Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des mondes
Citations choisies
Voici les citations qui illustrent le mieux les Entretiens sur la pluralité des mondes de Fontenelle ! Pour mieux t’y retrouver, je les ai classées selon 4 thèmes clés qui éclairent ce projet génial : donner le goût de la science.
1) Vulgarisation
Pour parler des Sciences, Fontenelle veut Ă la fois instruire et plaire :
J'ai voulu traiter de philosophie d'une manière qui ne fût point philosophique [...] ni trop sèche pour les gens du monde, ni trop badine pour les savants.
(Préface)
Ainsi, un grain de folie se trouve bien dans son ouvrage, plaisant pour la marquise, et pour les lecteurs :
— Puisque votre folie est si agréable, donnez-la moi, je croirai sur les étoiles tout ce que vous voudrez, pourvu que j'y trouve du plaisir.
(Premier soir)
Fontenelle se fait parfois visionnaire, imaginant les voyages dans l’espace par exemple :
— L'art de voler ne fait encore que naître, il se perfectionnera, et quelque jour on ira jusqu'à la Lune. Prétendons-nous avoir découvert toute chose ?
(Second soir)
2) Principes scientifiques
Cependant, s’il fait appel à l’imagination, Fontenelle rappelle que chaque hypothèse doit être fondée raisonnablement :
Je n'ai rien voulu imaginer [...] qui ne fût entièrement impossible, [...] et les visions que j'ai ajoutées à cela, ont quelque fondement réel.
(Préface)
Les scientifiques sont aussi philosophes à l’époque : ils veulent comprendre le réel, sans se fier aux apparences trompeuses.
Ainsi les vrais philosophes passent leur vie à ne point croire ce qu’ils voient, et tâcher de deviner ce qu’ils ne voient point.
(Premier soir)
Fontenelle explique comment la méthode scientifique progresse de déduction en déduction, avec une rigueur mathématique :
Vous ne sauriez accorder si peu de chose à un amant que bientôt [...] il ne faille lui en accorder davantage. [...] De même accordez à un mathématicien le moindre principe, il va vous en tirer une conséquence, qu’il faudra que vous lui accordiez aussi.
(Second soir)
3) Métaphores pédagogiques
Ainsi le vulgarisateur utilise des analogies, des images, qui illustrent ces raisonnements pas Ă pas :
Les vrais philosophes sont comme les éléphants, qui en marchant ne posent jamais le second pied à terre, que le premier n’y soit bien affermi.
(Sixième soir)
Autre exemple : Fontenelle décrit l’univers comme un Opéra où les mécanismes sont cachés en coulisse :
La nature est un grand spectacle qui ressemble à celui de l’opéra. Du lieu où vous êtes [...] vous ne voyez pas le théâtre tout à fait comme il est [...] on cache à votre vue ces roues [qui font]les mouvements.
(Premier soir)
Il file alors la métaphore de l’horlogerie :
— On veut que l’univers ne soit en grand, que ce qu’une montre est en petit, et que tout s’y conduise par des mouvements réglés.
(Premier soir)
4) Variation des points de vue
Ces découvertes nous invitent à adopter d’autres points de vue. Celui des habitants d’autres planètes par exemple :
Les habitants de Mercure [...] voient le Soleil neuf fois plus grand que nous ne le voyons ; il leur envoie une lumière si forte [...] qu’ils [prendraient] nos plus beaux jours pour de [...] faibles crépuscules.
(Quatrième soir)
L’invention du télescope et du microscope met en perspective notre perception de l’univers :
Une feuille d’arbre est un petit monde habité par des vermisseaux invisibles, à qui elle paraît d’une étendue immense [...] et qui, d’un côté de la feuille à l’autre, n’ont pas plus de communication avec les autres vermisseaux qui y vivent que nous avec nos antipodes.
(Troisième soir)
Fontenelle rappelle que la découverte de peuples vivant de l’autre côté de la terre, aux antipodes, a des conséquences philosophiques :
— Madame, ces antipodes là qu'on a trouvés contre toute espérance, devraient nous apprendre à être retenus dans nos jugements.
(Second soir)
Heinrich Vogtherr le Jeune, Ballon d'or, 1552.