La Boétie, Discours de la servitude volontaire
Le contexte en 3 minutes.
Quels éléments de contexte expliquent le mieux l’écriture du Discours de la servitude volontaire ? Je te propose de plonger avec moi dans le XVIe siècle pour comprendre comment La Boétie à 18 ans rédige l’un des textes les plus subversifs jamais écrits.
I. Biographie
D’abord, La Boétie provient d’un milieu où l’influence humaniste est très importante. À Sarlat (où il est né en 1530), l’évêque Niccolo Gaddi (lié à la famille des Médicis, puissante famille italienne) fait rayonner l’esprit de la Renaissance.
Mais ce n’est pas tout : après la mort de son père, La Boétie est élevé et instruit par son oncle, un homme d’Église à l’esprit ouvert, passionné de culture antique.
La Boétie est donc marqué par ce qu’on appelle le mouvement humaniste : la redécouverte des textes anciens bouleverse la pensée médiévale en remettant l’humain au cœur des préoccupations.
Si tu veux entrer dans le détail, j’ai réalisé une vidéo complète sur ce mouvement.
II. Histoire
Mais ce qui nous intéresse tout de suite, c’est qu’au moment où il écrit son Discours, le jeune La Boétie étudie le droit pour entrer dans un Parlement : une des rares institutions ayant la capacité de corriger les actes royaux.
Or en ce milieu de XVIe siècle, le pouvoir royal se durcit. Le jeune La Boétie est marqué en 1548 par la « Jacquerie des Pitauds » : une révolte populaire contre la Gabelle (une taxe sur le sel que Henri II veut généraliser en France).
Face aux émeutes, le Connétable de Montmorency est chargé de mener une répression qui sera très violente. Après cette démonstration de force, une amnistie générale est accordée : le Roi consolide ainsi son autorité.
C’est intéressant parce que La Boétie lui-même précise bien qu’il ne s’oppose pas à la monarchie. Il tient surtout à défendre la notion de liberté : l’être humain est fait pour suivre la raison, et non pas pour servir un homme aveuglément.
Et en effet, au XVIe siècle, la réflexion politique se nourrit de nouveaux questionnements. Les avancées techniques ont permis la découverte d’un Nouveau Monde, une meilleure compréhension de la nature, de l’astronomie, du corps humain…
III. Religion
L’invention de l’imprimerie commence à produire ses conséquences. La Bible circule en latin puis en langue vulgaire, les dogmes de l’Église sont discutés, remis en cause par Luther puis Calvin en France. C’est le début de la Réforme : les protestants s’opposent à la papauté.
D’une manière générale, les textes subversifs, imprimés clandestinement, circulent de plus en plus vite. Et donc quand La Boétie meurt d’une maladie foudroyante en 1563, son ami Montaigne renonce à publier le Discours de la servitude volontaire, parce que les tensions religieuses sont trop fortes.
Mais un manuscrit a fuité : en 1574 et 1578, des protestants qui s’opposent à la monarchie (on les appelle monarchomaques) publient ce texte sous un nouveau titre : Le Contr’un ; parmi d’autres textes séditieux : le recueil est condamné à être brûlé.
IV. Postérité
Ensuite ? Après la montée de l’absolutisme en France, le Discours viendra inspirer les philosophes des Lumières et il ne cessera d’alimenter les réflexions des révolutionnaires, des anarchistes, des résistants, et même des dictateurs eux-mêmes.
Enfin, on trouve son prolongement dans la notion de résistance non violente chez Martin Luther King ou Gandhi, ou encore dans le concept de désobéissance civile théorisé par John Rawls.
Philippe Rousseau, Astrolabe, vers 1840.
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