Ma méthode pour réussir
la dissertation au bac de français
Vous êtes élève de seconde ou de première et vous préparez le bac de français ? Dans cette vidéo, je vous propose une méthode, étape par étape, conforme aux critères de notation de l’Éducation nationale utilisés par les correcteurs.
Cette méthode, je l’ai élaborée avec les élèves et leurs professeurs, pour qu’elle soit la plus simple et efficace possible. Elle a été testée avec bonheur par des milliers d’élèves, qui ont rapidement pris confiance en eux, et décroché les meilleures notes.
Dans l’ouvrage que j’ai publié chez Hatier, j’applique cette méthode pas à pas sur les œuvres au programme, en adoptant les sujets les plus probables au vu des parcours.
Commençons par le plus stratégique : l’organisation du temps le jour J, le but étant de réaliser une dissertation parfaite en 4h ou moins. Ensuite, je détaillerai les 4 étapes clés de ma méthode.
Organiser son temps
Une bonne gestion de votre temps durant l’épreuve est le secret pour faire décoller vos notes. Voici une formule simple à appliquer : passer la moitié du temps au brouillon et l’autre moitié à rédiger au propre, soit 2 heures et 2h, avec la possibilité de déborder un peu sans inquiétude.
Pour faciliter au maximum la rédaction, voici mon secret : réaliser deux brouillons. Le premier pour trouver les idées, le deuxième pour les organiser.
2 h pour réaliser 2 brouillons
On reprend la même formule : la moitié du temps (1 heure) pour élaborer un premier brouillon, et l’autre moitié (1 heure) pour trier et organiser ses idées, en vue de faciliter ensuite la rédaction au propre.
Le premier brouillon se divise en deux : l’analyse du sujet fait ressortir les notions clés qui vont cadrer la problématique et le plan. Je vous expliquerai un peu plus tard comment procéder face à n’importe quel sujet : vous verrez alors qu’avec un peu d’entraînement, cela peut même prendre moins d’une demi-heure !
Ensuite, 30 minutes pour mobiliser toutes les idées en rapport avec le sujet, qui répondent à la problématique identifiée. Fin de la première heure : le premier brouillon est terminé !
Il reste ensuite 1 heure pour réaliser le deuxième brouillon. Tout d’abord : 30 minutes pour trier et organiser les idées sous forme de plan détaillé ; puis 30 minutes pour rédiger l’introduction, la conclusion et les transitions au crayon à papier. Nous voilà prêts à passer au propre.
2 h pour rédiger au propre
15 minutes pour recopier l’introduction et la conclusion sur deux feuilles définitives. Il vaut mieux en effet abréger la dernière partie si le temps manque en fin d’épreuve, plutôt que de perdre les précieux points de la conclusion !
Ensuite, on prend une bonne heure et demie pour rédiger le développement au fil de la plume. Une bonne pratique consiste à profiter de chaque transition pour relire la partie qu’on vient d’écrire. C’est aussi le moment de corriger l’orthographe et de se remémorer le fil du raisonnement avant de continuer.
Pendant les 5 dernières minutes, on s’offre une relecture spéciale pour la syntaxe : il suffit d’une virgule, d’un point ou d’un mot oublié pour rendre une idée bancale. Enfin, on finalise la copie : l’en-tête, les numéros de pages. C’est parfait !
Passons maintenant aux 4 étapes clés qui nécessitent un peu de méthodologie : la première consiste à analyser le sujet pour bien cadrer le raisonnement qui doit répondre à une problématique claire.
Étape 1 : Analyser le sujet
Avant toute chose, il s’agit de repérer les termes clés du sujet. Vous allez voir que tous les sujets proposent une caractérisation de l’œuvre, regardons ça maintenant.
Repérer les termes clés du sujet
Ces termes ne sont jamais une surprise : ils reprennent de manière assez évidente un élément clé de l’œuvre, de l’objet d’étude, du parcours. Regardons, par exemple, ce sujet sur Le Malade Imaginaire tombé au bac en 2023 : « La maladie d’Argan dans Le Malade imaginaire de Molière n’engendre-t-elle qu’un spectacle comique ? »
On vous invite à vous focaliser sur un aspect de l’œuvre : « la maladie » qui figure dans le titre (une maladie imaginaire). Ensuite, en lien avec l’objet d’études « le théâtre », on interroge la notion du parcours : « spectacle et comédie ». Le sujet vous demande donc si la maladie imaginaire d’Argan est seulement mise en scène pour faire rire les spectateurs.
Voici un autre exemple : parfois, la caractérisation proposée par le sujet semble s’éloigner des notions du parcours, ou de l’objet d’étude. Mais cet écart doit vous mettre sur la bonne piste. Regardons, par exemple, ce sujet du bac 2023 sur La Peau de chagrin : « Peut-on lire La Peau de chagrin comme le tableau d’un monde exténué ? »
La notion « d’exténuation » rappelle le mot « destruction » du parcours « Romans de l’énergie : création et destruction ». Le sujet vous invite donc à interroger cette caractérisation : est-ce que ce roman représente une société à bout de souffle où le principe de destruction a déjà triomphé ?
Troisième exemple. Parfois, la caractérisation de l’œuvre croise plusieurs notions. En 2023, c’était le cas du sujet sur La Bruyère : « En quoi, dans les livres V à X des Caractères, l’art de la mise en scène sert-il le projet du moraliste ? ».
Pour cette œuvre, le parcours était « la comédie sociale » : on retrouve bien cela dans une première notion, l’ « art de la mise en scène ». Ces procédés empruntés au théâtre seraient au service d’un « projet de moraliste ». L’objet d’étude « La littérature d’idées » implique effectivement une visée morale. Ce sujet nous amène à nous demander comment, dans Les Caractères, les procédés empruntés au théâtre permettent de transmettre un message moral.
Après avoir bien identifié les notions du sujet en s’appuyant sur les mots-clés, nous allons nous assurer de leurs limites. Peut-on les discuter ? les déborder ? Quel cadre faut-il respecter pour éviter le hors-sujet ? C’est ce que nous allons voir tout de suite.
Interroger les limites du sujet
• Le plus souvent, le sujet nous invite à discuter une thèse : la réponse va prendre la forme d’un « oui, mais ». Nous partons de la caractérisation de l’œuvre proposée, pour la nuancer, la dépasser, et aller plus loin : cela conduit à un plan dialectique.
Voici les formulations qui appellent un plan dialectique :
« Peut-on dire, considérer que … ? »
« Dans quelle mesure… ? »
« Pensez-vous que / Votre lecture correspond-elle à [telle caractérisation de l’œuvre] ? »
Nous retrouvons ici la formulation de nos deux premiers sujets :
« La maladie d’Argan dans Le Malade imaginaire de Molière n’engendre-t-elle qu’un spectacle comique ? »
— Oui, mais pas seulement, la maladie imaginaire d’Argan nous fait réfléchir sur des sujets graves.
« Peut-on lire La Peau de chagrin comme le tableau d’un monde exténué ? »
— Oui, mais c’est insuffisant pour caractériser ce roman dynamique, qui évoque à la fois les thèmes de la création et de la destruction !
Notez bien que la plupart des sujets proposés ces dernières années suivent ce modèle.
• Dans un second cas, le sujet vous invite à illustrer une thèse. Il est alors conseillé d’adopter un plan thématique en dégageant deux ou trois points qui confirmeront la caractérisation proposée.
Voici quelques formulations qui appellent un plan thématique :
« En quoi l’œuvre correspond-elle à [cette caractérisation] ? »
« Comment [cette caractérisation] rend-elle compte de votre lecture ? »
« Montrez que l’œuvre correspond à [telle caractérisation]. »
Ce type de sujet est de plus en plus rare, mais on reconnaît ici notre sujet sur La Bruyère.
« En quoi l’art de la mise en scène sert-il le projet du moraliste, dans Les Caractères ? »
— La mise en scène sert le projet du moraliste de différentes manières.
Comme vous le voyez, l’analyse du sujet fait automatiquement surgir une problématique, ce qui nous conduit logiquement à l’élaboration du plan.
Étape 2 : Élaborer le plan
Ce qui va vous distinguer des autres candidats et vous permettre d’atteindre 20 / 20, c’est votre capacité à faire de votre plan un véritable raisonnement.
Le secret pour produire un véritable raisonnement, c’est de structurer votre pensée en 3 temps. Ensuite, à vous de voir, en fonction de la richesse des exemples dont vous disposez, si vous organisez chacune de ces 3 étapes en deux ou trois grandes parties.
Dans le cas d’un plan dialectique
Dans le cas d’un plan dialectique, on extrait du sujet une thèse (certes, cette caractérisation fonctionne) qu’on va ensuite discuter (cependant, ce n’est pas tout) et enfin dépasser (finalement, tout compte fait, cela s’explique parce que le projet littéraire de l’auteur…, etc.).
Prenons le sujet sur Molière, le plan serait :
I. Certes la pièce est d’abord un spectacle comique.
II. Cependant elle interroge des sujets sérieux et dénonce des comportements nuisibles pour la société.
III. Tout compte fait, elle correspond au projet de Molière : corriger les mœurs par le rire.
Pour le sujet sur Balzac, notre plan pourrait ĂŞtre le suivant :
I. Certes le roman de Balzac peut être vu comme une fresque représentant une société du XIXe siècle, exténuée et décadente.
II. Cependant, loin d’être un tableau figé, il met en scène des personnages en mouvement, utilisant leur énergie pour parvenir à leurs fins.
III. Tout compte fait, Balzac s’appuie sur l’art romanesque pour dénoncer les rouages d’une société sans cœur.
Dans le cas d’un plan thématique
Dans le cas d’un plan thématique maintenant, il faut à tout prix éviter le piège du plan « catalogue » ! Pour cela, le mieux est de commencer par proposer une réponse évidente, puis d’apporter des nuances et d’approfondir ensuite cette réponse initiale. On retrouve alors la logique d’un plan dialectique.
Pour le sujet sur La Bruyère, nous pourrions partir d’une réponse évidente :
I. La Bruyère emprunte avant tout les procédés de la comédie pour critiquer efficacement les travers de ses contemporains.
II. Cependant, loin de proposer une suite de saynètes comiques, le moraliste utilise les ressources du théâtre pour apporter son éclairage et orienter notre regard.
III. Finalement, cette mise en scène du théâtre du monde, par un effet de mise en abyme, démontre comment, dans la société de cour, chacun joue un rôle et vit masqué.
Maintenant que nous avons clairement identifié les notions-clés du sujet en cernant leurs limites, trouvé une thèse sur laquelle appuyer notre réflexion, il s’agit de mobiliser et d’organiser nos idées.
Étape 3 : Mobiliser ses idées et les organiser
Pour cette nouvelle étape, nous allons utiliser plusieurs feuilles de brouillon, en écrivant uniquement au recto pour bien voir nos idées. Commençons par reporter les notions-clés du sujet en haut de la première feuille, pour nous assurer que nos idées respectent celles-ci.
Mobiliser toutes les idées
Le but est maintenant de retrouver un maximum d’éléments de l’œuvre en rapport avec ces notions clés. Repassez-vous en tête toute l’œuvre — cette étape sera grandement facilitée si vous avez réalisé en amont une fiche à partir de votre cours de français, et de la vidéo « résumé-analyse » qui se trouve sur mon site.
Pour vos fiches, et votre questionnement au brouillon le jour J, je vous conseille de considérer ces quatre éléments : la structure de l’œuvre, vos personnages préférés, les thèmes principaux, le style d’écriture.
1) La structure de l’œuvre : la disposition en chapitres ou en grandes parties (les titres et sous-titres) illustre-t-elle le sujet ? Que nous disent le schéma narratif et les passages clés ? Remémorez-vous les moments de basculement, les coups de théâtre, et surtout le dénouement, qui est toujours révélateur !
2) L’auteur et ses personnages : l’auteur intervient-il dans son œuvre ? Comment ? Que peut-on en tirer pour le sujet ? Quels traits de caractère, et actions marquantes des personnages éclairent notre sujet ? Qu’en est-il de leurs interactions et de leur évolution ?
3) Les thèmes et les procédés d’écriture : souvent, les deux sont liés ; les thèmes-clés sont mis en valeur par des procédés d’écriture significatifs. Retenez alors les citations les plus représentatives, qui vous permettront d’enrichir votre dissertation !
Maintenant que toutes les idées sont mobilisées, il ne reste plus qu’à les organiser dans un plan.
Organiser ses idées
À cette étape, tous les moyens sont bons pour répartir les idées selon chaque partie : code couleur, symboles, flèches, cercles. Ce premier brouillon est particulièrement riche, mais devient vite difficile à lire !... Voilà pourquoi je vous conseille de prendre ensuite un deuxième brouillon.
On réserve une feuille par partie. Pour l’instant, on ne rédige pas, mais tout est fait pour faciliter la phase de rédaction. Chaque feuille est divisée en trois zones pour trois paragraphes argumentés (si vous avez suffisamment d'exemples et que le développement s’y prête).
Dans chaque zone, un titre long annonce l’idée principale. Les exemples sont listés, accompagnés dès que possible d’une citation commentée. Enfin, on confirme l’idée qu’on vient de démontrer et on la relie à l’idée suivante.
Au sein de chaque partie, les arguments permettant de démontrer l’idée de la grande partie sont organisés du plus simple au plus avancé. Réservez un bandeau en bas de la page pour les transitions qu’on peut tout de suite rédiger au brouillon : c’est un moment-clé de votre démonstration, qu’il faut soigner.
Étape 4 : Rédiger l’introduction et la conclusion
L’introduction
L’introduction de la dissertation suit une structure logique : l’accroche, la présentation de l’œuvre, la problématique et enfin l’annonce du plan.
• Commençons par l’accroche : inutile de raconter toute la vie de l’auteur, il suffit de mentionner la date de publication de l’œuvre, accompagnée d’un simple élément de contexte qui fait déjà allusion à une notion du sujet. Cela peut être un événement historique qui a marqué l’auteur, un mouvement littéraire, une anecdote liée à la publication.
Par exemple, le mal du siècle qui caractérise la génération romantique de 1830 décrit bien le sentiment qui domine au début de La Peau de chagrin.
Quelques caractéristiques propres au fonctionnement de la cour de Louis XIV à Versailles permettent d’introduire Les Caractères de La Bruyère ou encore Le Malade Imaginaire de Molière qui visent tous deux à corriger les mœurs de leur époque de façon plaisante.
• Vient ensuite la présentation de l’œuvre, qui doit s’orienter vers la notion de notre sujet, à partir de laquelle nous avons élaboré notre thèse.
Dans le cas de nos exemples : on peut expliquer le mécanisme de rétrécissement de l’artefact dans La Peau de chagrin, présenter Les Caractères de La Bruyère avec le vocabulaire du théâtre, résumer Le Malade Imaginaire en mettant en avant l’idée que la comédie nous guérit de nos défauts…
• L’analyse du sujet nous permet alors de bien définir les notions clés que nous avons identifiées et que nous allons discuter.
• Ensuite, en énonçant votre problématique, vous montrez que vous avez parfaitement identifié les notions-clés du sujet et compris leurs enjeux. Et si votre problématique peut commencer par « Dès lors, nous pouvons nous demander si… / en quoi… / dans quelle mesure… », alors votre introduction est parfaitement fluide !
• Pour l’annonce du plan, rien de plus simple… Appuyez-vous sur les phrases longues qui servent de titres aux trois parties de votre brouillon, ajoutez-y les liens logiques « d’abord, cependant, finalement »… et vous obtenez alors le raisonnement de votre dissertation ! Il ne reste plus qu’à conclure...
La conclusion
La conclusion d’une dissertation suit le même schéma que celle du commentaire littéraire : d’abord le bilan qui répond précisément à la problématique, puis une ouverture rapide sur une autre œuvre artistique.
Pour rédiger le bilan, je vous conseille de commencer par cette formule « Dans notre roman / recueil de poèmes / pièce de théâtre … » puis, reprenez simplement l’annonce de plan en insistant sur les liens entre les idées.
Ajoutez des liens de conséquence, utilisez le passé composé pour renforcer la dimension conclusive. Et surtout, souvenez-vous qu’à cette étape, on n’ajoute ni exemple ni idée nouvelle, on se contente de passer à travers toutes les portes qui ont déjà été ouvertes.
Enfin, voici le secret pour une ouverture idéale : il s’agit d’insister sur la dimension universelle de la dernière idée évoquée... Bien sûr, d’autres artistes ont suivi la même démarche, mais d’une manière tout à fait différente. À vous de citer une autre œuvre littéraire, picturale, qui conclura votre dissertation en beauté !
Vous avez maintenant toutes les clés en main pour réussir une dissertation parfaite et obtenir les meilleures notes, faites-vous confiance, je crois en vous !
Préparation à la dissertation dans un cadre studieux.