Couverture du livre XVIIe siècle de Mediaclasse

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Couverture pour XVIIe siècle

Histoire littéraire du XVIIe siècle
Jansénisme et littérature




La Réforme



On considère souvent que le XVIIe siècle commence en 1610, quand Henri IV est assassiné par Ravaillac, et que Louis XIII est couronné. Mais il faut savoir que Henri IV est assassiné pour des raisons religieuses : il est considéré par beaucoup comme trop tolérant à l'égard des Protestants, notamment depuis qu'il a signé l'Édit de Nantes, le 13 avril 1598.

L'Édit de Nantes, vous le connaissez forcément, c'est le texte qui marque la fin des guerres de religions en France, mais cela n'empêche pas que les Protestants continuent d'être persécutés par le pouvoir, tout au long du XVIIe siècle. Louis XIV a besoin de réaffirmer le droit divin et donc, d'avoir une religion unique, en l'occurrence, le Catholicisme. C'est l'adage de l'absolutisme : « une foi, une loi, un roi ». En 1685, Louis XIV va révoquer L'Édit de Nantes par l'édit de Fontainebleau. Jusqu'à cette date, on est donc dans une période où les religions cohabitent, mais avec de vives tensions.

En fait, le protestantisme est subversif à l'époque, parce que les Protestants ne reconnaissent pas du tout l'autorité du Pape et la hiérarchie de l'Église. Depuis que la Bible a été traduite et imprimée en français (dès date), ils estiment que tout le monde peut la lire, sans être obligé de passer par un prêtre. Chacun peut alors y trouver des interprétations ! Bien sûr, c'est une hérésie absolue pour les Catholiques.

On voit comment cette question de la religion interfère avec la Littérature, qui est elle-même en butte avec le pouvoir. Petit à petit, la langue française remplace le Latin dans l'écriture littéraire. Les Catholiques vont rester attachés à la tradition latine, tandis que le roi lui-même va avoir besoin de poètes qui écrivent en français, pour faire une propagande plus efficace ! Il faut inventer une Littérature officielle, et pour cela, on va s'inspirer des Anciens grecs et latins.

Sous la plume des poètes, les anciens mythes vont se teinter de Christianisme. Tandis que les religieux, catholiques comme protestants, vont continuer à se méfier de ces fables païennes.

Les origines du Jansénisme



En plus, pendant la période qui nous intéresse, un courant religieux se développe au sein du Catholicisme, tout en empruntant des idées protestantes. C'est le Jansénisme. Ces Jansénistes sont des religieux qui vivent à l'écart de la société mondaine, dans l'abbaye de Port-Royal des Champs, un coin reculé de la vallée de Chevreuse, à ne pas confondre avec Port-Royal qui se trouve à Paris.

Les Jansénistes se réclament de la pensée de Cornélius Jansen, l'évêque d'Ypres, qui a publié un livre, l'Augustinus, où il se base sur les écrits de Saint Augustin pour introduire, côté catholique, des principes protestants. En fait, Jansen réagit contre les excès et le laxisme de certains Jésuites. Il trouve qu'ils enseignent une morale trop relâchée. Jansen voudrait réformer le Catholicisme de l'intérieur. Mais bientôt, les idées fortes de son Augustinus seront dénoncées comme hérétiques par une bulle pontificale.

Les idées jansénistes



Pour les Jansénistes, comme pour les Protestants d'ailleurs, Dieu a décidé de toute éternité qui irait au Paradis et qui irait en Enfer. Pour eux, l'Homme est irrémédiablement condamné au péché, sauf s'il a reçu la grâce. En gros, seuls ceux qui ont la foi seront sauvés : on dit qu'ils sont prédestinés.

Regardez ce crucifix dit « janséniste » il n'y a pas quelque chose qui vous frappe ? Les bras relevés à la verticale, ce serait une illustration de cette idée de la prédestination : le Christ n'accueille pas à bras ouverts tous les hommes au Paradis, il n'accueille que les élus.

Au contraire pour les Catholiques, il y a ce qu'on appelle le libre arbitre : les Hommes doivent bien se comporter pour mériter le Paradis. Il faut mener une vie pieuse, faire la charité, prier, aller à la messe et se confesser auprès d'un prêtre. On peut même acheter des indulgences pour obtenir la rédemption. C'est là que les Jansénistes et les Protestants trouvent qu'il y a un abus : la crainte de l'Enfer n'est pas un motif moral à leurs yeux.

Disons que pour eux, c'est surtout une question de conviction intime : c'est la foi qui est première, pas les actes. Mais il y a surtout une deuxième raison à cette idée de prédestination : c'est le fruit d'un raisonnement logique ! Si tout événement a une cause, alors tout événement est déterminé. Chaque cause en entraînant une autre, le cours de nos vies est fatal et inévitable, donc prévu par Dieu de toute éternité. L'Homme doit avoir l'humilité de reconnaître qu'il ne maîtrise pas son destin.

Les liens avec la Littérature



Il y a plusieurs liens à la littérature. D'abord, Jean Racine et Blaise Pascal sont des écrivains qui ont été formés à Port-Royal : la pensée janséniste imprègne leurs écrits. Par exemple, la fatalité qui dirige le destin de Phèdre représente très bien l'idée de la prédestination.

Ensuite, l'importance de la raison et du raisonnement logique qui fondent l'idée de prédestination donne aussi l'idée d'un monde qui serait organisé selon un ordre caché. C'est justement une idée qu'on retrouvera partout dans le Classicisme.

Toujours dans un certain accord avec les valeurs du Classicisme, les Jansénistes valorisent la clarté, la sincérité et l'humilité : ils trouvaient notamment que les Jésuites étaient dans l'excès et dans l'hypocrisie. Par exemple, les Jésuites pratiquaient ce qu'on appelle la casuistique, ou l'étude de cas de conscience. Il s'agissait de savoir si telle ou telle action était véritablement un péché. La pureté de l'intention pouvait alors racheter un acte normalement condamnable.

Pour les Jansénistes, tout ça, c'est de l'hypocrisie, il n'y a que la véritable foi qui compte. Molière n'est pas janséniste, mais il se moque des excès de la casuistique dans Tartuffe :
Madame, et je sais l’art de lever les scrupules.
Le ciel défend, de vrai, certains contentements ;
Mais on trouve avec lui des accommodements.
Selon divers besoins, il est une science
D’étendre les liens de notre conscience,
Et de rectifier le mal de l’action
Avec la pureté de notre intention.

Molière, Tartuffe, 1664.

La destruction de Port-Royal



Les Protestants ne reconnaissent pas du tout l'autorité du Pape et la hiérarchie de l'Église, les Jansénistes la reconnaissent, mais ils critiquent le pouvoir trop puissant du Saint-Siège. Du coup, ils sont logiquement opposants à l'absolutisme, qui est fondé sur l'autorité royale de droit divin.

Pendant tout le 17e siècle, les Jansénistes vont former un contre-pouvoir important et seront persécutés. L'abbaye de Port-Royal des Champs est détruite en 1710. Même le cimetière est rasé ! Et vous savez quoi, à ce moment, la dépouille de Jean Racine est emmenée à l'église Saint-Étienne du Mont à Paris.

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