Couverture pour La femme gelée

Annie Ernaux, La femme gelée
« Ces questions si naturelles »
(explication linéaire)




Notre étude porte sur un passage clé du roman



Et toujours ces questions si naturelles, anodines en apparence, ça marche toujours avec lui ? Est-ce que tu comptes te marier ? La dĂ©solation de mes parents devant une situation incertaine, « on aimerait bien savoir oĂč ça va te mener tout ça ». ObligĂ© que l'amour mĂšne quelque part. Leur peine sourde aussi. Ce serait tellement plus agrĂ©able, plus tranquille pour eux de voir se dĂ©rouler l'histoire habituelle, les faire-part dans le journal, les questions auxquelles on rĂ©pond avec fiertĂ©, un jeune homme de Bordeaux, bientĂŽt professeur, l'Ă©glise, la mairie, le mĂ©nage qui se "monte", les petits-enfants. Je les prive des espĂ©rances traditionnelles. L'affolement de ma mĂšre quand elle apprend, tu couches avec, si tu continues tu vas gĂącher ta vie. Pour elle, je suis en train de me faire rouler, des tonnes de romans qui ressortent, filles sĂ©duites qu'on n'Ă©pouse pas, abandonnĂ©es avec un mĂŽme. Un combat tannant toutes les semaines entre nous deux. Je ne sais pas encore qu'au moment oĂč l'on me pousse Ă  liquider ma libertĂ©, ses parents Ă  lui jouent un scĂ©nario tout aussi traditionnel mais inverse, « tu as bien le temps d'avoir un fil Ă  la patte, ne te laisse pas mettre le grappin dessus ! », bien chouchoutĂ©e la libertĂ© des mĂąles.


Introduction



Accroche / amorce


‱ Annie Ernaux, Prix Nobel de littĂ©rature 2022, est une autrice engagĂ©e qui utilise les concepts de la sociologie : la littĂ©rature peut aujourd’hui remettre en question les fictions qui s’imposent comme de fausses Ă©vidences.
‱ PubliĂ© en 1981, ce roman autobiographique qui se dĂ©roule dans les annĂ©es 60, dĂ©crit une sociĂ©tĂ© en pleine mutation. La place des femmes Ă©volue, mais de nombreux blocages subsistent et vont faire l’objet d’une analyse minutieuse.
‱ Ce titre La Femme gelĂ©e dĂ©crit bien le destin d’une femme, figĂ©e dans un rĂŽle. La mĂ©taphore « gelĂ©e » est une belle image, qui dĂ©nonce un destin Ă  la fois collectif et peu enviable


Situation de l’extrait


‱ Dans notre passage, la narratrice analyse avec son regard d’écrivain le conflit qui l’oppose Ă  ses parents.
‱ Elle met alors Ă  jour les contraintes qui pĂšsent sur le destin des femmes, montrant qu’elles dĂ©pendent d’une grande fiction collective qu’elle entreprend de dĂ©construire.

Problématique


Comment ce rĂ©cit autobiographique, dĂ©montant les mĂ©canismes de scĂ©nario collectifs traditionnels, contribue-t-il Ă  une grande revendication d’émancipation fĂ©minine ?

Mouvements de l’explication linĂ©aire


L’extrait se constitue d’un seul paragraphe, mais quelques phrases courtes le structurent et rĂ©vĂšlent les conflits « leur peine sourde aussi 
 je les prive des espĂ©rances traditionnelles 
 un combat tannant entre nous deux. »
1) D’abord, les questions qui reviennent avec insistance rĂ©vĂšlent des injonctions auxquelles la narratrice n’obĂ©it pas.
2) Ensuite, elle dĂ©crit le scĂ©nario idyllique qu’elle refuse de suivre, elle appelle cela « les espĂ©rances traditionnelles ».
3) Puis, on découvre le contre-scénario, le scénario-catastrophe, qui agit comme une menace pour ceux qui ne suivent pas la tradition.
4) Enfin, un dernier scĂ©nario est rĂ©vĂ©lĂ©, celui qu’on sert aux hommes, dont on protĂšge la libertĂ©.

Axes de lecture du commentaire composé


I. Un conflit au cƓur d’un rĂ©cit autobiographique
  1) Un rĂ©cit autobiographique
  2) Une situation bloquĂ©e
  3) L’analyse d’un conflit
II. Les injustices de la condition féminine
  1) Des contraintes illĂ©gitimes
  2) Des menaces implicites
  3) DĂ©nonciation d’une injustice
III. DĂ©noncer un piĂšge qui relĂšve de la fiction
  1) Les mĂ©canismes d’un piĂšge
  2) Un double scĂ©nario traditionnel
  3) Une fiction culturelle



Premier mouvement :
Des injonctions puissantes mais cachées



Et toujours ces questions si naturelles, anodines en apparence, ça marche toujours avec lui ? Est-ce que tu comptes te marier ? La dĂ©solation de mes parents devant une situation incertaine, « on aimerait bien savoir oĂč ça va te mener tout ça ». ObligĂ© que l'amour mĂšne quelque part. Leur peine sourde aussi.

Comment sont exprimées les injonctions de la société ?


‱ Le passage commence par deux questions « ça marche toujours 
 ? » et « tu comptes te marier ? » En fait il faut les traduire par des injonctions : fais en sorte que ça dure assez pour construire un mariage solide ! Ce qu’elle traduit plus loin par « liquider ma libertĂ© ».
‱ Le lien logique « Et » commence la phrase, imitant d’emblĂ©e les questions qui s’accumulent : la premiĂšre est dĂ©jĂ  de trop !
‱ Les paroles sont rapportĂ©es sous la forme de discours direct libre « tu comptes te marier » c’est au lecteur de restituer les guillemets.
⇹ Ce sont des discours ambiants, rĂ©pĂ©tĂ©es indistinctement par diffĂ©rentes personnes de l’entourage, qui vĂ©hiculent des prĂ©supposĂ©s.

Quels sont les présupposés cachés dans ces discours ?


‱ On retrouve la mĂ©taphore liĂ©e au mouvement dans l’expression courante : « ça marche toujours ». Le mariage vient au bout d’un chemin unique, sans dĂ©tours.
‱ Le verbe de mouvement « mener » revient deux fois avec le CC de lieu « quelque part ». On entend le prĂ©sent de vĂ©ritĂ© gĂ©nĂ©ral de la sagesse populaire « l’amour mĂšne quelque part ».
‱ Ce verbe « mener » esquisse en plus une personnification de l’amour comme un berger conduisant des moutons. L’allĂ©gorie traditionnelle de l’amour est implicitement moquĂ©e.
⇹ La narratrice n’obĂ©it pas Ă  ces injonctions implicites de la sociĂ©tĂ©, elle les dĂ©nonce, notamment Ă  travers le conflit avec ses parents.

Comment est représenté ce conflit avec ses parents ?


‱ La prĂ©position « devant » construit une mĂ©taphore : la « situation incertaine » est comme un mur auquel se heurtent les parents, il bloque le scĂ©nario qu’ils voudraient dĂ©rouler.
‱ Le conditionnel « on aimerait » laisse le scĂ©nario des parents Ă  l’état de souhait non rĂ©alisĂ©.
‱ Les Ă©lĂ©ments de conflit sont personnifiĂ©s : cette « peine sourde » n’écoute pas.
⇹ Ce passage annonce une vĂ©ritable analyse sociologique, un phĂ©nomĂšne culturel et social qu’il convient de dĂ©monter.

Comment la narratrice nous fait-elle voir ces mécanismes ?


‱ Le point de vue est interne : la narratrice n’a pas accĂšs aux pensĂ©es des autres, mais elle analyse leurs intentions « anodines en apparence » : elle dĂ©cĂšle ce qui se cache sous les discours.
‱ En tĂȘte d’une phrase averbale, l’émotions de ses parents, qu’elle constate « leur dĂ©solation » Ă  quoi s’ajoute « leur peine sourde aussi ».
‱ La premiĂšre personne du singulier s’oppose au pronom indĂ©fini « on » qui reprĂ©sente les parents mais d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, tous ceux qui alimentent ce scĂ©nario contraignant.
⇹ La narratrice observe les rĂ©actions de ses parents, et les relie Ă  des phĂ©nomĂšnes sociaux de plus grande ampleur.



DeuxiĂšme mouvement :
Un scénario traditionnel idyllique



Ce serait tellement plus agréable, plus tranquille pour eux de voir se dérouler l'histoire habituelle, les faire-part dans le journal, les questions auxquelles on répond avec fierté, un jeune homme de Bordeaux, bientÎt professeur, l'église, la mairie, le ménage qui se "monte", les petits-enfants. Je les prive des espérances traditionnelles.

Comme le scénario idyllique est-il retracé ?


‱ L’ordre est chronologique : cela commence par « un jeune homme de Bordeaux » et se termine avec « les petits enfants ».
‱ Ce scĂ©nario est consolidĂ© par des prĂ©sents de vĂ©ritĂ© gĂ©nĂ©rale « les questions auxquelles on rĂ©pond fiĂšrement ».
‱ Les sentiments qui encadrent ce scĂ©nario sont mĂ©lioratifs « agrĂ©able, tranquille, fiertĂ© ».
⇹ La narratrice dĂ©crit un scĂ©nario qui est justement celui qu’elle ne suit pas : elle dĂ©crit un conflit.

Comment s’exprime le conflit dans ce deuxiùme mouvement ?


‱ La premiĂšre personne « je » s’oppose au pronom indĂ©fini « on » qui englobe les gens d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale.
‱ Le prĂ©sentatif et le conditionnel prĂ©sentent d’emblĂ©e ce scĂ©nario comme une possibilitĂ© non rĂ©alisĂ©e « ce serait ».
‱ Le prĂ©sent d’énonciation « je les prive » (la rĂ©alitĂ© prĂ©sente) s’oppose frontalement Ă  l’infinitif (l’action n’est pas actualisĂ©e) « se dĂ©rouler ».
⇹ La narratrice est en conflit avec ce scĂ©nario idyllique, elle travaille Ă  le discrĂ©diter.

Comment la narratrice montre-t-elle sa distance ironique ?


‱ Sur un ton oral un peu dĂ©sinvolte, les adverbes intensifs constituent un euphĂ©misme « plus agrĂ©able, plus tranquille » (figure d’attĂ©nuation) car ils reprĂ©sentent en fait l’angoisse exagĂ©rĂ©e de ses parents.
‱ Le verbe « monter » est entre guillemets : l’autrice emprunte le vocabulaire des autres.
‱ Ce verbe « monter » est plus appropriĂ© pour une entreprise ou un bĂątiment, l’amour ressemble Ă  un jeu de construction.
⇹ La narratrice s’amuse Ă  saper les mĂ©taphores convenues qui entourent ce scĂ©nario conventionnel.

Comment se traduit cette mise Ă  distance implicite ?


‱ L’énumĂ©ration d’images d’épinal « l’église, la mairie, le mĂ©nage » donne en raccourci une vie banale et ennuyeuse
‱ L’expression courante « se dĂ©rouler » donne implicitement l’image d’un rouleau oĂč tout est dĂ©jĂ  Ă©crit, impossible de bifurquer. Il n’a pas de sujet : c’est un verbe pronominal.
‱ L’adverbe « bientĂŽt » montre aussi le dĂ©roulement inĂ©luctable des Ă©vĂ©nements tels qu’ils sont dĂ©sirĂ©s par les parents.
⇹ Ce texte autobiographique exprime une vĂ©ritable rĂ©sistance Ă  l’égard de scĂ©narios implicites que la sociĂ©tĂ© impose aux femmes.



TroisiĂšme mouvement :
Un scénario-catastrophe menaçant



L'affolement de ma mÚre quand elle apprend, tu couches avec, si tu continues tu vas gùcher ta vie. Pour elle, je suis en train de me faire rouler, des tonnes de romans qui ressortent, filles séduites qu'on n'épouse pas, abandonnées avec un mÎme. Un combat tannant toutes les semaines entre nous deux.

Comment est exprimé le conflit de la narratrice avec sa mÚre ?


‱ L’ « affolement » de la mĂšre est mis Ă  distance, en tĂȘte de phrase.
‱ Cette panique est restituĂ© par la parataxe (phrases juxtaposĂ©es) au discours direct libre, sans guillemets « tu couches avec, si tu continues, tu vas gĂącher ta vie ».
‱ Les questions de la mĂšre reviennent de maniĂšre incessante « toutes les semaines ».
‱ C’est une mĂ©taphore : un « combat tannant ». Cette image Ă©voque le cuir que l’on assouplit pour en faire un sac, un tapis.
⇹ La narratrice reprĂ©sente un conflit oĂč chacun campe sur ses positions.

Comment se traduit cette opposition trĂšs forte ?


‱ À cĂŽtĂ© du scĂ©nario traditionnel idyllique, apparaĂźt un autre scĂ©nario-catastrophe, menaçant, qui commence par « je suis en train de me faire rouler 
 jusqu’à abandonnĂ©es avec un mĂŽme. »
‱ La nĂ©gation « qu’on n’épouse pas » rĂ©vĂšle bien qu’il s’agit d’un scĂ©nario construit en nĂ©gatif sur l’autre.
‱ Avec humour, l’expression « se faire rouler » vient s’opposer au verbe « dĂ©rouler » du scĂ©nario fĂ©minin traditionnel idyllique.
⇹ La narratrice ne dĂ©nonce donc pas un scĂ©nario, mais deux, un positif, et l’autre nĂ©gatif.

En quoi ce deuxiÚme scénario constitue une menace ?


‱ Les participes passĂ©s rĂ©sonnent comme une sanction, consĂ©quence prĂ©sentes de fautes passĂ©es « sĂ©duites, abandonnĂ©es ».
‱ Le pronom indĂ©fini « on n’épouse pas » jour sur l’archĂ©type du mĂ©chant des contes de fĂ©es, le grand mĂ©chant loup, le croque mitaine.
‱ Le pronom indĂ©fini et le prĂ©sent de vĂ©ritĂ© gĂ©nĂ©rale « qu’on n’épouse pas » font de ce scĂ©nario-catastrophe une sorte d’archĂ©type solide dans l’inconscient collectif.
⇹ Comment s’exprime ce passage des angoisses de sa mĂšre, Ă  un phĂ©nomĂšne collectif ?

Comment s’exprime la dimension collective de ce phĂ©nomĂšne ?


‱ Le CC « pour elle » touche Ă  l’énonciation, il prĂ©cise que c’est un point de vue qu’elle ne partage pas, qu’elle met Ă  distance.
‱ Cependant, les pluriels insistants montrent que c’est une idĂ©e rĂ©pandue « tonnes de romans 
 filles sĂ©duites ».
‱ Derriùre la mùre de la narratrice se cache une Madame Bovary, qui elle aussi est nourrie de romans.
‱ Les romans semblent avoir une vie autonome, ils « ressortent » dans les discours des parents. On devine que le cinĂ©ma participe Ă©galement.
⇹ Annie Ernaux accuse la culture, et notamment la littĂ©rature de nous conditionner mentalement et culturellement.



QuatriĂšme mouvement :
Le scénario qui protÚge la liberté des hommes



Je ne sais pas encore qu'au moment oĂč l'on me pousse Ă  liquider ma libertĂ©, ses parents Ă  lui jouent un scĂ©nario tout aussi traditionnel mais inverse, « tu as bien le temps d'avoir un fil Ă  la patte, ne te laisse pas mettre le grappin dessus ! », bien chouchoutĂ©e la libertĂ© des mĂąles.

Comment est introduit ce troisiÚme scénario ?


‱ La nĂ©gation « je ne sais pas encore » vient introduire un dernier scĂ©nario, celui qu’on sert aux hommes. Il complĂšte et s’oppose Ă  celui des femmes « ne te laisse pas mettre le grappin dessus. »
‱ Le lien d’opposition « mais » prĂ©sente bien un discours en miroir.
‱ Le CC de temps souligne la simultanĂ©itĂ© des deux discours « au moment oĂč l’on me pousse ». Les parents de son compagnon ont un discours qui est en miroir.
⇹ Ce passage rĂ©vĂšle la dimension vĂ©ritablement fĂ©ministe de ce passage, qui dĂ©nonce une injustice flagrante.

Comment la narratrice partage-t-elle son indignation ?


‱ Le vocabulaire ironique, avec l’adverbe intensif « bien chouchoutĂ©e ».
‱ Les hommes sont dĂ©sormais « des mĂąles », dĂ©signĂ©s avec ironie par leur diffĂ©rence biologique.
‱ Le verbe « liquider » est particuliĂšrement violent, il s’agit pour ainsi dire d’un crime collectif.
‱ La notion de libertĂ© prend une dimension presque allĂ©gorique en cette fin de passage : la libertĂ© de la narratrice est « liquidĂ©e » comme un nuisible tandis que que la « libertĂ© des mĂąles » est « chouchoutĂ©e » comme un petit animal fragile.
⇹ La narratrice met en valeur des diffĂ©rences extrĂȘmes et des enjeux fondamentaux : la femme gelĂ©e est une femme sans libertĂ©.

Comment est finalement dĂ©noncĂ©e l’atteinte Ă  sa libertĂ© des femmes ?


‱ Le verbe d’action « pousser » est concret : on exerce sur elle une contrainte physique, sur son corps autant que sur son esprit.
‱ Le vocabulaire du thĂ©Ăątre « jouer un scĂ©nario » mobilise l’image baroque du theatrum mundi (le monde est un thĂ©Ăątre oĂč nous jouons un rĂŽle). La femme gelĂ©e est comme une marionette entre les mains d’un scĂ©nariste omniprĂ©sent et omnipotent.
‱ La doxa est reprĂ©sentĂ©e par le pronom indĂ©fini « on me pousse » ce sont les autres d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, qui s’opposent Ă  la premiĂšre personne (seule contre tous).
⇹ Le tĂ©moignage autobiographique cache ainsi une analyse trĂšs fine des mĂ©canismes sociaux et culturels qui limitent la libertĂ© des femmes dans une sociĂ©tĂ© qui se veut pourtant progressiste.



Conclusion



Bilan


Dans ce passage de La Femme gelĂ©e d’Annie Ernaux, le rĂ©cit autobiographique pose un regard sans concessions sur un conflit qui l’oppose Ă  ses parents, mais qui est aussi partagĂ© par toute une gĂ©nĂ©ration de femmes. La narratrice dĂ©monte un mĂ©canisme d’asservissement qui mobilise au moins trois scĂ©narios. Un premier scĂ©nario idyllique traditionnel est soutenu et consolidĂ© par un scĂ©nario-catastrophe qui constitue une vĂ©ritable menace et une sanction. Enfin, le scĂ©nario servi aux hommes, vient encore rĂ©duire la libertĂ© des femmes. En dĂ©crivant ce mĂ©canisme de l’intĂ©rieur, en dĂ©nonçant les piĂšges des expressions courantes, en utilisant des mĂ©taphores percutantes, ce passage prend une dimension hautement subversive.

Ouverture


D’autres autrices utilisent la fiction, voire la science-fiction pour rendre visible des mĂ©canismes souvent invisibles. Margaret Atwood dans La Servante Ă©carlate dĂ©crit un monde oĂč l’asservissement des femmes devient une norme :
L'ordinaire, disait tante Lydia, c'est ce Ă  quoi vous ĂȘtes habituĂ©s. Ceci peut ne pas vous paraĂźtre ordinaire maintenant, mais cela le deviendra aprĂšs un temps.
Margaret Atwood, La Servante Ă©carlate, 1985.




Portrait d'une femme gelée.

⇹ Annie Ernaux, 𝘓𝘱 𝘧𝘩𝘼𝘼𝘩 đ˜šđ˜Šđ˜­Ă©đ˜Š, 1981 đŸ’Œ « Ces questions si naturelles » (extrait PDF)