatale, qui inspire à la fois la terreur et la pitié...

Racine, Andromaque (1668).

Pyrrhus, le fils d'Achille, participe au sac de Troie. C'est lui qui tue le roi Priam (le père de Pâris). La ville de Troie est mise à feu et à sang. Il n'en reste que des ruines. Andromaque et Astyanax sont faits prisonniers par Pyrrhus qui les emmène dans son royaume d'Épire. C'est maintenant que commence notre tragédie.

Rimbaud, Cahiers de Douai (1870).

Découvrez les premiers poèmes que Rimbaud, adolescent en fugue, confie à Paul Demeny pour qu'il les publie. Mais bientôt il se ravise, et écrit une lettre à son ami poète et éditeur : « Brûlez, je le veux, et je crois que vous respecterez ma volonté comme celle d'un mort, brûlez tous les vers que je fus assez sot pour vous donner lors de mon séjour à Douai ». Mais heureusement, Demeny conserva ce cahier, et ces 22 poèmes, dont certains d'entre eux comptent parmi les plus célèbres de la langue française : Ma Bohème, Le Dormeur du Val... bac 2025

Rouget de Lisle, La Marseillaise (1792).

La Marseillaise est l'hymne national de la France, mais c'est aussi un symbole qui dépasse la représentation d'un pays. Le fait qu'elle soit traduite, chantée à travers le monde ; le fait même qu'elle soit souvent discutée et remise en question, tout cela montre à quel point La Marseillaise est vivante aujourd'hui. En quoi les paroles de la Marseillaise invitent-elles, au-delà de leur interprétation purement historique et contextuelle, à réfléchir sur des valeurs qui restent des sujets de débat à travers les siècles jusqu'à aujourd'hui ?

Rousseau, Les Confessions (1782).

Lorsqu’il commence à rédiger ses Confessions, Jean-Jacques Rousseau a conscience qu’il commence un projet novateur. Les Confessions doivent avoir une dimension exemplaire, devenir “une pièce de comparaison pour l’étude du coeur humain”. Mais le discours de Rousseau n’est pas un discours philosophique, rationnel et logique. C’est justement par le langage des émotions et par la sincérité que Rousseau compte atteindre son but. Au concept de Vérité, Rousseau oppose celui d’authenticité.

Sarraute, Pour un oui pour un non (1986).

H1 et H2, deux amis d'enfance se retrouvent. Mais H1 a une intuition, il luis semble que son ami s'éloigne. D'abord H2 s'en défend. Mais la discussion fait émerger progressivement des écarts, presque imperceptibles, qui séparent les deux amis... Leur amitié tiendra-t-elle face à ces divergences indicibles ? Dans cette pièce, Nathalie Sarraute explore ce qu'elle appelle des « tropismes » : « mouvements indéfinissables qui glissent très rapidement aux limites de la conscience ; ils sont à l'origine de nos gestes, de nos paroles, des sentiments que nous manifestons, que nous croyons éprouver et qu'il est possible de définir » (dans l'Ère du soupçon, 1986).

Schwarz-Bart, pluie et vent sur Télumée Miracle (1972).

Dans un village nommé Fond-Zombi, au cœur des mornes guadeloupéens, une voix se met à raconter : celle de Télumée, petite-fille de Reine Sans Nom, héritière d’une lignée de femmes noires dressées contre la fatalité. Entre la pluie des malheurs et le vent des révoltes, Télumée traverse l’amour passionné puis brutal, la misère des champs de canne, les humiliations des maîtres blancs, la violence des hommes, la folie, le deuil. Mais dans ce monde marqué par l’esclavage et ses cicatrices, elle apprend l’art de tenir debout : écouter les vieux contes, parler aux morts, apprivoiser la terre, soigner les corps. Chaque chute devient un pas de danse, chaque blessure une sagesse, jusqu’au jour où ceux qui l’entourent la reconnaissent comme un miracle vivant : Télumée Miracle.

Stendhal, Le Rouge et le Noir (1830).

Dans la petite ville de Verrières, Julien Sorel, fils d'un charpentier avare, devient le précepteur des enfants de la belle Mme de Rênal... Leur amour peut-il se réaliser, devenir authentique dans ce contexte ? En ce début de XIXe siècle, l’ordre social, très hiérarchisé, très codifié, repose sur les mariages arrangés. Et soudain, une génération revendique le droit d’aimer, et la séduction devient un moyen de parvenir... C’est là que Stendhal intervient : qu’est-ce qui est réellement important ? Les honneurs, la richesse, l’orgueil, ou bien l’amour et la beauté... ? Julien Sorel va faire toutes les erreurs possibles, s’égarer dans ses passions, dans l’hypocrisie... Le lecteur va suivre son évolution, et grandir avec lui.

Troyes, Le chevalier de la charrette (1180).

Lorsque la reine Guenièvre est enlevée sous les yeux du roi Arthur par le gigantesque chevalier Méléagant, jusqu'au pays de Gore, d'où l'on ne revient pas, Lancelot du Lac se met en route et accepte de monter dans une charrette, symbole de honte au Moyen Âge. Dans ce roman emblématique de Chrétien de Troyes, les épreuves s’enchaînent et mettent le courage du héros à l’épreuve : ponts redoutables, combats inouïs et énigmes mortelles jalonnent le chemin de Lancelot. Mais son plus grand défi reste l’amour secret qu’il voue à la reine, modèle d'amour courtois, auquel il doit être capable de sacrifier toute volonté et tout honneur. Ce roman est l'un des plus célèbres du cycle arthurien, quête haletante qui fait de Lancelot d'un des chevaliers de la Table Ronde les plus célèbres.

Verlaine, Poèmes saturniens (1866).

Poèmes saturniens de Paul Verlaine est un recueil de poésie emblématique de la fin du XIXe siècle. Dans cette œuvre, Verlaine nous invite à explorer les méandres de son âme tourmentée, bercée entre rêveries mélancoliques et désillusions amères. Les vers délicats et subtils, empreints de musicalité, évoquent des thèmes tels que le temps qui passe, la solitude, l'amour perdu et la quête éperdue de l'idéal. Laissez-vous séduire par cette poésie envoûtante, reflet d'une sensibilité exacerbée, qui a marqué le début du symbolisme français.

Verlaine, Romances sans Paroles (1874).

Verlaine écrit cet ouvrage lors de son dernier voyage avec Rimbaud en Belgique. Dans ce recueil, la poésie de Verlaine est une tentative de restituer des moments de nostalgie pittoresques, des émotions puissantes mais vagues, aux contours flous, atténués comme dans la peinture impressionniste... "De la musique avant toute chose" : le sens de ses vers se trouve d'abord dans les effets musicaux du langage. D'ailleurs, le titre des Romances sans Paroles est emprunté à l'oeuvre de Mendelssohn Bartholdy, dont l'atmosphère correspond parfaitement à ces paysages mélancoliques, à la fois doux et amers...

Voltaire, Candide (1759).

Candide, enfant bâtard du baron de Thunder-ten-tronck, est chassé du château de son enfance. Il va découvrir le monde, et réaliser qu'il ne tourne peut être pas aussi bien que le prétend son professeur Pangloss ! Comment comprendre la guerre, les catastrophes naturelles, l'inquisition, l'esclavage ? Avec ce conte philosophique, Voltaire remet en cause l'optimisme de Leibniz, selon lequel Dieu organise le monde le mieux possible. À travers ces aventures, Voltaire amène son personnage Candide et son lecteur à trouver par eux-mêmes les valeurs importantes qui fondent la sagesse.

Zola, Le Roman Expérimental (1880).

Zola s'inspire d'un ouvrage de Claude Bernard, « L'introduction à l'étude de la médecine expérimentale » pour écrire une série d'articles où il développe sa propre conception de la littérature naturaliste, comme une méthode d'observation et d'expérimentation sociale. Dans notre extrait, Zola compare l'activité scientifique et celle de l'écrivain naturaliste, pour mieux faire ressortir les points communs et les différences. L'écrivain observe, pose un diagnostique, mais ce n'est pas un praticien, il laisse au législateur le soin de soigner la société malade. Comment Zola défend-il, à travers une métaphore scientifique, une conception de la littérature où le romancier contribue, par sa neutralité, au progrès social ?

Zola, Germinal (1885).

Étienne Lantier a quitté son travail aux chemins de fer et trouve un emploi dans la mine du Voreux. À travers son histoire, Zola nous fait découvrir les conditions de travail des mineurs, et leur cheminement de l'exploitation à la révolte. Tous les acteurs sont représentés : ouvriers, politiciens, propriétaires, actionnaires, syndicalistes, anarchistes... Dans ce tableau très sombre de la condition des travailleurs, Zola évoque cependant l'espoir que l'Humanité s'élèvera par l'instruction et la science.

Zola, L'Assommoir (1877).

Dès la préface de l'Assommoir, Zola nous annonce son projet et donne tous les thèmes abordés. « J'ai voulu peindre la déchéance fatale d'une famille ouvrière, dans le milieu empesté de nos faubourgs. Au bout de l'ivrognerie et de la fainéantise, il y a le relâchement des liens de la famille, les ordures de la promiscuité, l'oubli progressif des sentiments honnêtes, puis comme dénouement la honte et la mort. C'est de la morale en action, tout simplement. » Le mot fatalité est très important. Nous savons dès le début que cette histoire va mal se terminer, et Zola utilise, tout au long du roman, l'ironie tragique, des allusions à la fin du roman...

Zola, La Curée (1872).

La belle Renée s'ennuie à mourir dans le magnifique hôtel du parc Monceau, où elle vit avec son mari Aristide Saccard et son beau-fils Maxime. Elle va progressivement sombrer dans la décadence et, comme Phèdre, connaître la tentation de l'inceste. Dans ce roman satirique, Zola raconte le luxe à outrance et la débauche d'une société d'affairistes sans scrupules qui spécule sur les transformations de Paris. Napoléon III se fait couronner Empereur à la suite d'un coup d'État, et charge le baron Haussmann d'aménager la capitale en creusant de larges boulevard. En tant qu'écrivain et journaliste, Zola se fait l'observateur critique de ces bouleversements.

Zola, Pot-Bouille (1882).

Dans un immeuble haussmannien cossu de la rue de Choiseul, sous les dorures de la bourgeoisie parisienne du Second Empire, bouillonne une vie de passions inavouables, de combines mesquines et d’hypocrisies scandaleuses. Octave Mouret, jeune provincial ambitieux, y débarque avec un seul projet : séduire les femmes de la maison pour s’élever socialement. Entre chasse au mari, adultères discrets, et intrigues successorales, il découvre un monde où la vertu n’est qu’un vernis fragile sur un "pot-bouille" de vices et de convoitises. Zola dissèque avec une verve impitoyable cette comédie humaine grouillante : une satire cruelle et hilarante de la médiocrité bourgeoise, où derrière les pianos et les salons bien pensants se trame la plus savoureuse des farces naturalistes.