Hugo, Le dernier jour d’un condamné
Préface (commentaire composé)
Introduction
Nous allons étudier la préface du roman de Victor Hugo Le Dernier Jour d’un Condamné. Ce court roman a été publié en 1829, mais la préface fut rédigée plus tard en 1832. Le roman n’a pas été bien reçu à sa sortie, car les lecteurs ne comprenaient pas pourquoi le condamné à mort était anonyme. Victor Hugo explique dans une première préface qu’il voulait faire de son personnage un personnage représentatif de n’importe quel condamné à mort, et surtout pas un cas particulier : “le livre se veut une plaidoirie générale et permanente pour tous les accusés”. Le roman retrace les 24 dernières heures de la vie de ce condamné à mort, dans un long monologue angoissé. Ce projet permet à Victor Hugo de dénoncer toutes les absurdités de la condamnation à mort. La préface que nous allons étudier éclaire le roman en venant préciser les arguments. Dans le récit, Victor Hugo est surtout dans la persuasion : il nous fait vivre les tourments du condamné. Il va faire appel aux émotions et aux sentiments pour nous faire adhérer à sa thèse : la peine de mort est inhumaine. Dans la préface, Victor Hugo met en place un dialogue avec les partisans de la peine de mort, et il va démonter leurs arguments un par un. C’est avec une démonstration rationnelle qu’il va essayer de convaincre son lecteur. Cependant, la puissance de ses exemples et de ses métaphores vont aussi jouer sur sa fibre émotionnelle. Nous avons en même temps deux postures de l’argumentation : convaincre et persuader.
Problématique
Comment Victor Hugo parvient-il dans cette préface à démonter les arguments de ses opposants, dans un dialogue qui joue à la fois sur la raison et sur l’émotion, les concepts philosophiques et les images impressionnantes.
Annonce du plan
D’abord nous allons voir que cette préface met en place un dialogue, dans lequel se confrontent deux discours, deux thèses opposées.
Ensuite nous verrons que les procédés de l’argumentation sont mis en place de façon logique et implacable tout au long de notre extrait.
Enfin, nous verrons que Victor Hugo fait appel à des métaphores et des images très fortes pour mieux persuader son interlocuteur.
I - La confrontation de deux discours
- Un échange de paroles et un échange d’idées
Dans cette préface Victor Hugo instaure un véritable dialogue avec les partisans de la peine de mort. Il leur donne la parole directement, et c’est à partir de cela qu’il construit ses propres réponses. « - parce qu’il importe de retrancher de la communauté …” (l.2) le tiret au début de la phrase montre qu’il s’agit d’un discours rapporté direct. Les paroles sont mises à distance : Victor Hugo veut bien nous faire comprendre que ce n’est pas lui qui tient ces propos. “Ceux qui jugent et qui condamnent” (l.1) : la mise à distance est renforcée par le pronom démonstratif “ceux”.
Le dialogue est prolongé tout au long de notre passage. “Vous objectez” (l.4) le partisan de la peine de mort reprend la parole pour remettre en cause les arguments de Victor Hugo. L’interlocuteur, qui est une personne unique dans le premier paragraphe, devient une entité plus abstraite par la suite : “reprend-on” (l.9) avec le pronom personnel indéfini “on”, Victor Hugo met ce point de vue a distance, et fait comprendre aussi que c’est un point de vue répandu, peut-être que le “on” représente en fait plusieurs contradicteurs, la communauté des partisans de la peine de mort.
Plusieurs marques viennent renforcer l’impression d’une discussion à bâtons rompus. “Eh bien !” (l.20) Victor Hugo s’exclame, comme s’il s’exprimait à l’oral. Il annonce ainsi qu’il reprend la parole, et qu’il va réfuter l’argument adverse sans plus attendre. À la fin de notre passage “À la bonne heure !” (l.43) cette exclamation sonne comme une victoire, une confirmation du raisonnement mené par Hugo.
2 - Décrédibiliser les partisans de la peine de mort
Victor Hugo donne la parole aux partisans de la peine de mort, mais c’est pour mieux faire passer sa propre thèse. Au début leurs arguments sont acceptés : “il importe de retrancher de la communauté sociale un membre qui lui a déjà nuit et qui pourrait lui nuire encore” (l.2-3) L’argument est rationnel et parfaitement justifié, mais il n’aboutit pas nécessairement à la peine de mort. “S’il ne s’agissait que de cela” (l.3) Hugo reprend la parole immédiatement pour limiter la portée de l’argument : “il ne s’agit que” c’est une tournure restrictive. “Faites mieux votre ronde” Cette phrase très courte au mode impératif tranche le débat : l’argument de l’évasion est ainsi rabaissé au rang de prétexte : on ne va pas tuer quelqu’un sous prétexte qu’on ne sait pas le garder.
Ensuite les arguments des partisans de la peine de mort sont de moins en moins rationnels. Les présupposés et les émotions prennent le pas sur la logique. “Il faut que” (l.9) est utilisé pour introduire chacune de leurs idées “il faut faire des exemples” (l.15) cette tournure impersonnelle est typique pour introduire un présupposé : elle présente son complément d’objet comme un ordre “punir, se venger, faire des exemples”, tout en passant sous silence le sujet “il”.
Par ailleurs, “il faut que la société, que la société” (l.9) Ces répétitions désordonnées donnent une impression de bégaiement qui décrédibilise celui qui parle : “il faut faire” (l.15), “il faut épouvanter” (l.16) En face de cela, Hugo est très calme “ni l’un, ni l’autre” (l.10) viennent contrecarrer chacun des “il faut”. “Nous nions” (l.20) a le même rôle dans le paragraphe suivant.
“Voilà bien à peu près textuellement la phrase éternelle de tous les réquisitoires” (l.18) Victor Hugo est obligé de préciser “textuellement” pour réaffirmer que ce sont bien là les arguments utilisés. De cette manière il brise les présupposés, car il fait ressortir aux yeux du lecteur ce qu’ils ont d’énorme, d’incroyable. Ce ne sont “que des variations plus ou moins sonores” (l.19) répétés de façon irréfléchie, mécanique, ces mots perdent leur poids. En imaginant les variations sonores, le lecteur peut penser que certains s’égosillent que de d’autres s’étranglent : ils sont dans l’émotion, et pas dans la raison.
3 - Une prise de position claire et rationnelle
Ce qui décrédibilise enfin le discours des partisans de la peine de mort, c’est l’attitude de Victor Hugo : il est ferme, mais il sait aussi s’adapter au discours de l’autre : il n’est pas mécanique. “Transformez de cette façon la formule des criminalistes, nous la comprenons et nous y adhérons” (l.14) : l’opposition n’est pas désordonnée, irréfléchie, systématique. Elle est justifié par un cadre de raisonnement, par une volonté d’être constructif. “Nous la comprenons et nous y adhérons” (l.14) les deux verbes utilisés ici se complètent et forment une gradation : on peut comprendre sans adhérer, mais on ne peut adhérer qu’à ce qu’on comprend.
Les verbes utilisés par les criminalistes au contraire ne sont pas complémentaires “punir pour se venger” fait ressortir l’absurdité du mot “pour”, car la vengeance n’est pas la conséquence de la punition. Elle n’en est pas non plus une suite chronologique. Ce sont deux concepts différents. Alors que les verbes utilisés par Victor Hugo suivent une véritable logique : “corriger pour améliorer” (l.13) l’amélioration est bien la suite logique, la conséquence de la correction. L’amélioration est le cadre du raisonnement et lui donne un objectif.
Transition vers la deuxième partie
Cette préface est dynamique, car elle met en présence les deux thèses opposées. Les arguments se confrontent, ils sont testés les uns après les autres. Au-delà d’un simple échange de paroles sous forme de débat, Victor Hugo construit un raisonnement logique. Nous allons voir comment sa démonstration s’organise en étapes qui s’enchaînent rigoureusement.
II - Une argumentation rigoureuse
1 - Une progression implacable
Victor Hugo suit des étapes de façon méthodique. Il va démonter un à un les arguments de ses contradicteurs. Nous allons voir cela en étudiant rapidement la structure du texte. Premier paragraphe, un connecteur logique : “d’abord parce que” (l.2) C’est le premier argument que Victor Hugo va démolir en le testant avec des conditions “S’il ne s’agissait que de cela” (l.3) : il est insuffisant. “Si vous ne croyez pas” : il est contradictoire, car on ne peut pas en même temps contester la prison et utiliser des cages. La question “Comment osez-vous avoir des ménageries ?” (l.6-7) est une question rhétorique qui appelle une réponse toute faite : c’est impossible.
La deuxième partie du texte commence avec “Mais” (l.9) qui redonne la parole aux partisans de la peine de mort. Ils sont obligés d’utiliser un lien logique d’opposition car ils reviennent eux-même sur leur premier argument : en fait on ne souhaite pas retrancher, on souhaite punir et se venger. Nous avons vu que Victor Hugo transforme les verbes pour les rendre acceptables. La tournure négative “elle ne doit pas punir pour se venger” (l.12) devient une tournure positive “elle doit corriger pour améliorer”. Le deuxième argument est donc très vite balayé dans ce paragraphe qui est relativement court.
“Reste la troisième et dernière raison” (l.15) atteste que les deux autres ont été éliminés. Cette dernière raison est de taille “tous les réquisitoires des 500 parquets de France” (l.18) le chiffre de 500 est multiplié par le nombre des réquisitoires, c’est donc un argument commun à tous les partisans de la peine de mort. Il suffit de le faire tomber pour anéantir le dernier obstacle. Victor Hugo va le faire en deux temps “Nous nions d’abord” (l.20) il prend une position frontale, et va appuyer son raisonnement avec des preuves. “Les preuves abondent” (l.22-23). La preuve suffit en soi à prouver que la théorie est fausse. Ainsi, le dernier paragraphe est superflu “malgré l’expérience” (l.30) Victor Hugo s’offre le luxe de démontrer l’absurdité d’un argument dont il a déjà prouvé la fausseté.
2 - Les arguments sont préparés à l’avance
Victor Hugo se sert en fait des mots de ses adversaires pour les disqualifier à l’avance. Par exemple le mot “nécessaire” (l.1) Si un élément est nécessaire, c’est qu’on ne peut le remplacer. Il suffira donc de trouver une alternative. “Pas de bourreau où le geôlier suffit” Cette phrase est un paragraphe a elle toute seule, elle agit comme un slogan : l’alternative est toute trouvée. “À quoi bon la mort” (l.4) est une question rhétorique, elle ne laisse pas le choix de la réponse : en effet la mort n’est pas nécessaire.
Un autre mot important, le mot “retrancher” (l.2) on y entend le mot “trancher”, ce qui induit en erreur le partisan de la peine de mort. Victor Hugo redonne à ce mot son véritable sens : il ne s’agit pas de supprimer ou de tuer, mais de mettre de côté. Le vocabulaire utilisé dès la première phrase donnait raison à Victor Hugo avant même qu’il ne prenne la parole.
Troisième mot important “la théorie de l’exemple” (l.15) Toute théorie doit être vérifiée par l’expérience. Il suffit de trouver un seul contrexemple pour mettre à mal une théorie. Cela donne donc tout de suite à Victor Hugo les armes dont il a besoin : “les preuves abondent” (l.23) il n’a pas un seul contrexemple, il en a plusieurs. “Si nous voulions en citer” (l.23) le conditionnel laisse entendre que ces exemples sont tellement évidents qu’il n’aurait pas besoin de les citer. C’est une figure de style qu’on appelle la prétérition : on annonce qu’on ne va pas dire quelque chose, mais on le dit quand même. “Il est du 5 mars … à Saint-Pol” la précision du moment et du lieu attestent de la véracité de l’exemple.
L’argumentaire de Victor Hugo est préparé dès la formulation de la thèse adverse “il faut épouvanter par le spectacle du sort réservé aux criminels” (l.16) Le mot “spectacle” évoque davantage le théâtre ou le cirque, que la peine de mort. Il prépare l’exemple du Carnaval qui viendra juste après “le mardi gras vous rit au nez !” (l.28-29)
3 - Un raisonnement par l’absurde
Victor Hugo termine sa démonstration en prolongeant le raisonnement de ses opposants de manière à en faire ressortir l’absurdité. C’est ce qu’on appelle un raisonnement par l’absurde. Victor Hugo part du fait que les arguments des partisans de la peine de mort sont des arguments anciens “la phrase éternelle” (l.18) cette assertion entre en écho avec d’autres accusations qui vont dans le même sens “la théorie routinière de l’exemple” (l.30) c’est à dire que cette théorie est d’un autre temps. “Alors rendez-nous le seizième siècle” (l.31) C’est à ce moment là que commence le raisonnement par l’absurde : le point de vue moderne, civilisé, va être remplacé par une longue énumération des barbaries de l’ancien temps.
“Soyez vraiment formidables” (l.31) avec le mode impératif, Victor Hugo va inviter son adversaire à aller au bout de son raisonnement. Le ton devient ironique, car les adjectifs mélioratifs, chargés de connotations positives vont en fait faire ressortir l’horreur des propos. “Formidable” signifie en fait “cruel”. “La variété des supplices” (l.32) dénonce le sadisme de ces pratiques. “Voilà qui est horrible, mais qui est terrible” (l.45-46) en distinguant et en opposant les deux mots qui sont pourtant presque des synonymes, Victor Hugo fait ressortir justement la différence entre ces deux mots : le mot terrible est plus théâtral, plus impressionnant, il convient mieux justement à la notion d’exemple.
Transition vers la troisième partie
Nous avons vu que la démonstration de Victor Hugo est implacable, elle suit un raisonnement rigoureux. Mais nous allons voir que cette argumentation va beaucoup plus loin : elle est riche en images et en émotions. Victor Hugo ne se contente pas de convaincre, il cherche aussi à persuader.
III - L’argumentation par les images et les émotions
1 - Des métaphores conceptuelles
Les explications de Victor Hugo sont illustrées par des métaphores. Au lieu de nous présenter des raisonnements abstraits, il nous les fait voir. “Se venger est de l’individu, punir est de Dieu” (l.10) Les sujets sont changés. Les deux verbes sont ainsi mis en perspective. “La société est entre les deux” (l.11) Victor Hugo positionne les concepts dans l’espace, il nous les donne à voir comme si c’était des objets. La position intermédiaire “entre les deux” est intéressante car du coup elle va favoriser une solution qui ne sera pas une solution extrême. Or évidemment la peine de mort est une solution extrême. “Le châtiment est au-dessus d’elle, la vengeance au-dessous” (l.11-12) La spatialisation prend une autre dimension. En prenant maintenant un axe vertical, Victor Hugo se place sur un plan moral : la hauteur représente la dignité. “Rien de si grand et de si petit ne lui sied” (l.12) la figure de style devient une métaphore filée, qui devient de plus en plus complète. La grandeur se substitue à la hauteur. La métaphore est d’abord organisée sous forme de chiasme : “individu ... Dieu // au-dessus ... au-dessous”. Les termes sont en miroir. Dans l’argumentation, le chiasme fonctionne exactement comme un piège qui se referme : en symétrie. Puis nous avons un parallélisme : “au-dessus ... au-dessous // grand ... petit”. Cette figure vient verrouiller le raisonnement qui a été mené.
2 - Importance de la sensibilité
Le raisonnement de Victor Hugo est donc inscrit dans un cadre de philosophie morale, aujourd’hui on parlerait d’éthique ou de déontologie. “Loin d’édifier le peuple, il le démoralise” (l.21) l’opposition est très forte entre les deux termes. On entend le mot “mort” dans “démoraliser” : l’idée de mort est donc plus proche de la démoralisation que de l’éducation. Démoraliser a un double sens : enlever le moral, mais aussi, enlever la morale. Quel est le sens qu’il faut retenir ? “L’exemple … ruine en lui toute sensibilité, partant toute vertu.” (l.22) le lien est fait entre la sensibilité et la vertu. Victor Hugo hérite des réflexions portées par les philosophes des Lumières : c’est la sensibilité de l’homme qui lui permet de se mettre à la place de l’autre, et qui le pousse à être bon. “Le mardi gras vous rit au nez” (l.28-29) Ici le sens de démoraliser prend tout son véritable sens : il ne signifie pas “rendre triste”, mais bien “rendre amoral”. La banalisation tue la sensibilité, donc sans identification à la victime, il n’y a pas d’exemple.
3 - Un tableau effroyable
Victor Hugo va donc remuer notre sensibilité, il va essayer de nous émouvoir avec un discours puissant, une représentation impressionnante de ce qu’était la pratique de la torture au XVIe siècle. Le discours prend un ton oratoire, avec les anaphores rhétoriques “rendez-nous” (l.32) cette injonction est répétée 8 fois, rythmant ce passage comme un refrain, et rendant chaque élément plus réel, plus concret. Ce paragraphe est presque musical avec ses allitérations “ses brochettes de squelettes” (l.39) et ses rimes internes “dans sa permanence et dans sa puissance” (l.42).
Certains termes qui évoquent la torture sont bien connus : “les tourmenteurs, le gibet, la roue, le bûcher” (l.33). D’autres sont plus obscurs : “l’estrapade” (l.33) consiste à suspendre la victime par les bras, jusqu’à ce que ses épaules soient disloquées. “L’essorillement” (l.34) consiste à couper les oreilles, etc.
Dans son tableau, la torture est banalisée : “comme une boutique de plus” (l.35) donne l’impression que finalement on achèterait des instruments de torture comme n’importe quel objet du quotidien. “Le hideux étal du bourreau” (l.36) cette expression va encore plus loin, car l’étal est bien à l’extérieur, dans la rue, devant la boutique ou au sein même du marché. “Le faubourg du Temple” (l.41) est ensuite désigné comme “ce gigantesque appentis du bourreau de Paris” (l.42) : l’appentis est un prolongement de la boutique, couvert, sans murs, dans la rue. Dans cette image, c’est presque un arrondissement entier qui est consacré au commerce de la torture.
Les images utilisées par Victor Hugo deviennent donc gigantesques. “Rendez-nous Montfaucon, ses seize piliers de pierre” (l.37) ce bâtiment a réellement existé. Il faut imaginer que chaque pilier supportait des poutres sur deux ou trois étages. À chaque poutre on pouvait pendre plusieurs personnes. Les cadavres étaient exposés pour faire un exemple justement, et ils étaient gardés par des archers pour éviter que le familles ne viennent récupérer les corps.
Le mot “Voilà ” (l.44) est scandé plusieurs fois dans les dernières phrases de notre passage : le tableau terminé est donné à voir. On appelle cette figure de style l’hypotypose. “Voilà un système de supplice qui a quelque proportion” (l.45) Victor Hugo emprunte ici le vocabulaire de la critique d’art, pour flatter ironiquement la beauté de ce tableau effroyable.
Conclusion
Dans la préface du Dernier Jour d’un Condamné, Victor Hugo dénonce avec force la peine de mort. Il donne les clés de lecture de ce petit roman, qui illustrera par l’exemple le point de vue de l’auteur. L’argumentation de Victor Hugo est extrêmement sophistiquée. Il utilise la forme du dialogue pour présenter les arguments de ses adversaires, qu’il démonte un a un avec une grande adresse et une grande fermeté. Mais l’argumentation va plus loin qu’une simple démonstration logique. Les métaphores et les images sont faites pour frapper l’imagination du lecteur. Au-delà de la conviction, Victor Hugo cherche à provoquer une adhésion émotionnelle à ses arguments. La peine de mort est présentée comme un recul de civilisation, une barbarie qui va à l’encontre des principes de la philosophie morale et de l’humanité. Avec cette préface, il nous prépare à vivre le calvaire du condamné à mort avec empathie.