Rimbaud, Les Cahiers de Douai, 1870.
Résumé-analyse

Cette page est une synthèse de cours, sous forme de liste à puces. Le résumé-analyse complet se trouve rédigé au format PDF dans les documents, et accompagne la version podcast. La version vidéo est encore à venir.

Pour connaître l’essentiel sur les Cahiers de Douai de Rimbaud, je vous propose d’abord un point sur le contexte, puis je vous révélerai les clés et les secrets de chacun des 22 poèmes…

Le contexte

Une soif de liberté

Soif de liberté d'un adolescent de 15 ans :
• Rimbaud, brillant élève, aspire à rejoindre le « Parnasse »
• Il envoie ses poèmes à Théodore de Banville, espérant une publication dans « Le Parnasse contemporain ».
• Sa mère surveille ses lectures et le contexte de la guerre franco-prussienne le frustre.

Fugues et révolte :
• En août 1870, Rimbaud fugue, arrêté sans billet de train.
• Il écrit à son professeur Izambard, exprimant son affection et sa détresse.
• En novembre 1870, il confie 22 poèmes à son ami Paul Demeny.

Ainsi les Cahiers de Douai :
• Témoignent de l'évolution poétique de Rimbaud durant ses 5 mois de fugues.
• Sont marqués par le contexte de la guerre et de sa soif de liberté et d'évasion.

Un recueil décisif

Un recueil en construction :
• Les Cahiers de Douai composés de feuillets séparés, ordonnés chronologiquement par des analyses graphologiques.
• Appellation utilisée par certains spécialistes « Recueil Demeny ».

Naissance du poète voyant :
• La lettre du voyant du 15 mai 1871 marque un tournant dans la pensée poétique de Rimbaud.
• Définition du poète comme « voyant » par le biais d'une exploration intense et déstructurée des sens.
• Ces poèmes expriment déjà des visions…

Poèmes qui témoignent d'une évolution du poète :
• Moins d'un mois après la lettre du voyant, Rimbaud demande à Demeny de brûler ses poèmes.
• Cette destruction symbolise le rejet de son passé poétique et une nouvelle rupture.
• Heureusement Paul Demeny n’en fera rien.

Les Cahiers de Douai, une étape cruciale :
• Les Cahiers de Douai représentent une étape fondamentale dans son développement poétique.
• Ils témoignent de l'élaboration d'une poétique personnelle et audacieuse.

Premier cahier

Première soirée

Comment se traduit le jeu de scène ?
• Le poème place le lecteur en voyeur d'une scène amoureuse, comme observateur caché derrière les arbres.
• L'utilisation de l’adjectif « indiscrets » souligne la dimension voyeuriste et l'aspect théâtral de la situation.

Comment retrouve-t-on une comédie galante ?
• Le titre original, « Comédie en trois baisers », annonce le ton léger et grivois du poème.
• Les trois baisers rythment le poème et structurent la progression de la séduction.
• L'érotisme est suggéré par des images suggestives et un vocabulaire précis (“ fines chevilles », « sein »).

Comment se manifestent le rire et les jeux de rôles ?
• Le rire est omniprésent dans le poème, créant une atmosphère de légèreté et de complicité.
• Les personnages semblent jouer des rôles, se cachant derrière des conventions sociales (« Monsieur, j’ai deux mots à te dire »).
• Cette dimension théâtrale renforce l'ironie et la distance du poète face à la scène amoureuse.

Que révèle la fin du poème ?
• Le premier et le dernier quatrain sont identiques.
• Cependant la situation a changé, le regard s’éloigne.
• Le dernier quatrain se détourne pudiquement de la scène.
• Nous devinons la suite du poème qui n’est pas racontée.

Sensation

Comment s'exprime la rupture avec le Parnasse ?
• Le poème se démarque de l'esthétique parnassienne par son choix de la simplicité et de la petitesse.
• L'opposition entre « la tête nue » et « l'herbe menue » souligne cette volonté de s'éloigner des artifices poétiques.

Comment se traduit l'immersion dans la nature ?
• L'utilisation du futur et des verbes d'action crée une impression de mouvement et d'immersion dans la nature.
• Les sensations physiques ("picoté", "fraîcheur", "vent") sont omniprésentes, invitant à une perception sensorielle du monde.

Comment s'exprime la plénitude amoureuse ?
• Rimbaud s'oppose à l'absence de pensée qu'on peut trouver chez Hugo ("Je ne parlerai pas, je ne penserai rien").
• L'amour ressenti n'est plus un amour humain conventionnel ("amour infini"), mais un sentiment de communion avec la nature.

Comment s'exprime le mouvement vers l'infini et la liberté ?
• L'adjectif "loin" répété souligne le désir d'évasion et de fuite vers de nouveaux horizons.
• La comparaison avec le bohémien et la nature renforce l'idée de liberté et d'harmonie avec le monde.

Que nous révèle la structure de ce poème très court ?
• La forme inachevée du poème (huit vers, absence de rimes) laisse une impression d'ouverture et d'inachevé.
• L'utilisation de l'antanaclase ("loin") attire l'attention sur la polysémie du langage et la richesse d'interprétation du poème.

Le Forgeron

Quel est le contexte historique du poème "Le Forgeron" ?
• Le poème s'inspire d'un événement historique : l'anniversaire du serment du jeu de Paume le 20 juin 1792.
• Le peuple se rend aux Tuileries pour demander au roi de se joindre à la Révolution.

Qui sont les personnages principaux du poème ?
• Le forgeron, figure du peuple et du poète.
• Le roi Louis XVI, symbole d'un régime monarchique défaillant.

Comment le forgeron est-il présenté dans le poème ?
• Le forgeron est un visionnaire qui montre la réalité au roi.
• Il est également un créateur, capable de forger des armes et de façonner le langage.

Quelle est la situation du peuple dans le poème ?
• Le peuple est victime d'injustices : il n'a pas accès aux boulangeries et souffre de la misère.
• Il exprime sa souffrance par des cris et des hurlements.

Quelle est la critique de Rimbaud vis-à-vis des régimes oppressifs ?
• Rimbaud dénonce l'injustice et le manque de respect envers le peuple.
• Il critique la monarchie, mais aussi le Second Empire et tout régime qui ne respecte pas les droits du peuple.

Quelle est la portée du poème "Le Forgeron" ?
• Le poème "Le Forgeron" est un appel à la justice et à la révolte contre les régimes oppressifs.
• Il utilise des images fortes et un ton engagé pour faire réfléchir le lecteur.

Soleil et chair

Dans quel contexte Rimbaud a-t-il écrit le poème "Soleil et chair" ?
• Envoyé à Théodore de Banville pour une publication dans Le Parnasse Contemporain.
• Adoption du style parnassien avec une mythologie personnelle.

Quelle est la symbolique du titre "Soleil et chair" ?
• Juxtaposition de deux éléments apparemment opposés : Soleil (lumière, rayonnement) et chair (aspect charnel, terrestre).
• Fusion entre le monde spirituel et le monde physique, entre l'idéal et le réel.

Quelle divinité féminine est célébrée dans le poème ?
• Titre initial "Credo in unam" (Je crois en une seule) : référence à Vénus, déesse romaine de l'amour et de la beauté.
• Vénus comme muse et source de vie, incarnant la puissance féminine et la sensualité.

Comment le Soleil est-il personnifié dans le poème ?
• Décrit comme un être actif, "versant" sa lumière sur la terre.
• Transformation de la lumière en sang puis en sève, symbolisant la vie et la fertilité.
• Source de chaleur, d'amour et de vitalité.

Quelle est la métaphore filée développée dans le poème ?
• Métaphore filée où la nature se transforme en symphonie musicale.
• Écorce devenue flûte de Pan, nymphes chantant, baisers se transformant en hymne.
• Expression de l'harmonie et de la beauté universelle.

Quelle est la référence à Cybèle dans le poème ?
• Évocation de Cybèle, déesse très ancienne et mère des dieux, comme symbole d'un paradis perdu.
• Représentation d'une époque où l'homme était "chaste et doux", en harmonie avec la nature et le divin.

Quelle est la critique de la connaissance exprimée dans le poème ?
• Opposition entre la connaissance rationnelle ("Je sais les choses") et la vision poétique et intuitive.
• Acquisition de connaissances éloignant l'homme de la beauté et de la sensibilité, le rendant "hermétique aux visions des poètes".

Ophélie

À qui fait référence le personnage d'Ophélie ?
• C'est un personnage de Shakespeare.
• Fiancée à Hamlet, prince du Danemark.
• Assiste au meurtre de son père Polonius par Hamlet.
• Sombre dans la folie et se suicide par noyade.

Quelle est la symbolique d'Ophélie ?
• Figure de la folie et de la mort.
• Représentation de la fragilité et de l'innocence.
• Lien avec la nature et les éléments naturels.
• Annonciatrice d'une poésie féminine à venir.

Comment sont organisés les symboles du texte ?
• Le fleuve : symbole de la mort et de la folie d'Ophélie.
• La neige : symbole de la pureté et de l'innocence d'Ophélie.
• Les vents de Norvège : symbole de la liberté et de l'évasion.
• Les fleurs : symbole de la poésie et de la création.

Quel est le point de vue du poète sur ce personnage ?
• Rimbaud voit en Ophélie une figure tragique mais également inspirante.
• Il admire sa beauté, sa folie et sa liberté.
• Il croit qu'elle annonce l'avènement d'une nouvelle poésie, plus féminine et plus libre.

Bal des pendus

Quel est le sujet et l'inspiration de ce poème ?
• Le poème est inspiré d'un devoir de français où il fallait demander la grâce du poète Villon au roi.
• Rimbaud se met du côté des marginaux et transforme les paladins en figures hérétiques.

Comment se traduit cette vision d'horreur burlesque ?
• Des pendus dansent sur un gibet noir, accompagnés de corbeaux.
• Un festin macabre avec des tréteaux vides et une musique dissonante.
• Visions superposées : pendus, danseurs, combattants fantômes.

En quoi le poète s'identifie-t-il à un musicien damné ?
• Le poète se présente comme damné, musicien et capitaine des marginaux.
• Il intervient dans la bataille et bondit dans la danse macabre.

Quelle est la symbolique de la corde dans ce poème ?
• Le poète est retenu par une corde, symbolisant les règles qui l'entravent.
• Il est en quête de liberté et veut "crever dans son bondissement".

Comment se traduit l'héritage poétique de Rimbaud ?
• Le poème rappelle les poètes maudits dont Rimbaud veut poursuivre l'œuvre.
• "D'autres horribles travailleurs" viendront explorer de nouveaux horizons poétiques.

Le châtiment de Tartufe

Comment expliquer la référence à Tartuffe ?
• Le poème est marqué par la révolte de Rimbaud contre l'Eglise et l'écriture d'une nouvelle anticléricale.
• Il s'inspire de la pièce "Tartuffe" de Molière, mais en propose une interprétation personnelle et satirique.

En quoi ce Tartufe est-il une figure de l'hypocrisie ?
• Le poème dénonce l'hypocrisie religieuse et sociale, incarnée par le personnage de Tartufe.
• La dissimulation est omniprésente, symbolisée par la main gantée sous la soutane.
• Tartufe représente tous ceux qui cachent leurs vices et leurs passions derrière une façade de piété.

Comment s'exprime le pouvoir de la satire ?
• Le poème utilise la satire pour révéler les vérités cachées et dénoncer les injustices.
• Le geste d'arracher la robe de Tartufe est à la fois théâtral et performatif, symbolisant le dévoilement de l'hypocrisie.
• Le poème s'inscrit dans la tradition de la littérature engagée, qui vise à changer la société.

Comment sont dénoncés les faux dévots ?
• Le poème reprend l'ambition de la pièce de Molière de démasquer les faux dévots.
• Les grains du chapelet déboutonnés symbolisent les péchés cachés de Tartufe et de tous les hypocrites.
• Le châtiment de Tartufe est une mise à nu physique et morale, révélant sa véritable nature.

Comment se poème prend-il une dimension politique ?
• Le poème fait référence à l'œuvre de Victor Hugo et notamment à ses "Châtiments".
• L'acrostiche "Jules César" peut être interprété comme une critique du pouvoir et des hommes politiques.
• Le poème s'inscrit dans une démarche de dénonciation politique et sociale.

Vénus Anadyomène

Comment le détournement du mythe produi-t-il une critique sociale ?
• Le poème détourne le mythe de Vénus Anadyomène pour en faire une critique de la société du XIXe siècle.
• La Vénus de Rimbaud est loin d'être la déesse de la beauté idéale, elle est plutôt grotesque et repoussante.
• Cette image dégradée de la beauté reflète la décadence de la société et le manque d'empathie.
• Le corps de Vénus est marqué par une maladie vénérienne, symbole d'une société malade et décadente.

Comment sont représentées la dégradation du corps et la mort ?
• Le coquillage est comparé à un cercueil, la baignoire à un tombeau.
• Le corps de Vénus est marqué par les imperfections et les maladies, symbolisant la finitude de la beauté.
• La rime "pommadé… des déficits mal ravaudés" accentue l'impression de dégradation.

Quel est l'effet produit par le regard dans ce poème ?
• Le poème adopte un regard clinique et objectif, comme celui d'un naturaliste qui observe un spécimen.
• Ce regard est moqueur, soulignant la laideur et les défauts de Vénus.
• On peut y voir aussi le regard d'un proxénète sur une prostituée, découvrant une maladie vénérienne.
• L'inscription "Clara Venus" sur les reins de Vénus est ironique, car elle contraste avec la réalité de son corps.

Les réparties de Nina

Comment détecte-t-on la dimension ironique de ce poème ?
• Alors que dans « Première soirée » le regard est amusé, ici, il devient moqueur.
• Le rire de Nina dénonce un dénonce un excès de sentimentalisme.
• Autodérision du poète qui invite son amoureuse à se promener

Comment se traduit cet excès de sentimentalisme ?
• Impossible de marcher poitrine contre poitrine !
• Le titre du poème suggère un dialogue mais les questions restent sans réponse.
• Les conditionnels annonce que rien de cela ne se réalisera.

Comment se traduisent les réticences de Nina ?
• Sa seule réponse c'est « Riant » en anaphore rhétorique.
• Les taquineries du poète qui attrappe sa tresse, sont un peu excessives.
• Les comparaisons du poète sont étranges, il se compare à un papillon.
• Les cheveux de Nina noués en tresse, révèlent sa réserve.

En quoi la chute du poème est-elle brutale ?
• La réponse finale est inattendue : Nina est fiancée à un employé de bureau,
• Dimension symbolique : la réalité balaye les rêves du poète romantique.
• La réponse tient en 4 syllabes.

À la musique

Comment se traduit la caricature de la société bourgeoise ?
• Le poème dépeint une scène de la vie quotidienne à Charleville-Mézières, où la société bourgeoise est caricaturée.
• La place de la Gare est un lieu artificiel et contraint, symbole de l'ordre social oppressant.
• Les bourgeois sont présentés comme des êtres ridicules et grotesques, obsédés par les apparences et les conventions.

Quelle est la critique sociale et politique de ce poème ?
• Le poème critique le Second Empire et ses travers : militarisme, enrichissement des élites, absence de liberté d'expression.
• Rimbaud utilise l'ironie, la satire et le grotesque pour dénoncer les hypocrisies et les injustices de la société.
• Il s'attaque à toutes les classes sociales, des militaires aux employés de bureau, en passant par les rentiers et les épiciers.

Comment est représenté le poète face à la société ?
• Le poète se positionne en marge de la société, se moquant de ses conventions et de ses ridicules.
• Il est conscient de sa propre différence et de sa position d'observateur critique.
• Cependant, il n'est pas épargné par la satire et se moque également de ses propres clichés d'étudiant romantique.

Quel est le symbole de la musique dans ce poème ?
• La valse des fifres représente l'artificialité et la superficialité de la société bourgeoise.
• Mais la musique exprime tous les désirs et appétits qui sont contenus sous la surface de cette société.

Les Effarés

Comment est représentée cette scène hivernale ?
• Le poème dépeint une scène hivernale, avec des enfants affamés qui observent un boulanger à travers la vitre de sa boulangerie.
• L'image des enfants "noirs dans la neige et dans la brume" est saisissante et contraste avec la chaleur et la lumière de la boulangerie.
• Le soupirail de la boulangerie devient un symbole de vie et d'espoir pour les enfants.

En quoi le boulanger est-il une figure du poète ?
• Le boulanger est décrit comme un homme généreux et souriant, qui chante en travaillant.
• Créateur de beauté et de vie il est symboliquement associé à l'image du poète,
• Le pain qu'il fabrique symbolise la nourriture spirituelle et la poésie.

Comment est exprimé l'éveil des sens ?
• Le poème décrit la transformation de la pâte grise en pain doré, comme une opération alchimique.
• Les enfants sont fascinés par ce processus et leurs sens sont stimulés par la vue, l'odeur et le son.
• Ils retrouvent un semblant de joie et d'espoir sous leurs haillons.

En quoi ce poème exprime une quête de liberté ?
• Malgré la chaleur et la lumière de la boulangerie, les enfants restent prisonniers de leur faim.
• Leur situation est comparable à celle des prisonniers de la caverne de Platon, qui ne voient que des ombres et des illusions.
• Le poète, comme le philosophe platonicien, a le pouvoir de voir au-delà des apparences et de révéler la vérité.

Que dit ce poème dur rôle du poète face à l'humanité ?
• Le poète est chargé de libérer l'humanité de sa prison de souffrance et d'ignorance.
• Il doit utiliser son imagination et sa sensibilité pour toucher le cœur des hommes et leur faire entrevoir la beauté du monde.
• Malgré la fin pessimiste, ce poème laisse entendre que le poète a le pouvoir de transformer la réalité.

Roman

Comment apparaît ici la parodie des romans sentimentaux ?
• Le poème parodie les romans sentimentaux de l'époque, avec ses clichés et ses histoires d'amour passionnées mais superficielles.
• Rimbaud utilise l'ironie et le burlesque pour ridiculiser les conventions du genre.
• Le poème est divisé en deux parties, chacune correspondant à un chapitre d'une "éducation sentimentale" banale.

En quoi cette aventure amoureuse peut paraître banale ?
• Le personnage principal est un jeune homme naïf et romantique qui se laisse emporter par ses sentiments.
• Il croit vivre une grande histoire d'amour alors qu'il ne s'agit que d'une amourette sans conséquence.
• Sa rencontre avec une jeune fille, puis sa déception amoureuse, sont des événements banals et prévisibles.

En quoi les sentiments exacerbés sont-ils amusants ?
• Les réactions du jeune homme sont exagérées et ridicules.
• Il prend l'ivresse du parfum des fleurs pour de l'amour véritable.
• Il se met à écrire des poèmes mièvres et sentimentaux.
• La jeune fille, quant à elle, ne le prend pas au sérieux.

Comment se traduisent cette ironie et cette prise de distance ?
• Le poème se termine sur une note ironique, avec l'aphorisme "On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans".
• L'aphorisme change de sens la deuxième : il n'était pas sérieux de partir, mais il n'est pas sérieux non plus de revenir à la case départ.
• Rimbaud quant-à lui ira plus loin que les tilleuls doucereux de la promenade, en partant loin, bien loin de sa ville natale.

Morts de 92

Comment est rendu l'hommage aux soldats de la Révolution ?
• Rimbaud les célèbre comme des héros qui ont combattu pour la liberté et l'égalité, brisant le joug de l'oppression.
• Il utilise un langage fort et des images saisissantes pour souligner leur courage et leur sacrifice.

Comment se traduit la critique des réactionnaires ?
• Le poème dénonce Paul de Cassagnac, qui tente de s'approprier l'héritage des révolutionnaires.
• Rimbaud accuse les royalistes et les conservateurs d'hypocrisie et d'opportunisme.
• En face d'eux, le poète réaffirme les valeurs républicaines pour lesquelles ces soldats sont morts.

En quoi ce poème constitue-t-il un appel à l'action ?
• Le poème se termine sur un appel à l'action, incitant les républicains à se mobiliser et à défendre leurs valeurs.
• Rimbaud suggère que les "Morts de 92" pourraient se réveiller si leurs idéaux étaient menacés.
• Le poème est un message puissant et engagé qui vise à inspirer les lecteurs à se battre pour la liberté et la justice.

Comment ce poème entre-t-il en résonance avec le contexte historique ?
• Le poème a été écrit en 1870, dans le contexte de la guerre franco-prussienne juste avant la chute du Second Empire.
• Rimbaud ne savait pas encore que la défaite de la France conduirait à la proclamation de la Troisième République.

Le Mal

Comment s'exprime la dénonciation de la guerre et de la religion ?
• Rimbaud utilise des images saisissantes et un langage ironique pour critiquer la violence, la cupidité et l'absurdité de la guerre.
• Il s'inspire du Candide de Voltaire pour montrer la cruauté inutile des batailles
• Il nous indigne avec l'indifférence des puissants (le roi qui raille) face à la souffrance du peuple.

Comment la beauté de la nature s'oppose-t-elle à la guerre ?
• La description des soldats mourant dans l'herbe contraste avec l'image d'une nature paisible et joyeuse.
• L'absurdité de la guerre qui détruit ce qui est « saint ».

En quoi l'Église est-elle critiquée ?
• Rimbaud représente un Dieu indifférent à la souffrance du peuple.
• Comme les rois, il se réjouir de la guerre, par cupidité.
• Ce Dieu eet ces rois ne laissent même pas aux veuves leur dernier mouchoir.

Comment Rimbaud utilise-t-il les registres ?
• Les registres satirique et pathétique dénoncent les horreurs de la guerre.
• Rimbaud tourne en dérision les rois, les soldats et les prêtres, qu'il présente comme des êtres grotesques et ridicules.
• Son langage est percutant et imagé « crachats, mitraille ».

Rages de Césars

Comment est faite cette caricature de Napoléon III déchu ?
• L'empereur déchu est présenté comme un homme vaincu, physiquement et moralement.
• Il est dépeint comme un homme banal, en habit noir.
• Il est usé, à la recherche de souvenirs perdus et rongé par un regret mystérieux.

Qu révèle l'opposition entre pouvoir et liberté ?
• Le poème oppose la soif de pouvoir de César, désormais "éreintée", à la flamme de la liberté qui renaît.
• La chute de Napoléon III symbolise la victoire de la République sur l'Empire.
• Rimbaud exprime son espoir en un avenir où la liberté triomphera de l'oppression.

En quoi ce poème est-il riche en ambiguïtés ?
• Nous ne connaissons pas les pensées exactes de Napoléon III.
• Ses émotions aussi sont variées et énigmatiques : remords, regret ou colère.
• Cela constitue une petite énigme tout au long du poème.

Comment est affirmée la vanité du pouvoir dans ce poème ?
• Le poème souligne la vanité du pouvoir et des ambitions démesurées.
• L'image du "fin nuage bleu" qui s'échappe du cigare de César symbolise la fragilité et le caractère éphémère de la gloire.
• Rimbaud invite le lecteur à réfléchir sur la nature du pouvoir et ses conséquences.

Deuxième cahier

Rêvé pour l’hiver

Comment s'exprime l'évasion poétique et amoureuse ?
• Le poème évoque un rêve hivernal de voyage en train, partagé par un couple.
• Le wagon devient un cocon douillet, propice aux baisers et aux tendres étreintes.
• L'atmosphère est douce et sensuelle, empreinte d'une certaine naïveté juvénile.

Comment et pourquoi interviennent les visions menaçantes ?
• Mais le rêve bascule soudain dans l'étrange et le fantastique.
• La vitre givrée du wagon laisse entrevoir des ombres menaçantes et des créatures monstrueuses.
• Ces visions nocturnes sont un jeu sentimental.

Comment comprenons-nous que le Jeu amoureux est partagé ?
• L’effet de surprise est réservé au dernier tercet.
• La jeune fille consent, par le geste « incliner la tête »
• Le dernier vers « Qui voyage beaucoup… » nous laisse entendre que ce n'est là que le début d'un voyage, qui est une exploration des sens.

Le Dormeur du val

Comment est décrite la Nature dans ce poème ?
• La Nature bienveillante s’oppose aux ambitions des humains.
• La Nature est belle : la mousse rappelle l’écume de Vénus.
• Tout déborde : enjambements et allitérations en L.

Mais certains éléments sont déjà menaçants :
• Un « trou de verdure » où l'on peut sombrer.
• Les haillons d’argents, uniformes déchirés ?
• Trajectoire descendante du soleil, tombant de la montagne fière.

Quelle sensation suscite la découverte du dormeur ?
• Son attitude est étrange.
• La nuque et la tête nue (donc fragiles)
• Position presque dans l’eau (où se trouve le cresson)
• Personnage proche du ciel « sous la nue ».
• C'est un « soldat jeune » l'adjectif postposé = trop jeune ?
• Il devient même « enfant » puis nouveau-né, « bercé ».

Comment Rimbaud fait-il allusion à la fin ?
• Rimbaud répète « il dort » puis « il fait un somme ».
• Ce son « OR » qui revient = alchimie de la Nature qui transforme la boue en or, le cadavre en fleurs.
• Le « froid » envahissant laisse entendre la chute.

En quoi la chute finale est-elle brutale ?
• Elle ne dure même pas un vers entier
• Elle nous renvoie au trou de verdure du début.
• En acrostiche « LIT » : lecture / lit de rivière / lit de mort.

Au Cabaret-Vert

Comment est racontée la pause au sein d'un voyage ?
• Rimbaud ne raconte pas son voyage, mais un moment de repos.
• Les bottines sont déchirées depuis longtemps.
• Le lieu est sans prétentions, comme les illustrations de la tapisserie.
• Le poète fait une demande bien simple
• Son attitude est détendue, en allongeant les jambes.
• La couleur « verte » elle aussi symbolise la jeunesse, l’énergie, l’espoir, la nature…

Quel événement survient ?
• L'arrivée de la servante produit un moment de rupture.
• L’adjectif « adorable » se trouve au centre du poème.
• Ambivalence du mot « Adorable » : mignon / digne adoré
• Jeu de mot alchimie : être doré (enluminure ou transmutation).

Comment comprenons-nous que le poète obtient plus que ce qu'il désire ?
• La serveuse arrive avec les « tartines de beurre » mais ce n'est pas tout. La gousse d'ail et la bière sont en plus.
• Les enjambements illustrent une véritable corne d’abondance.
• Le rayon de soleil « arriéré » empiète sur le soir et la nuit.

En quoi retrouvons-nous les principes vitaux le soleil et la chair ?
• La serveuse à la poitrine généreuse est une Vénus.
• Le jambon rose est du côté de la chair.
• Le rayon sur la bière, du côté du soleil.
• On retrouve une ode au soleil et à la chair, débarrassée des grandiloquences du Parnasse.

La Maline

En quoi retrouvons-nous une référence à « Première soirée » ?
• Le motif du baiser revient à la fin du poème.
• L’adverbe « malinement » (néologisme) se retrouve aussi.
• Cette petite comédie est dépourvue de malignité.
• Les dialogues font allusion au théâtre.

Comment se présente la scène d'exposition ?
• Le décor est planté : une auberge en Belgique.
• Peut-être est-ce le Cabaret-Vert ?
• véritable scène de genre tic tac de l’horloge (allitérations en C).

Comment l'intrigue est-elle mise en scène
• La porte qui semble s’ouvrir toute seule
• La servante arrive au passé simple.
• Petite énigme : « je ne sais pas pourquoi ».
• Ironie du présent : en fait, il sait pourquoi.

Que révèle la gestuelle de la servante ?
• Le doigt tremblant, la lèvre enfantine : synecdoque, ils représentent la personne entière.
• Le mot « moue » rime avec « joue », jeu d’actrice, improvisation.

En quoi cette chute est-elle un stratagème naïf ?
• Ce « froid » au féminin = la petite bête de « Rêvé pour l’hiver »
• Un simple baiser est la clé de la petite énigme.
• La poésie = élan de tendresse devenu musical.
• Lien de conséquence « donc » et points de suspension : le Ve acte ne sera pas raconté…

L’éclatante victoire de Sarrebrück

Comment est représentée cette caricature de Napoléon III ?
• Rimbaud annonce une illustration vendue pour pas cher.
• Ekphrasis : un texte qui décrit une œuvre picturale…
• L'illustrateur Belge n’est pas dupe de la propagande.
• Le titre est ironique : les couleurs sont éclatantes, la victoire de Sarrebrück n’a rien d’éclatant !

En quoi le poème va-t-il plus loin qu'une simple illustration ?
• La poésie anime le dessin, conduit notre regard
• Tout cela prépare une chute plus intelligente qu’il n’y paraît…
• On observe successivement chaque plan du dessin.

En quoi le portrait de l'empereur est-il subversif ?
• L’empereur au milieu est ridicule
• Le « dada » indique qu'il joue à la guerre comme un enfant.
• Son point de vue « en rose » n’est que du coloriage !
• Le paradoxe « féroce et doux » n’est pas crédible.

Comment sont représentés les autres personnage ?
• Sans transition, les soldats les moins gradés
• Certains sont naïfs, Pitou, Dumanet (stéréotypes de caricatures).
• Ceux qui ne sont pas d'accord restent coi (silencieux).

En quoi la chute finale est-elle subversive ?
• La dernière rime en « -equoi » est originale !
• Boquillon (est bûcheron dans le civil) personnage de bon sens.
• Le geste de montrer ses fesses a un sens plus subtil qu'il n'en a l'air.
• L’empereur dirige mes fesses, je reste libre de mes pensées !

Le Buffet

Quelles sont les références à Baudelaire dans ce poème ?
• Rimbaud admire Baudelaire « le premier voyant, un vrai dieu ».
• Comme chez Baudelaire, le parfum génère un monde
• L'ivresse du vin et le mélange de perceptions, thèmes baudelairiens.

Comment le buffet devient-il allégorie ?
• Comme un personnage, il est « ouvert, engageant… ».
• Répétition un peu naïve de l’adjectif « vieux… vieille ».
• L'expression « avoir un air » : une attitude.

En quoi cette description revendique-elle la simplicité ?
• Ton presque enfantin « tout plein » « vieilles vieilleries ».
• Rien de précieux : « chiffons ».
• Objets, surannés et accumulés : « dentelles, fichus, etc. »

Comment ces objets prennent-ils de la valeur ?
• Ils témoignent de vies humaines variés (enfants, femmes…)
• La mort « cheveux blancs … fleurs sèches »
• La vie : « cheveux blonds, fruits ».

Comment ce poème mobilise-t-il l'imagination du lecteur ?
• Conditionnel + pronom indéfini « on trouverait »
• Au lecteur d’imaginer le vécu derrière ces objets.
• Buffet véritable livre, plein d’histoires de contes.
• Les portes noires seraient un cahier ouvert…

Ma Bohème

Comment est évoqué le retour vers le passé ?
• Ce poème s'oppose à « Sensation » écrit au futur.
• Ici, perspective passée, empreinte de nostalgie.
• Moment de pause dans une longue errance.
• Évocation d'amours rêvées du poète.

Comment est représentée la bohème du poète ?
• Poète itinérant, les mains dans les poches trouées
• Paletot usé, symbole de sa pauvreté et de sa marginalité.
• Le poète s'amuse de se voir en chevalier servant de sa muse.
• La nature est sa muse, amour splendide rêvé.

Comment se retrouve l'univers du conte ?
• Personnage de conte « Petit Poucet rêveur ».
• Les poches trouées sèment des graines fertiles de poésie.
• La Grande-Ourse, symbole d'immensité.
• Les étoiles musicale avec leur « doux frou-frou » féérique, onirique.

Comment survient le basculement vers un univers fantastique ?
• Les « ombres fantastiques » introduisent une dimension inquiétante.
• L'enfance qui croit au merveilleux laisse place à une adolescence plus inquiétante.
• Les pieds blessé par les cailloux : la réalité blesse la poésie.

Comment Rimbaud annonce-t-il un nouveau lyrisme ?
• Les cordes de la lyre deviennent des élastiques.
• Les lyres elles-mêmes sont des souliers.
• La simplicité des images contraste avec celle des Parnassiens.
• Élasticité des vers : une « prose poétique », plus flexible.
• Nouvelles formes dans les Illuminations et Une Saison en Enfer.

_{Étienne Carjat, Portrait photographique d'Arthur Rimbaud, 1871 (retouché).}

Rimbaud, Les Cahiers de Douai, 1870. Résumé-analyse