Couverture pour Pour un oui pour un non

Sarraute, Pour un oui pour un non
Sujet de dissertation analysé




Imaginons que nous avons ce sujet le jour du bac :
► Dans la pièce de Nathalie Sarraute, la dispute au théâtre permet-elle de faire émerger une vérité ?

Pour aborder n’importe quel sujet de dissertation au bac de français, on applique toujours la même méthode, qui permet de bien répondre aux attentes du correcteur : quelques étapes simples que je décris en détail dans mon manuel Annabac. Qu’est-ce que nous avons ici ?

Analyse du sujet



1. Délimiter le sujet



C’est un sujet auquel on peut répondre par « oui, mais » : il suggère une thèse (la dispute fait émerger une vérité), qu’on va pouvoir discuter et remettre en cause en questionnant à la fois la dispute au théâtre, et la notion de vérité. Donc maintenant, comment analyser ces mots clés du sujet ?

2. Repérer les termes clés



D’abord on reconnaît tout de suite le parcours travaillé tout au long de l’année : « Théâtre et dispute ». Donc on sait déjà que cette dispute est d’abord une discussion qui implique différentes formes de dialogue plus ou moins houleux. C’est une notion qu’on va pouvoir discuter notamment en deuxième partie.

Ensuite, le deuxième terme clé du sujet : la notion de vérité. Comme c’est une notion philosophique, on ne va pas non plus essayer de trouver une vérité absolue, on va rester modestes !

Mais tout de même, on voit bien émerger au moins une double vérité : un oui et un non, deux notions de bonheur qui s’opposent à travers les deux points de vue de H1 et H2. La question est donc surtout ce que va en faire le spectateur. Ce que la confrontation nous montre.

Si vous connaissez un peu la pièce, vous savez que Nathalie Sarraute essaye d’impliquer son spectateur de différentes manières.

3. Reformuler le sujet



Voilà donc trois formulations du sujet qui conservent bien l’aspect dialectique :
• Est-ce que la dispute représentée dans cette pièce nous permet d’atteindre une vérité ?
• La pièce de Nathalie Sarraute s’efforce-t-elle avant tout de dégager une vérité par la dispute ?
• Dans quelle mesure cette pièce permet-elle d’atteindre une vérité en mettant en scène une dispute au théâtre ?

4. Élaboration du plan



Le plan maintenant. Pour la thèse de départ, on va être obligés de partir sur une vérité double, puisque c’est vraiment le cœur de la pièce. Je propose donc en première partie :
► D’abord, dans un premier temps la dispute entre les deux amis permet au moins de mettre à jour deux visions du bonheur opposées. Maintenant, on est prêts à débattre !

Dans la deuxième partie, on discute et on approfondit les notions du sujet (dispute et vérité). Voilà un bon exemple de deuxième partie :
► Cependant, le dialogue au théâtre n’est pas qu’une simple dispute : par des procédés variés, le dialogue fait avancer la discussion sans pour autant faire émerger une vérité définitive.

Enfin, dans la troisième partie, on s’interroge surtout sur le projet littéraire de Nathalie Sarraute elle-même : pourquoi ce théâtre, pourquoi cette forme de dispute ? Quel effet sur le spectateur ? Voilà une idée de troisième partie :
► Enfin, la mise en scène théâtrale de cette discussion pleine de rebondissements implique surtout le spectateur, pour l’amener à comprendre des points de vue opposés et réfléchir au sens de l’amitié.

I. Une dispute qui révèle deux visions opposées



1) Des effets de symétrie


Le titre, le nom des personnages, la structure de la pièce révèlent des effets de miroir.
H.1 : Mais oui, tu sais le dire aussi... en tout cas l'insinuer... C'est biiien... ça...

2) Des images fortes


Les personnages utilisent des images fortes dans la dispute : la souricière, Blanche-neige.
H.2. : Et le miroir répond : « Oui, tu es belle, très belle, mais il y a là-bas, dans une cabane au fond de la forêt, une petite princesse encore plus belle... »

3) Deux camps s’affrontent


Leur souvenir d’alpinisme fait surgir des émotions d’une rare violence.
H.2 : Ah oui. Je m'en souviens... J'ai eu envie de te tuer.
H.1 : Et moi aussi. Et tous les autres, s'ils avaient pu parler, ils auraient avoué qu'ils avaient envie de te pousser dans une crevasse…


II. Des formes de dialogue variées qui ne mènent à aucune vérité définitive



1) Une variété de formes de dialogue


Les personnages cherchent leurs mots, s’écoutent, font des concessions.
H.1: Vraiment, tu le crois ? Tu penses que je t'ai tendu un piège ?
H.2 : Oh, tendu... j'ai exagéré. Il est probable que tu ne l'as pas tendu au départ.


2) Une recherche au-delà des mots


Les intonations, les gestes, les non-dits trahissent des tropismes.
Des mouvements indéfinissables, qui glissent très rapidement aux limites de notre conscience ; à l'origine de nos gestes, de nos paroles...
Sarraute, L'Ère du Soupçon, 1956.

3) Aucune vérité définitive


Les mots prennent des sens différents selon les personnages, le mystère persiste.
H.1 : Un bonheur sans nom ?
H.2 : Ni sans nom ni avec nom. Pas un bonheur du tout.


III. Le spectateur impliqué dans la recherche d'une vérité



1) L’implication du spectateur


La parole des autres intervient mais laisse le spectateur se faire son opinion.
H.2 : À quoi bon ? Je peux tout te dire d'avance… [...] Eh bien [...] Qu'est-ce qu'ils racontent ? Quelles taupes ? Quelles pelouses ? Quels sables mouvants ?

2) Des enjeux humains


Tout le monde peut reconnaître en soi les oppositions qui sont représentées.
À la limite ça aurait pu être presque la même personne [...] Nous avons tous des tendances contradictoires qui luttent entre elles.
Entretien sur Pour un oui pour un non, 1986.

3) Une réflexion sur l’amitié


Le spectateur peut s’interroger sur ce qui a vraiment détruit cette amitié : les différences, ou le manque de tolérance ?
H.1: Oui, aucun doute possible, aucune hésitation : déboutés tous les deux.



⇨ * SARRAUTE, 𝘗𝘰𝘶𝘳 𝘶𝘯 𝘰𝘶𝘪 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘶𝘯 𝘯𝘰𝘯 ⏱️ Sujet de dissertation (fiche Instagram téléchargeable PDF) *

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