Ponge, La Rage de l’expression, 1952.
« Le Mimosa »
Explication linéaire
Extrait étudié
Je ne choisis pas les sujets les plus faciles : voilà pourquoi je choisis le mimosa. Comme c’est un sujet très difficile il faut donc que j’ouvre un cahier.
Tout d'abord, il faut noter que le mimosa ne m’inspire pas du tout. Seulement, j'ai une idée de lui au fond de moi qu'il faut que j'en sorte parce que je veux en tirer profit. Comment se fait-il que le mimosa ne m’inspire pas du tout — alors qu’il a été l’une de mes adorations, de mes prédilections enfantines ? Beaucoup plus que n'importe quelle autre fleur, il me donnait de l’émotion. Seul de toutes il me passionnait. Je doute si ce ne serait pas par le mimosa qu’a été éveillée ma sensualité, si elle ne s’est pas éveillée aux soleils du mimosa. Sur les ondes puissantes de son parfum je flottais, extasié. Si bien qu’à présent le mimosa, chaque fois qu'il apparaît dans mon intérieur, à mon entour, me rappelle tout cela et fane aussitôt.
Il faut donc que je remercie le mimosa. Et puisque j'écris, il serait inadmissible qu’il n'y ait pas de moi un écrit sur le mimosa.
Mais vraiment, plus je tourne autour de cet arbuste, plus il me paraît que j’ai choisi un sujet difficile. C'est que j’ai un très grand respect pour lui, que je ne voudrais pas le traiter à la légère (étant donné surtout son extrême sensibilité). Je ne veux l’approcher qu`avec délicatesse...
...Tout ce préambule, qui pourrait être encore longuement poursuivi, devrait être intitulé : « Le mimosa et moi. » Mais c'est au mimosa lui-même — douce illusion ! — qu'il faut maintenant en venir ; si l'on veut, au mimosa sans moi…
Introduction
Accroche
Les poètes aiment la symbolique des fleurs. Ronsard aime les roses, Théodore de Banville aime les lys, Apollinaire aime les colchiques… Francis Ponge se dit alors (avec humour) obligé d’écrire sur les fleurs. Il choisit donc le mimosa, petite fleur à pompons jaunes, qui l’a ému dans son enfance, mais ne l’inspire pas du tout.
Situation
Ce texte poétique est original, d'abord parce qu'il revendique une absence d’inspiration, qu’il remplace par des questionnements contradictoires. Les thèmes traditionnels de la poésie sont abordés, mais de manière ironique : la nostalgie, les émotions, l’éveil des sens, qui font l’objet de métaphores amusées. Par ces évocations progressives, le poète invite son lecteur dans son atelier, où il élabore une nouvelle poétique qui consiste à étudier son sujet avec respect, sans s’y projeter soi-même.
Problématique
Comment ce texte poétique sur le mimosa, discutant les thèmes habituels liés aux fleurs, nous donne-t-il les clés d’une poétique humble, sérieuse, qui entend respecter son sujet ?
Axes de lecture pour un commentaire composé
I. Un texte poétique d’une grand originalité
1) Se libérer d’une poésie subjective et inspirée.
2) Une distance humoristique à l’égard de la tradition romantique.
3) La contradiction et le questionnement pour guides.
II. Des thèmes traditionnels abordés avec ironie
1) Un retour dans le passé sans nostalgie.
2) Des émotions imprécises et interrompues.
3) Un regard amusé sur des métaphores traditionnelles.
III. L’élaboration d’une poétique plus respectueuse de son sujet
1) Une invitation dans l’atelier du poète.
2) Vers l’élaboration d’une nouvelle poétique.
3) Une poésie qui respecte son sujet, l’observant sans le saisir.
Mouvements d’une explication linéaire
Le texte est structuré comme une réflexion ou une discussion :
1) D’abord, une démarche qui met en place une nouvelle forme de poésie, éloignée de la pure inspiration.
2) Ensuite, un jeu avec les thèmes poétiques traditionnels : émotion, éveil des sens, nostalgie, qui sont tout de suite interrompus.
3) Enfin, par un jeu d’opposition, la fin du préambule semble signaler le début du poème ou du moins l’affirmation d’une nouvelle poétique.
Premier mouvement :
Questionner le choix d’un sujet
Je ne choisis pas les sujets les plus faciles : voilà pourquoi je choisis le mimosa. Comme c’est un sujet très difficile il faut donc que j’ouvre un cahier.
Tout d'abord, il faut noter que le mimosa ne m’inspire pas du tout. Seulement, j'ai une idée de lui au fond de moi qu'il faut que j'en sorte parce que je veux en tirer profit. Comment se fait-il que le mimosa ne m’inspire pas du tout — alors qu’il a été l’une de mes adorations, de mes prédilections enfantines ?
Une démarche qui met de côté l’inspiration traditionnelle du poète
• La négation « je ne choisis pas » atténue le superlatif « les plus faciles ». C’est une litote (l’atténuation renforce l’idée) : « c’est un sujet très difficile ».
• Il s’apprête à noter ses idées « Tout d’abord », mais la phrase retombe avec la nouvelle négation « le mimosa ne m’inspire pas du tout ». Cette négation « pas du tout » est redoublée.
⇨ Francis Ponge n’a pas l’attitude d’un poète inspiré, il est guidé par d’autres valeurs.
Quels sont les moteurs qui remplacent l’inspiration ?
• L’inspiration est remplacée par le devoir « il faut » (forme impersonnelle), qui revient trois fois.
• Le poète se doit de parler des fleurs alors « je choisis le mimosa ». Cette injonction semble provenir d’une longue Histoire Littéraire !
• Mais il dit vouloir « en tirer profit » (ce n’est pas ce que dirait un poète guidé par l’inspiration). Quel est donc le « profit » recherché ?
• L’inspiration est remplacée par une certaine « ouverture » : il ouvre, non pas son imagination, mais « un cahier ».
⇨ Peut-être que c’est justement le cahier de notes que nous lisons. Francis Ponge nous invite dans l’atelier du poète artisan.
Le poète met alors en place un dialogue implicite où il justifie ses choix.
• Le lien logique de cause avec le présentatif donne l’impression d’un débat : « voilà pourquoi ».
• Les liens logiques de conséquence sont redoublés « comme » et « donc ».
• Pour justifier son choix, il insiste sur sa subjectivité, avec la première personne « au fond de moi », repris par le pronom adverbial « en ».
• Il multiplie les possessifs « mes adorations … mes prédilections ».
• Le tiret long et le lien d’opposition « — alors que » semblent bien organiser un dialogue, donner la parole à une autre personne, un lecteur, ou un autre lui-même qui viendrait le contredire.
⇨ Le dialogue et la contradiction vont donc servir de tremplin, remplacer l’inspiration traditionnelle.
En faisant cela, il produit une autre forme de poésie
• D’une certaine manière, le mimosa est déjà personnifié avec le pronom personnel « j’ai une une idée de lui ».
• Ce terme « idée » produit déjà une allégorie (une abstraction qui prend une forme matérielle).
• L’inspiration est relancée par la question ouverte « Comment se fait-il… ? » richesse de l’infinité des réponses possibles.
⇨ Le poète est guidé par une richesse d’interprétation qui ne dépend pas de son inspiration ou de thèmes traditionnels en poésie.
Des thèmes traditionnels évoqués avec distance
• Le passé composé « il a été » (révolu, qui a des conséquences sur le présent) donne tout son mystère à l’objet poétique.
• Avec humour, on retrouve l’inspiration habituelle du poète « mes adorations, mes prédilections ».
• Mais c’est une épanorthose (il se reprend et se corrige) : la prédilection est moins forte que l’adoration.
• Ces « prédilections » sont « enfantines » l’adjectif a une dimension péjorative : il nous laisse attendre une plus grande maturité.
⇨ Francis Ponge nous annonce une méthode moins « enfantine » que celle des romantiques.
Deuxième mouvement :
Un jeu avec les thèmes poétiques traditionnels
Beaucoup plus que n'importe quelle autre fleur, il me donnait de l’émotion. Seul de toutes il me passionnait. Je doute si ce ne serait pas par le mimosa qu’a été éveillée ma sensualité, si elle ne s’est pas éveillée aux soleils du mimosa. Sur les ondes puissantes de son parfum je flottais, extasié. Si bien qu’à présent le mimosa, chaque fois qu'il apparaît dans mon intérieur, à mon entour, me rappelle tout cela et fane aussitôt.
Il faut donc que je remercie le mimosa. Et puisque j'Ă©cris, il serait inadmissible
qu’il n'y ait pas de moi un écrit sur le mimosa.
Le poète donne une grande importance au mimosa dans le passé
• Analepse (retour dans le passé) le poète se revoit enfant. Imparfait d’habitude révolue « me donnait … me passionnait ».
• Le mimosa est personnifié par pronom personnel de troisième personne suivi d’un verbe d’action « il me donnait ».
• Tandis que la première personne est objet des actions « il me donnait … il me passionnait ».
• Importance du passé composé qui a des conséquences dans le présent « a été éveillée » cela explique qu’il soit devenu poète…
⇨ Selon les critères du passé, le mimosa possède une grande force d’évocation poétique.
L’émotion est une thématique centrale en poésie
• Mais le partitif « de l’émotion » reste imprécis : de quelle émotion parle-t-il ? C’est un hyperonyme (mot qui catégorise et reste imprécis).
• La phrase courte insiste : le poète se doit de parler de fleurs, il choisit donc le mimosa « seul de toutes il me passionnait ».
• Alors que la fleur est souvent une muse (au féminin), ici le mimosa revient au masculin « seul de toutes ».
⇨ Ces thèmes poétiques sont présents, mais avec une étrange distance.
Le poète garde ses distances avec les évocations poétiques
• Interrogative indirecte « je doute si » est suivie d’une négation « ce ne serait pas » : c’est une question rhétorique (elle n’attend pas de réponse) c’est une évidence : les fleurs éveillent la sensualité.
• Les exemples littéraires sont nombreux, les Fleurs du Mal de Baudelaire, les « catleya » de Proust.
• Conditionnel « ce ne serait pas » thème parfait pour un poème qu’il aurait pu écrire.
⇨ Les thèmes poétiques sont présents, mais le poète s’amuse à les développer sans les prendre au sérieux.
Le thème de l’éveil des sens est développé avec humour
• L’hypothèse est répétée deux fois avec le verbe « éveillé ». Il développe l’image poétique en reformulant sa phrase (épanorthose).
• La sensualité semble avoir une vie propre avec la voix pronominale « s’éveiller ».
• Le pluriel souligne la métaphore qui transforme la fleur jaune en soleil « aux soleils du mimosa ».
• Le CC de lieu « sur les ondes puissantes » construit une deuxième métaphore : le parfum devient une vague.
⇨ Au lieu de filer la métaphore, il développe un autre stéréotype : malice du poète qui joue avec les stéréotypes.
Les images poétiques sont étrangement exagérées
• Verbe en fin de phrase « je flottais, extasié » l’image poétique n’a pas de profondeur, l’émotion est un simple flottement.
• Hexasyllabes « sur les ondes puissantes … je flottais extasié » nous ferait lire « extasié » en quatre syllabe avec la diérèse.
• Polysémie « mon intérieur » pourrait désigner l’intériorité du poète. Mais il se reprend « à mon entour » (épanorthose) : c’est-à -dire, à l’entour, dans la même pièce que lui.
⇨ Le poète s’amuse à décevoir les attentes de son lecteur. Les émotions attendues sont aussitôt interrompues, notamment la nostalgie, le passage du temps.
L’évocation des souvenirs n’aura pas lieu
• Le retour dans le présent « à présent » implique la nostalgie.
• La thématique très riche du souvenir « il me rappelle » est tout de suite interrompue par le pronom très vague « tout cela ».
• Alors qu’on pourrait attendre un développement de « tout cela », la phrase se termine : « fane aussitôt ».
• Référence aux vanités, et à la thématique de la fleur qui « fane » chez Ronsard (les roses).
• Mais l’adverbe temporel « aussitôt » termine la phrase abruptement.
⇨ Cette interruption du déroulement attendu du poème crée un effet d’absurdité : pourquoi les mimosa fanent-ils ?
Le mimosa prend alors une autre dimension symbolique
• La subordonnée circonstancielle de conséquence « si bien que » interroge la logique du passage : « l’extase » passée fane les fleurs présentes ? Image plus absurde que poétique.
• Le lien logique de conséquence est mystérieux « il faut donc que je remercie » pour quelle raison ? Le mimosa s’est sacrifié pour lui ?
• Forme impersonnelle « Il faut donc » : le devoir est en fait un héritage du passé. Le poète moderne fait mine de se croire obligé d’écrire encore sur les fleurs, alors que tout a déjà été dit.
⇨ Tout le texte s’amuse avec les traditions, le poète continue de les évoquer, mais pour mieux s’en libérer.
Un poète qui se libère des traditions poétiques
• Le lien de cause « puisque j’écris » est ironique : être poète lui impose des passages obligés.
• La négation lexicale est très forte « inadmissible » : personne ne peut admettre qu’un poète n’écrive pas au moins sur une fleur.
• Le conditionnel et le subjonctif viennent donc rendre cette action très improbable : le fait de ne pas écrire sur le mimosa.
⇨ Le poète est donc sur le point d’écrire un poème sur le mimosa, mais il ne l’a toujours pas commencé.
Ce préambule n’est-il pas déjà un poème sur le mimosa ?
• Le mot « mimosa » revient sans cesse : il s’agit bien d’un écrit sur le mimosa.
• Le terme est très général « un écrit » au lieu de dire « un poème ». Il laisse le lecteur apprécier si cet écrit a une valeur poétique.
• L’article « un écrit » peut tout aussi bien être indéfini ou numéral : il doit au moins écrire un texte.
⇨ Ce texte joue avec la figure de la prétérition (dire en affirmant qu’on ne va pas dire). Pour être exact, il l’inverse (ne pas dire ce qu’il affirme dire).
Troisième mouvement :
La fin d’un préambule, le début d’un poème ?
Mais vraiment, plus je tourne autour de cet arbuste, plus il me paraît que j’ai choisi un sujet difficile. C'est que j’ai un très grand respect pour lui, que je ne voudrais pas le traiter à la légère (étant donné surtout son extrême sensibilité). Je ne veux l’approcher qu`avec délicatesse…
…Tout ce préambule, qui pourrait être encore longuement poursuivi, devrait être intitulé : « Le mimosa et moi. » Mais c'est au mimosa lui-même — douce illusion ! — qu'il faut maintenant en venir ; si l'on veut, au mimosa sans moi…
Un travail d’élaboration difficile
• Le premier lien d’opposition « mais vraiment » nous fait revenir au début « j’ai choisi un sujet difficile ».
• Les verbes de mouvement insistent sur ce mouvement en boucle « tourner autour … approcher ».
• La structure corrélative « plus … plus » décrit ces tours effectués pour s’approcher du sujet.
• Le présente dénonciation « je tourne » révèle bien que ce préambule est déjà une poésie en pleine élaboration.
• L’expression « tourner autour du pot » et le verbe « tourner » évoquent le travail de l’artisan potier.
⇨ Francis Ponge revendique ce travail d’élaboration, qu’il oppose à une autre forme de poétique.
Deux mouvements différents, deux poétiques opposées
• Les verbes de mouvement « approcher … venir » suggèrent en effet que l’on vient patiemment à la rencontre du sujet.
• Ce mouvement progressif s’oppose au verbe « poursuivre » qui reste dans « l’illusion » de pouvoir saisir l’objet.
• La distinction est mise en valeur par l’exclamation au discours direct « douce illusion ! » : il s’agit d’approcher mais pas de saisir.
• Le démonstratif « cet arbuste » qui le met devant nos yeux s’oppose alors à « ce préambule ».
⇨ Ce préambule était encore marqué par les présupposés d’une poétique ancienne : émotion, nostalgie, sensualité, inspiration.
L’élaboration d’une poétique nouvelle
• Les points de suspension viennent interrompre « …Tout ce préambule » qui poursuit une illusion.
• Ce prolongement est d’ailleurs mis au conditionnel « pourrait être ».
• L’interruption est salutaire : l’ennui est perceptible dans le redoublement des adverbes « encore longuement ».
• Puis un lien d’opposition confirme le basculement « Mais c’est au mimosa lui-même qu’il faut maintenant en venir. »
• Le complément circonstanciel de temps « maintenant » annonce la mise en pratique d’une poétique différente.
⇨ Quelles sont donc les caractéristiques de cette nouvelle poétique revendiquée par Francis Ponge ?
La mise en place d’une poétique nouvelle
• Le verbe « vouloir » est d’abord à la négative et au conditionnel « je ne voudrais pas ».
• C’est une litote : la double négation renforce le propos : « je ne voudrais pas traiter à la légère » signifie : je veux traiter sérieusement.
• Et effet la forme négative laisse place à une assertion « je veux ».
• Le CC de manière est exprime une restriction « qu’avec délicatesse » : Francis Ponge demande à son lecteur beaucoup de subtilité.
• Le lecteur est d’ailleurs lui-même bientôt impliqué dans cette volonté de l’auteur avec le pronom indéfini « si l’on veut ».
⇨ Comment mettre en place une poétique si sérieuse et délicate ?
Une poétique qui respecte son sujet
• Le lien logique de cause « C’est que j’ai un très grand respect » est renforcé par l’adverbe intensif.
• La parenthèse donne au mimosa une certaine susceptibilité « étant donné surtout son extrême sensibilité ». Il faut donc l’aborder avec diplomatie et humilité.
• Le nom commun « sensibilité » a plusieurs sens (polysémie) : elle a une dimension biologique, psychologique, mécanique, etc. (sensibilité d’un organe, d’une intelligence, d’un capteur…)
⇨ Ces principes vont amener le poète à se mettre soi-même de côté.
La difficulté est de savoir se mettre soi-même de côté
• Ponge donne un titre fictif au poème qu’il aurait pu écrire « Le mimosa et moi ». C’est l’ancienne poétique
• Puis il propose une alternative : parler enfin du « mimosa lui-même ».
• Mais c’est encore une « douce illusion ». Il se corrige et se reprend (épanorthose) : le « mimosa lui-même » devient alors le « mimosa sans moi » : débarrassé des émotions de l’observateur lui-même.
⇨ Face à l’ancienne poésie marquée par la subjectivité du poète, Ponge revendique une poésie plus humble, qui approche son sujet avec autant d’humilité que de rigueur, favorisant la richesse des points de vue.
Conclusion
Bilan
• D’une manière générale, les textes de ce recueil La Rage de l’expression sont profondément originaux : ils nous donnent à voir une poésie en pleine élaboration, et pourtant, ils sont eux-mêmes des objets poétiques.
• Le mimosa apparaît donc comme un prétexte pour aborder tous les thèmes traditionnels de la poésie, liés aux fleurs : émotions, éveil des sens, nostalgie de l’enfance… Mais tous ces thèmes sont abordés avec une certaine ironie.
• En effet, il s’agit pour Francis Ponge de faire la démonstration d’une autre poésie. Il élabore sous nos yeux une poétique qui entend respecter son sujet : le poète, mettant de côté sa subjectivité, s’approche de son sujet avec beaucoup de sérieux et de précautions.
Ouverture
À la même époque, d’autres poètes interrogent ces processus de création, mettant de côté la pure inspiration. On peut penser au travail de Raymond Queneau par exemple :
L'herbe : sur l'herbe je n'ai rien Ă dire
mais encore quels sont ces bruits
ces bruits du jour et de la nuit
Le vent : sur le vent je n'ai rien Ă dire
Raymond Queneau, ChĂŞne et chien, 1961.
Pierre Bonnard, Mimosa, 1915.