Victor Hugo, Ruy Blas
Résumé et analysé
Le salon de DanaĂ© dans le palais du roi, Ă Madrid. Ameublement magnifique dans le goĂ»t demi-flamand du temps de Philippe IV. Ă gauche, une grande fenĂȘtre Ă chĂąssis dorĂ©s et Ă petits carreaux. [...] Au fond, [...] une large porte [...] s'ouvre sur une longue galerie. [...] Une table, un fauteuil, et tout ce qu'il faut pour Ă©crire.
Acte I - Don Salluste
ScĂšne 1
Comme dans tous ses drames, Victor Hugo tient Ă crĂ©er une couleur locale et historique. DĂšs le dĂ©but, il nous plonge sous le rĂšgne de Charles II, aprĂšs Charles Quint. LâEspagne subit une pĂ©riode de dĂ©cadence aprĂšs lâĂąge dâor des grandes dĂ©couvertes.
Don Salluste sâadresse Ă son valet Gudiel, que Victor Hugo invente tardivement, pour rendre cette scĂšne dâexposition plus naturelle, et surtout, plus informative. Le spectateur va tout de suite se faire une idĂ©e sur ce personnage sombre.
DON SALLUSTE
Ah ! câest un coup de foudre !... â Oui, mon rĂšgne est passĂ©,
Gudiel ! â renvoyĂ© [...]
[...] Oui, pour une amourette,
â Chose, Ă mon Ăąge, sotte et folle, jâen convien â
Avec une suivante, une fille de rien !
SĂ©duite, beau malheur ! parce que la donzelle
Est Ă la reine, et vient de Neubourg avec elle,
Que cette créature a pleuré contre moi,
Et traßné son enfant dans les chambres du roi :
Ordre de lâĂ©pouser. Je refuse. On mâexile.
â ChassĂ© ! â
GUDIEL
DâoĂč vient le coup, monseigneur ?
DON SALLUSTE
De la reine.
Oh ! je me vengerai ! [...] Comment ? Je ne sais pas ;
Mais je veux que ce soit effrayant ! â De ce pas
Va faire nos apprĂȘts, et hĂąte-toi. â Silence !
Tu pars avec moi. Va.
Don Salluste appelle alors Ruy Blas, son valet, et lui demande de faire entrer le personnage Ă©trange qui se trouve sur la place devant la maison.
Le nom de Ruy Blas est symbolique : Ruy, diminutif pour Rodrigue, le prĂ©nom du Cid, celui qui a la noblesse du cĆur. Blas, nom de famille trĂšs court, trĂšs commun parmi le peuple, qui entre en contraste avec les titres Ă rallonge de la noblesse espagnole. Par exemple, Don Salluste est aussi marquis de Finlas.
ScĂšne 2
Arrive alors Don CĂ©sar : on apprend que câest le cousin de Don Salluste : câest aussi un grand dâEspagne, mais il sâest ruinĂ© et vit dĂ©sormais comme un bandit. Si Don Salluste est un personnage sombre et manipulateur, au contraire Don CĂ©sar est un personnage franc et spontanĂ©.
Victor Hugo sâinspire dâun type de personnage bien connu Ă lâĂ©poque, le HĂ©ros picaresque : lâaventurier espagnol, pauvre, mais plein de panache, qui conteste lâordre Ă©tabli. Don Salluste commence par lui faire des reproches : il est au courant de ses mĂ©faits, en France et en Flandre notamment.
DON CĂSAR
En Flandre ? â il se peut bien. Jâai beaucoup voyagĂ©.
DON SALLUSTE
Enfin, Matalobos, ce voleur de Galice
Qui désole Madrid malgré notre police,
Il est de vos amis !
DON CĂSAR
Raisonnons, sâil vous plaĂźt.
Sans lui jâirais tout nu, ce qui serait fort laid [...]
Le comte dâAlbe, Ă qui lâautre mois fut volĂ©
Son beau pourpoint de soie [...] Câest moi qui lâai.
Matalobos me lâa donnĂ©.
On ne le sait pas encore, mais ce manteau permet dĂ©jĂ de prĂ©parer un coup de thĂ©Ăątre pour la suite, câest dĂ©jĂ un indice laissĂ© au spectateur.
DON SALLUSTE
Lâhabit du comte !
Vous nâĂȘtes pas honteux ?...
DON CĂSAR
Je nâaurai jamais honte
De mettre un bon pourpoint, brodé, passementé,
Qui me tient chaud lâhiver et me fait beau lâĂ©tĂ©.
[...]
Tenez, trĂȘve aux reproches.
Je suis un grand seigneur, câest vrai, lâun de vos proches ;
Je mâappelle CĂ©sar, comte de Garofa ;
Mais le sort de folie en naissant me coiffa. [...]
[RuinĂ©], jâai pris la fuite et jâai changĂ© de nom.
Ă prĂ©sent, je ne suis quâun joyeux compagnon,
Zafari, que hors vous nul ne peut reconnaĂźtre. [...]
Je suis heureux ainsi.
DON SALLUSTE
CĂ©sar, [...]
Je vous vois Ă regret vers lâabĂźme entraĂźnĂ© ;
Je veux vous en tirer. Bravache que vous ĂȘtes,
Vous ĂȘtes malheureux. Je veux payer vos dettes, [...]
CĂ©sar, je ne mets Ă cela
Quâune condition [...]
DON CĂSAR, soupesant la bourse, qui est pleine dâor.
Ordonnez. Foi de brave,
Mon épée est à vous !
DON SALLUSTE, baissant la voix de plus en plus.
Ăcoute. Jâai besoin, pour un rĂ©sultat sombre,
De quelquâun qui travaille Ă mon cĂŽtĂ© dans lâombre. [...]
Il faut, par quelque plan terrible et merveilleux,
â Tu nâes pas, que je pense, un homme scrupuleux, â
Me venger !
DON CĂSAR
Vous venger ? [Mais] de qui ?
DON SALLUSTE
Dâune femme.
DON CĂSAR, il se redresse et regarde fiĂšrement Don Salluste.
Ne mâen dites pas plus. Halte-lĂ ! Sur mon Ăąme, [...]
Gardez votre secret, et gardez votre argent.
Oh ! je comprends quâon vole, et quâon tue, et quâon pille, [...]
Mais doucement détruire une femme ! [...]
Jâaimerais mieux, plutĂŽt quâĂȘtre Ă ce point infĂąme,
Vil, odieux, pervers, misérable et flétri,
Quâun chien rongeĂąt mon crĂąne au pied du pilori ! [...]
Par contraste, le personnage de Don CĂ©sar, pauvre, mais qui a le sens de lâhonneur, fait ressortir le cynisme de Don Salluste. Ce dernier nâa pas le choix, il est obligĂ© de mentir pour se rĂ©tracter.
DON SALLUSTE
Je suis content de vous. Votre main, je vous prie.
[...] Je nâai parlĂ© que par plaisanterie.
Tout ce que jâai dit lĂ , câest pour vous Ă©prouver.
Rien de plus.
Don Salluste laisse sa bourse Ă Don CĂ©sar et quitte la scĂšne. DĂšs quâil est sorti, il se dirige vers Ruy Blas qui Ă©tait restĂ© en retrait. Ils tombent dans les bras lâun de lâautre, on comprend quâils se connaissent depuis longtemps ! Dans la prĂ©face de la piĂšce, Victor Hugo rĂ©vĂšle que cette relation peut symboliser le mĂ©lange des registres :
Les trois formes souveraines de lâart pourraient y paraĂźtre personnifiĂ©es et rĂ©sumĂ©es. Don Salluste serait le drame, Don CĂ©sar la comĂ©die, Ruy Blas la tragĂ©die. Le drame noue lâaction, la comĂ©die lâembrouille, la tragĂ©die la tranche.
Victor Hugo, Préface de Ruy Blas, 1838.
ScĂšne 3
Ruy Blas Ă©voque avec nostalgie leur vie sur les grands chemins.
RUY BLAS
Nous nous ressemblions au point quâon nous prenait
Pour frĂšres ; nous chantions dĂšs lâheure oĂč lâaube naĂźt,
Et le soir devant Dieu, notre pĂšre et notre hĂŽte,
Sous le ciel étoilé nous dormions cÎte à cÎte.
Oui, nous partagions tout. Puis enfin arriva
Lâheure triste oĂč chacun de son cĂŽtĂ© sâen va.
Je te retrouve, aprĂšs quatre ans, toujours le mĂȘme,
Joyeux comme un enfant, libre comme un bohĂšme,
Toujours ce Zafari, riche en sa pauvreté,
Qui nâa rien eu jamais et nâa rien souhaitĂ© !
[...] Câest bien toi ! [...] Que fais-tu dans ce palais ?
DON CĂSAR
Jây passe.
Mais je mâen vais. Je suis oiseau, jâaime lâespace.
Mais toi ? cette livrée ? est-ce un déguisement ?
DĂšs cette troisiĂšme scĂšne on trouve le thĂšme du dĂ©guisement et des apparences : la livrĂ©e de Ruy Blas ne correspond pas Ă son Ăąme. En mĂȘme temps, ces deux personnages si diffĂ©rents ont une certaine ressemblance que le metteur en scĂšne peut choisir de mettre en valeur.
RUY BLAS
Non, je suis déguisé quand je suis autrement. [...]
FrÚre ! je ne sens pas cette livrée infùme,
Car jâai dans ma poitrine une hydre aux dents de flamme
Qui me serre le coeur dans ses replis ardents.
Le dehors te fait peur ? Si tu voyais dedans !
DON CĂSAR
Que veux-tu dire ?
RUY BLAS
Invente, imagine, suppose.
Fouille dans ton esprit. Cherches-y quelque chose
DâĂ©trange, dâinsensĂ©, dâhorrible et dâinouĂŻ.
Une fatalité dont on soit ébloui ! [...]
Zafari ! Dans le gouffre oĂč mon destin mâentraĂźne,
Plonge les yeux ! â je suis amoureux de la reine !
DON CĂSAR
Ciel !
Câest Ă ce moment que le personnage de Ruy Blas apparaĂźt comme le HĂ©ros romantique de la piĂšce : dĂ©chirĂ© par des aspirations quâil nâexplique pas, habitĂ© par une passion qui le fait sortir du commun des mortels.
En mĂȘme temps, Victor Hugo mĂ©lange les registres : aprĂšs le ton burlesque des aventures de Zafari, la nostalgie des retrouvailles, maintenant le lyrisme de lâamoureux et le sentiment tragique dâun destin funeste.
Dans la prĂ©face de Ruy Blas, Victor Hugo reprend et affine ce qui se trouvait dĂ©jĂ dans sa prĂ©face de Cromwell. Il sâinspire aussi de Racine et Shakespeare, un essai que Stendhal a Ă©crit en 1823 :
Corneille et MoliĂšre existeraient indĂ©pendamment lâun de lâautre, si Shakespeare nâĂ©tait entre eux, donnant Ă Corneille la main gauche, Ă MoliĂšre la main droite. De cette façon, les deux Ă©lectricitĂ©s opposĂ©es de la comĂ©die et de la tragĂ©die se rencontrent et lâĂ©tincelle qui en jaillit, câest le drame.
Victor Hugo, Préface de Ruy Blas, 1838.
Trois unités, vraisemblance, bienséance, on va rester attentifs à ces rÚgles classiques pour voir comment Victor Hugo parvient à les remettre en cause dans la suite de la piÚce.
Ensuite, Ruy Blas confie Ă Don CĂ©sar quâil laisse rĂ©guliĂšrement des fleurs bleues Ă la Reine, et quâune fois mĂȘme, il a osĂ© laisser une lettre dans un bouquet.
DON CĂSAR
Diable ! ton algarade a son danger. Prends garde.
Le comte dâOñate, qui lâaime aussi, la garde [...]
[Il] pourrait bien [...] avant que ton bouquet se fane
Te le clouer au cĆur dâun coup de pertuisane.
Au moment de sortir, Don CĂ©sar salue une derniĂšre fois son cousin Don Salluste.
DON CĂSAR
Hum ! le diable mâemporte !
Cette sombre figure Ă©coutait Ă la porte.
Bah ! Quâimporte, aprĂšs tout !
DĂšs que Don CĂ©sar sâest Ă©loignĂ©, Don Salluste appelle ses hommes de main pour leur donner des ordres.
DON SALLUSTE
Vous allez suivre, alors quâil sortira dâici,
Lâhomme qui compte lĂ de lâargent. â En silence
Vous vous emparerez de lui. â Sans violence. â [...]
Vous le vendrez en mer aux corsaires dâAfrique.
ScĂšne 4
Don Salluste fait alors venir Ruy Blas, pour lui demander dâĂ©crire une lettre, soi-disant, un billet doux pour une amante, quâil appelle Ă©trangement « ma reine ». Mais Ruy Blas, obĂ©issant, ne se mĂ©fie pas.
DON SALLUSTE
« Un danger terrible est sur ma tĂȘte.
« Ma reine seule peut conjurer la tempĂȘte,
« En venant me trouver ce soir dans ma maison.
« Sinon, je suis perdu. » [...]
Câest parfait. â Ah ! signez.
RUY BLAS
Votre nom, monseigneur ?
DON SALLUSTE
Non pas. Signez CĂ©sar. Câest mon nom dâaventure.
La signature avec un faux nom, le fait quâil parle dâune « reine »⊠Tout cela peut dĂ©jĂ nous interpeller. Le spectateur devine que Don Salluste est dĂ©jĂ en train dâĂ©chafauder un plan vengeance. Tout au long de la piĂšce, Victor Hugo distille des indices importants, et crĂ©e ainsi une vĂ©ritable complicitĂ© avec le spectateur.
Ensuite, Don Salluste annonce Ă Ruy Blas quâil a de grands projets pour lui :
DON SALLUSTE
Ruy Blas, je pars ce soir, et je vous laisse ici.
Jâai sur vous des projets dâun ami trĂšs sincĂšre.
Votre état va changer, mais il est nécessaire
De mâobĂ©ir en tout.
Il lui demande alors de signer un contrat qui semble trĂšs innocent, et que Ruy Blas ne peut pas raisonnablement refuser :
DON SALLUSTE
Ăcrivez : â « Moi, Ruy Blas,
« Laquais de monseigneur le marquis de Finlas,
« En toute occasion, ou secrÚte ou publique,
« Mâengage Ă le servir comme bon domestique. »
â Signez de votre nom. La date. Bien. Donnez.
Face Ă Don Salluste Ruy Blas est un valet trĂšs obĂ©issant, soumis Ă lâautoritĂ© dâun maĂźtre inquiĂ©tant. Ă travers les relations entre les personnages, Victor Hugo construit une vĂ©ritable allĂ©gorie politique : Ruy Blas reprĂ©sente le peuple manipulĂ© par une aristocratie cynique et dĂ©cadente.
Victor Hugo lâannonce lui-mĂȘme dans la prĂ©face de la piĂšce :
Le peuple, orphelin, pauvre, intelligent et fort ; placé trÚs bas, et aspirant trÚs haut ; ayant sur le dos les marques de la servitude et dans le coeur les préméditations du génie [...] Le peuple, ce serait Ruy Blas.
Victor Hugo, Préface de Ruy Blas, 1838.
Enfin, il donne Ă Ruy Blas une Ă©charpe et une Ă©pĂ©e, ce qui le transforme tout de suite en noble dâEspagne. Bien sĂ»r, le spectateur remarque une certaine ressemblance avec Don CĂ©sar.
En Ă©chafaudant son plan de vengeance, en distribuant les rĂŽles, en utilisant les apparences, Vous allez voir que Don Salluste joue le rĂŽle dâun metteur en scĂšne, tout au long de la piĂšce.
ScĂšne 5
Plusieurs nobles entrent alors : Don Salluste annonce Ă Ruy Blas quâil sâapprĂȘte Ă recevoir la reine en personne ! Il prĂ©sente alors le valet aux invitĂ©s, comme sâil Ă©tait Don CĂ©sar, son cousin.
DON SALLUSTE, au marquis del Basto
Je présente, marquis, mon cousin don César.
Comte de Garofa, prĂšs de Velalcazar. [...]
Vous souvient-il, marquis ? oh ! quel enfant prodigue !
Comme il vous répandait les pistoles sans digue ! [...]
â En trois ans, ruinĂ© ! â câĂ©tait un vrai lion
â Il arrive de lâInde avec le galion.
RUY BLAS, avec embarras
SeigneurâŠ
DON SALLUSTE
Appelez-moi cousin, car nous le sommes.
Les Bazan sont, je crois, dâassez francs gentilhommes. [...]
Par les femmes, CĂ©sar, notre rang est Ă©gal.
Vous ĂȘtes Aragon, moi je suis Portugal.
Votre branche nâest pas moins haute que la nĂŽtre.
Je suis le fruit de lâune, et vous la fleur de lâautre.
Pendant que Don Salluste a parlĂ©, le marquis de Santa-Cruz [...] sâest approchĂ© dâeux.
LE MARQUIS DE SANTA-CRUZ
Il est donc revenu ? [...]
DON SALLUSTE
Vous le reconnaissez ?
LE MARQUIS DE SANTA-CRUZ
Pardieu ! je lâai vu naĂźtre !
DON SALLUSTE, bas Ă Ruy Blas
Le bonhomme est aveugle et se dĂ©fend de lâĂȘtre.
Il vous a reconnu pour prouver ses bons yeux.
Enfin, Don Salluste prĂ©sente Ruy Blas au comte dâAlbe, qui est porte un magnifique pourpoint. Don Salluste le complimente.
DON SALLUSTE
Câest trĂšs beau, comte dâAlbe !
LE COMTE DâALBE
Ah ! jâen avais encor
Un plus beau. Satin rose avec des rubans dâor.
Matalobos me lâa volĂ©.
UN HUISSIER DE LA COUR
La Reine approche.
Prenez vos rangs, messieurs.
La reine, vĂȘtue magnifiquement, paraĂźt, entourĂ©e de dames et de pages. Ruy Blas, effarĂ©, la regarde comme absorbĂ© par cette resplendissante vision. Tous les grands dâEspagne se couvrent [...] Don Salluste va rapidement au fauteuil, et y prend le chapeau, quâil apporte Ă Ruy Blas
DON SALLUSTE
Quel vertige vous gagne ?
Couvrez-vous, Don CĂ©sar. Vous ĂȘtes grand dâEspagne.
RUY BLAS
Et que mâordonnez-vous, Seigneur, prĂ©sentement ?
DON SALLUSTE, lui montrant la reine, qui traverse lentement la galerie.
De plaire Ă cette femme et dâĂȘtre son amant.
Victor Hugo joue avec les attentes du spectateur, les deux intrigues se rejoignent ici, Comment Don Salluste compte-t-il mettre Ă profit lâamour de Ruy Blas pour la reine pour mener Ă bien sa vengeance ?