Corneille, Le Cid
Acte IV, scĂšne 3
Explication linéaire
Introduction
Le Cid est un personnage qui a rĂ©ellement existĂ© dans lâEspagne du 11e siĂšcle, câĂ©tait un mercenaire chrĂ©tien qui a combattu lors de la Reconquista, cette longue guerre qui opposa les Espagnols et les Musulmans pour la domination de la pĂ©ninsule ibĂ©rique.
Quand je dis mercenaire, cela veut bien dire ce que ça veut dire : Le Cid sâest battu aussi bien du cĂŽtĂ© chrĂ©tien que du cĂŽtĂ© musulman. Câest dâailleurs peut-ĂȘtre comme cela quâil a acquis ce surnom de Cid, qui pourrait provenir de lâarabe Sayid ou CaĂŻd, ce qui signifie Seigneur, ou Commandant.
Dans la querelle du Cid qui fut tranchĂ©e par lâacadĂ©mie française, que Richelieu venait de fonder, on a beaucoup reprochĂ© Ă Corneille dâavoir utilisĂ© un sujet espagnol. En effet, traditionnellement les dramaturges se basent sur des sujets antiques. En plus, Ă cette Ă©poque, la France Ă©tait en guerre contre lâEspagne.
Quoi quâil en soit, Corneille ne garde pour son Ćuvre que la dimension Ă©pique du personnage. Le jeune Rodrigue vient de remporter sa premiĂšre grande victoire. Câest le roi lui-mĂȘme qui vient de lui donner cette appellation du Cid, qui apparaĂźt du coup comme un titre honorifique.
Rodrigue va maintenant raconter la bataille devant le roi. Câest un rĂ©cit qui appartient au registre Ă©pique. Dans lâauditoire, nous avons aussi son pĂšre Don DiĂšgue, ainsi que deux autres gentilshommes castillans. Mais bien sĂ»r, lâenjeu est aussi de captiver la salle pleine de spectateurs. Or il est trĂšs difficile de reprĂ©senter un rĂ©cit au thĂ©Ăątre. La mise en scĂšne est forcĂ©ment limitĂ©e : tout doit passer par les mots.
Ainsi, Rodrigue va devoir utiliser des procĂ©dĂ©s de narration variĂ©s pour dĂ©peindre les pĂ©ripĂ©ties de la bataille. Donner Ă voir une scĂšne, avec une peinture saisissante, câest une figure de style, quâon appelle lâhypotypose : une description vivante et animĂ©e pour frapper un auditoire. Toute la tirade du Cid peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une hypotypose.
Problématique
Comment Rodrigue parvient-il Ă captiver son auditoire avec un rĂ©cit de bataille, qui utilise les ressorts du registre Ă©pique et de lâhypotypose.
Axes utiles pour un commentaire composé
> Rodrigue adresse son rĂ©cit Ă un auditoire quâil va essayer de captiver et dâimpressionner.
> Câest un rĂ©cit Ă©pique oĂč il met en scĂšne une bataille, la confrontation entre deux armĂ©es ennemies.
> La longue tirade est notamment Ă©coutĂ©e par le roi, alors Rodrigue va mettre en valeur sa stratĂ©gie militaire, qui lâa menĂ© Ă la victoire.
> Pour célébrer cet exploit militaire, il va mettre en avant des valeurs partagées de courage et de bravoure.
> Ces actions sont difficiles Ă reprĂ©senter au thĂ©Ăątre, Rodrigue utilise alors des procĂ©dĂ©s de narration particuliers, notamment ceux de lâhypotypose.
> Par ailleurs, les effets de mouvement et de rythme, dramatisent le récit, et créent un effet de suspense.
> Enfin, les jeux dâombre et de lumiĂšre, qui reprĂ©sentent le passage du temps, favorisent lâimmersion des spectateurs.
Premier mouvement :
Mettre en place un récit captivant
Sous moi donc cette troupe s'avance,
Et porte sur le front une mĂąle assurance.
Nous partĂźmes cinq cents ; mais par un prompt renfort
Nous nous vĂźmes trois mille en arrivant au port,
Tant, Ă nous voir marcher avec un tel visage,
Les plus épouvantés reprenaient de courage !
Dans cette tirade, Rodrigue fait un rĂ©cit Ă son auditoire, il va leur raconter la bataille quâil vient de gagner. Il commence avec un prĂ©sent de narration, qui implique directement ses auditeurs. Dâabord il se dĂ©peint en train dâavancer, puis il revient sur le dĂ©part. Câest ce quâon appelle une analepse : un retour en arriĂšre dans le passĂ©, au cinĂ©ma, on dirait un flash-back.
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