Les crises dépassent-elles la parole
dans Juste la fin du monde
de Jean-Luc Lagarce ?
Introduction
Le théùtre classique nous avait habituĂ©s Ă des rĂ©pliques ciselĂ©es, des arguments dĂ©jĂ longuement mĂ»ris, une pensĂ©e qui se conçoit bien et sâĂ©nonce clairement, des alexandrins Ă©quilibrĂ©sâŠ
Et voilĂ quâon dĂ©couvre chez Jean-Luc Lagarce des vers libres trĂšs longs ou trĂšs courts, des personnages qui hĂ©sitent, qui se reprennent et se corrigent sans cesse :
Je suis fascinĂ© par la maniĂšre dont, dans la vie, les conversations, les gens â et moi en particulier â essaient de prĂ©ciser leur pensĂ©e Ă travers mille tĂątonnements⊠Au-delĂ du raisonnable.
Jean-Luc Lagarce, Entretien pour Lucien Attoun, « Vivre le théùtre et sa vie », 16 juin 1995.
Ces tĂątonnements, câest la fameuse figure de lâĂ©panorthose : reformuler pour mieux dire. Mais Lagarce prĂ©cise bien âau-delĂ du raisonnableâ, comme sâil ne sâagissait pas tant de mieux dire, que dâinsister sur une parole insuffisante, des doutes, des silences, qui dĂ©passent la parole elle-mĂȘme, pour rĂ©vĂ©ler des crises.
Dans quelle mesure la parole permet-elle dâexprimer les crises qui hantent cette piĂšce de Jean-Luc Lagarce ?
> Pour vous aider Ă suivre le raisonnement Ă©tape par Ă©tape, je vais annoncer mes grandes parties au fur et Ă mesureâŠ
> Et pour retrouver toutes mes vidĂ©os et documents sur cette Ćuvre, rendez-vous sur mon site www . mediaclasse . fr
PremiĂšre partie :
Les mots des crises
Dâabord, les crises passent Ă travers des mot prĂ©cis, choisis avec soin. On recherche celui qui sera le mieux adaptĂ© Ă la situation. Quand Antoine reproche Ă sa femme dâennuyer son frĂšre en parlant de ses enfants, Louis rĂ©pond :
Ce nâest pas mĂ©chant, câest ⊠dĂ©plaisant.
(Partie 1, scĂšne 2, v.58)
Et en effet, Antoine doit sans cesse se débattre avec les étiquettes et notamment les adjectifs qualificatifs qui lui collent à la peau : « déplaisant ⊠brutal ⊠désagréable » :
ANTOINE. â Je ne suis pas un homme brutal, ce nâest pas vrai, câest vous qui imaginez cela, [...] je ne le suis pas et ne lâai jamais Ă©tĂ©.
(Partie 2, scĂšne 2, v.145-147)
Câest dâailleurs le cas de chaque personnage, qui sont tous bien plus complexes et ambivalents que ne le laissent entendre ces Ă©tiquettes. Pour creuser la question, jâanalyse chaque personnage, dans une vidĂ©o spĂ©ciale, sur mon site.
Mais une Ă©tiquette plus fatale encore que lâadjectif qualificatif, câest le nom propre⊠Comme lâexplique Catherine, « Louis » câest avant tout « le prĂ©nom de votre pĂšre ». Dâune maniĂšre implicite, comme dans une dynastie, les responsabilitĂ©s du pĂšre sont transmises au fils aĂźnĂ©. Le nom propre porte la fatalitĂ© du drame familial.
Une autre chose qui donne du poids aux paroles : la confidence. Quand le mot est adressĂ© en privĂ©, quand il nâest pas laissĂ©, comme le dit Suzanne « Ă tous les regards », il prend naturellement plus dâimportance. Chaque membre de la famille aura quelque chose Ă dire Ă Louis, seul Ă seul.
SUZANNE. â Nous Ă©prouvons les uns et les autres, ici, tu le sais, [...] une certaine forme d'admiration, c'est le terme exact, une certaine forme d'admiration pour toi.
(Partie 1, scĂšne 2, v.53-55)
Que cache ce mot « admiration » ? Est-ce que câest vraiment le terme exact ? Est-ce que derriĂšre, il nây a pas le dĂ©sir de faire la mĂȘme chose, mais sans oser le faire, une certaine jalousie, une certaine amertume, et donc, une manifestation de la crise familiale ?
Les mots de la mĂšre jouent un rĂŽle important dans la crise familiale. Dâabord, ce sont les mots du passĂ© : « le dimanche, on allait se promener » qui ne sont en fait que des reproches.
LA MĂRE. â Ils ne voulurent plus venir avec nous, ils allaient chacun de leur cĂŽtĂ© faire de la bicyclette, chacun pour soi,
et nous seulement avec Suzanne, cela ne valait plus la peine.
ANTOINE. â C'est notre faute.
SUZANNE â Ou la mienne.
(Partie 1, scĂšne 4, v.125-134)
Mais plus souvent encore, les mots de la mÚre sont associés au futur, un futur prophétique qui prépare les crises, qui les rend pratiquement inévitables :
LA MĂRE. â Ils veulent te parler, tout ça ⊠ils voudront tâexpliquer mais ils tâexpliqueront mal ⊠ils seront brutaux.
(Partie 1, scĂšne 8, v.28-48)
Exactement comme la Pythie antique, qui utilise des mots, mais sans réellement se rendre compte de leur réelle portée. Au point que la prophétie amÚne sa propre réalisation.
Et enfin, mĂȘme lorsque les personnages gardent le silence, câest pour souligner le poids des mots. Antoine se tait « pour donner lâexemple », Suzanne se dit « proportionnellement silencieuse » comme pour conjurer le danger des mots.
Les mots ont leur importance, mais on le voit déjà , ils ne sont jamais suffisants tout seuls : nom propre, étiquette définitoire, confidence, prophétie, invitation au silence⊠Ils testent sans cesse les limites du langage.
DeuxiĂšme partie :
Les crises au-delĂ des mots
Les paroles cachent souvent une attitude, un geste, plus rĂ©vĂ©lateurs que le mot lui-mĂȘme. Comme si Lagarce confiait les didascalies aux personnages⊠Suzanne sâĂ©tonne quand Louis serre la main de Catherine, Antoine compare sa sĆur Ă un Ă©pagneul, etc.
Ces gestes qui ont un sens caché, aident à comprendre la premiÚre scÚne de la piÚce : je vous en propose une explication linéaire en vidéo, sur mon site.
Les gestes semblent mĂȘme jouer un rĂŽle clĂ© dans le destin fatal des personnages. Au moment du dĂ©part de Louis, La MĂšre lui caresse la joue, comme pour confirmer la rĂ©alisation de ses prophĂ©ties :
LOUIS. â Elle, elle me caresse une seule fois la joue, doucement, comme pour m'expliquer qu'elle me pardonne je ne sais quels crimes, et ces crimes que je ne me connais pas, je les regrette.
(Partie 2, scĂšne 1, v.24-27)
Quoi quâil arrive, La MĂšre pardonne dâavance son fils avec cette expression « il a toujours fait ce quâil avait Ă faire »⊠Ătrange tournure oĂč le pronom relatif « ce que » renvoie automatiquement, en dehors de la chaĂźne parlĂ©e, Ă nâimporte quelle action. Logique tautologique (qui se prouve elle-mĂȘme), oĂč les actes dĂ©finissent les devoirs Ă lâavance.
De façon plus subtile, le ton de la voix est plus Ă©vocateur que les mots eux-mĂȘmes. Par exemple, pendant lâintermĂšde, la dispute entre les deux frĂšres a remis en cause tous les Ă©quilibres⊠pas besoin de savoir exactement son contenu :
CATHERINE. â Vous vous disputiez, [...] on entendait Antoine s'Ă©nerver et c'est maintenant comme si tout le monde Ă©tait parti et que nous soyons perdus.
(IntermĂšde, scĂšne 5, v.7-9)
Parfois mĂȘme, il suffit de rĂ©pĂ©ter des mots vides de sens, en changeant lĂ©gĂšrement le ton, pour exprimer un dĂ©saccord, pour dĂ©clencher la crise :
LOUIS. â Oui, je veux bien, un peu de cafĂ©, je veux bien.
ANTOINE. â « Je veux bien, un peu de cafĂ©, je veux bien. »
CATHERINE. â Antoine !
(Partie 1, scĂšne 9, v.33-34)
Câest mĂȘme le chant qui permet Ă Louis de sâavouer une chose grave â sa crainte excessive des liens affectifs :
LOUIS. â Je me le chantonne pour entendre juste le son de ma voix : la pire des choses serait que je sois amoureux.
(IntermĂšde, v.11-18)
Souvent mĂȘme, pas besoin des mots, il suffit dâentrer dans un rĂŽle. Louis est tour Ă tour messager, voyageur, hĂ©ros tragique⊠DĂšs que possible, il se donne le beau rĂŽle :
ANTOINE. â Lorsqu'on Ă©tait plus jeunes, [...] on se battait toujours et [...] celui-lĂ [...] se laissait battre, perdait en faisant exprĂšs et se donnait le beau rĂŽle.
(Partie 2, scĂšne 2, v.159-169)
La derniÚre scÚne de la piÚce, qui vient juste aprÚs, permet justement à Antoine de mieux dénoncer les supercheries de Louis. Pour aller plus loin, je vous en propose une explication linéaire dans une vidéo spéciale, sur mon site.
Louis le dit lui-mĂȘme : câest en rĂ©alitĂ© une maniĂšre dâaccuser son frĂšre sans avoir besoin dâutiliser la parole.
LOUIS. â Il semble vouloir me faire dĂ©guerpir, c'est l'image qu'il donne, c'est l'idĂ©e que j'emporte. Il ne me retient pas, et sans le lui dire, j'ose l'en accuser.
(Partie 2, scĂšne 1, v.36-39)
Ce que fait Louis, câest quâil utilise une expression toute faite, qui vient justement jouer sur les limites du mot « agrĂ©able » . Et Antoine tombe dans le piĂšge :
LOUIS. â Cela joint l'utile Ă l'agrĂ©able.
ANTOINE. â C'est cela, voilĂ , exactement, comment est-ce qu'on dit ? « d'une pierre deux coups ».
(Partie 2, scĂšne 2, v.41-44)
Dans la bouche dâAntoine, cette pierre Ă©voque bien lâarme dâun crime, ce qui dĂ©clenche la rĂ©action de Suzanne :
SUZANNE â Ce que tu peux ĂȘtre dĂ©sagrĂ©able, [...] tu vois comme tu lui parles, tu es dĂ©sagrĂ©able, ce n'est pas imaginable.
(Partie 2, scĂšne 2, v.45-48)
Les paroles renvoient Ă des expressions toutes faites, ou Ă dâautres textes, qui dĂ©teignent sur les mots eux-mĂȘmes. Louis ne peut pas se dire « Ă©tranger » sans faire surgir en nous le HĂ©ros tragique de Camus, Meursault, condamnĂ© Ă mort pour nâavoir pas pleurĂ© Ă lâenterrement de sa mĂšre.
LOUIS. â Je pense du mal.
Je n'aime personne, je ne vous ai jamais aimés,
c'était des mensonges, [...]
Je décide de tout, la Mort aussi, elle est ma décision
Je suis un étranger. Je me protÚge.
(Partie 1, scĂšne 10, v.61-104)
Ces rĂ©fĂ©rences Ă la littĂ©rature de lâabsurde, Ă Camus et Beckett, mais aussi Ă la Bible, Ă CaĂŻn et Abel, au fils prodigue, tout cet intertexte laisse planer les menaces dâun dieu invisible, silencieux, ou sur le point de mourir.
Au-delĂ des paroles et au-delĂ des mots, tous les moyens du théùtre sont mis en Ćuvre, comme si le théùtre lui-mĂȘme devenait insuffisant pour ces crises, comme sâil Ă©tait lui-mĂȘme en crise.
TroisiĂšme partie :
La parole théùtrale en crise
Dâabord, les mots ne cessent de lutter contre eux-mĂȘmes, de se dĂ©noncer eux-mĂȘmes. Câest le cas dans la prĂ©tĂ©rition par exemple : dire une chose en affirmant quâon ne la dit pas :
CATHERINE. â Ce nâest pas un reproche, [...] je ne voudrais pas avoir lâair de vous faire un mauvais procĂšs.
(Partie 1, scĂšne 6, v.35-56)
Avec cette prĂ©tĂ©rition, Catherine tente de dĂ©samorcer dâavance lâinterprĂ©tation quâon pourrait faire de ses paroles.
LâĂ©panorthose reprĂ©sente exactement cette crise de la parole qui se combat elle-mĂȘme, oĂč chaque mot ajoutĂ© tente dâeffacer les mots dĂ©jĂ prononcĂ©s. On le voit par exemple dans le prologue avec la persistance du verbe « annoncer ».
LOUIS. â Pour annoncer,
dire,
seulement dire,
ma mort prochaine et irrémédiable,
l'annoncer moi-mĂȘme, en ĂȘtre l'unique messager,
(Prologue, v.28-32)
Ce prologue donne des clĂ©s de comprĂ©hension de toute la piĂšce, notamment parce quâil rĂ©vĂšle la dimension symbolique du personnage de Louis. Pour bien en comprendre tous les tenants et aboutissants, je dĂ©veloppe cette analyse dans une vidĂ©o dâexplication linĂ©aire, spĂ©cialement sur le prologue.
Et si le théùtre Ă©tait lui-mĂȘme un personnage en crise, un personnage sur le point de mourir ? Câest ce que suggĂšre Lagarce lui-mĂȘme :
Il sâagit de refuser la convention et de fait, lâutilisation du théùtre comme simple divertissement [...]. Il sâagit [...] que le théùtre aille Ă sa perte : câest lĂ le seul théùtre possible.
Jean-Luc Lagarce, Théùtre et pouvoir en occident, 1980-2011.
Alors, Louis pourrait reprĂ©senter symboliquement ce personnage tragique qui nous inspire aujourdâhui un mĂ©lange de fascination et de mĂ©fiance. Câest la supercherie quâAntoine tente de dĂ©masquer :
ANTOINE. â Tu es pris Ă ce rĂŽle â [...] que tu as toujours eu de tricher, de te protĂ©ger et de fuir. [...] C'est ta maniĂšre Ă toi, ton allure, le malheur sur le visage.
(Partie 2, scĂšne 3, v.119-133)
Et voilà pourquoi Antoine et Suzanne se méfient des histoires, de ceux qui énoncent bien : le personnage de théùtre, par son pouvoir de séduction, par ce jeu qui dépasse les paroles, est un personnage dangereux.
ANTOINE. â Je te vois assez bien, tu vas me raconter des histoires. [...] Tu sais bien faire, c'est une mĂ©thode, c'est juste une technique pour noyer et tuer les animaux.
(Partie 1, scĂšne 11, v.22-24)
Dâune certaine maniĂšre, ce sont des avertissements au spectateur lui-mĂȘme. Ce qui donne du poids aux paroles, au-delĂ des mots employĂ©s et des gestes, câest la double Ă©nonciation, propre au théùtre : chaque rĂ©plique est aussi, indirectement, adressĂ©e au spectateur.
ANTOINE. â Jâai fini, je ne dirai plus rien. Seuls les imbĂ©ciles, ou ceux-lĂ , saisis par la peur, auraient pu en rire.
(Partie 2, scĂšne 3, v.223-226)
Dans cet exemple, Antoine semble presque faire un signe Ă la salle en mĂȘme temps quâil rĂ©pond Ă Louis. Ironiquement, il nous fait remarquer que nous sommes saisis de terreur et de pitiĂ©, nous sommes dupes de lâillusion tragiqueâŠ
Ă dâautres moments, les personnages eux-mĂȘmes renforcent la prĂ©sence des spectateurs sur scĂšne. Par exemple, dans la scĂšne finale, la MĂšre, Suzanne et Catherine, sont prĂ©sentes mais ne disent rien :
LA MĂRE. â Nous ne bougeons presque plus, nous sommes toutes les trois, comme absentes, on les regarde, on se tait.
(Partie 2, scĂšne 3, v.2-4)
Et la piĂšce se termine, non pas vraiment par des paroles, mais par lâĂ©vocation dâun cri, qui nâa pas Ă©tĂ© poussĂ© :
LOUIS. â Ce que je pense [...]
c'est que je devrais pousser un grand et beau cri, [...]
que c'est ce bonheur-lĂ que je devrais m'offrir,
hurler une bonne fois,
mais je ne le fais pas,
je ne l'ai pas fait.
(Ăpilogue, v.19-26)
Cet Ăpilogue Ă©claire rĂ©trospectivement la piĂšce, et nous aide Ă mieux comprendre le personnage de Louis. Je vous en propose une explication linĂ©aire en vidĂ©o, sur mon site.
Ce cri qui nâa pas Ă©tĂ© poussĂ©, nous laisse penser que les crises nâont pas Ă©tĂ© rĂ©solues : Louis va mourir avec son cri sur le cĆur, et les autres membres de la famille vont certainement vivre avec cette culpabilitĂ© de nâavoir pas su lâĂ©couter.
Mais ce cri qui nâa pas Ă©tĂ© poussĂ©, a bel et bien Ă©tĂ© entendu par les spectateurs, ce qui laisse penser que peut-ĂȘtre ces crises, grĂące au théùtre, auront peut-ĂȘtre Ă©tĂ© rĂ©solues, en dehors du théùtre, quand ça ? HĂ© bien en ce moment mĂȘme, lorsque nous dĂ©battons du sens de cette piĂšce, lorsque nous prenons conscience des cris que nous avons besoin de pousser, nous aussi, pour surmonter nos crises.
Conclusion
Dans Juste la fin du Monde, la parole est fondatrice, c'est elle qui provoque les crises. Les mots ont leur poids, ils sont choisis avec soin. Ils deviennent des étiquettes, ou pire encore, des noms propres ou des prophéties.
Mais ces mots ont un tel poids aussi parce qu'ils cachent des actes. Ils servent d'excuse Ă des absences, ils sont remplacĂ©s par des gestes ou par une simple intonation. Au théùtre, la parole dĂ©pend dâun rĂŽle.
Et voilĂ pourquoi les diffĂ©rentes crises que rencontrent les personnages sont peut-ĂȘtre en dĂ©finitive une maniĂšre d'interroger le théùtre lui-mĂȘmeâŠ
Et si l'ancien rĂŽle de la tragĂ©die, qui Ă©tait de commenter et de juger les affaires de la citĂ©, Ă©tait utilisĂ© aujourd'hui pour juger le théùtre lui-mĂȘme, sa capacitĂ© Ă apaiser nos propres crises existentielles, individuelles et collectives ?
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âšÂ Lagarce, Juste la fin du monde đïž Les enjeux de la parole (diaporama)
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