Couverture pour Pot-Bouille

Zola, Pot-Bouille
Abrégé et expliqué




Dans Pot-Bouille, Zola dévoile ce qui se trame derrière la façade d’un immeuble bourgeois parisien… Je te propose de découvrir tout de suite ce roman avec moi, chapitre par chapitre, en te donnant le contexte, les personnages, et les citations les plus représentatives au fur et à mesure.

Pour mieux nous repérer, je te propose un titre de section tous les trois chapitres, pour te montrer la structure du roman, en 6 parties cohérentes.

I. Découverte d’un microcosme bourgeois



Chapitre 1 — Arrivée d’Octave rue de Choiseul



Octave, venu de Plassans (petite ville du sud inventĂ©e par Zola sur le modèle d’Aix-en-Provence), arrive Ă  Paris, plein d’ambition. Il observe l’immeuble rue de Choiseul : au rez-de-chaussĂ©e, le magasin de soieries, puis la façade avec les amours sculptĂ©s Ă  chaque Ă©tage.

Arrive alors Achille Campardon, l’architecte du troisième, qui l’accueille devant le concierge M. Gourd. Achille vente les mĂ©rites de la maison :
— Vous allez voir, elle est tout Ă  fait bien… HabitĂ©e rien que par des gens comme il faut ! [...] Eau et gaz Ă  tous les Ă©tages.

Achille dĂ©crit tous les habitants : au premier, le propriĂ©taire et sa famille, les Vabre, les Duveyrier. Ils saluent ValĂ©rie Vabre en passant. Octave trouve qu’elle a des yeux ardents…

Au deuxième vit un Ă©crivain. Campardon a un petit souffle de mĂ©pris :
— Le monsieur fait des livres, je crois. [...] On trouve des taches partout…

Au troisième, une femme très dĂ©vote, Mme Juzeur, et les Campardon. Au quatrième : les Josserand et les Pichon, des employĂ©s. Octave aperçoit Marie Pichon, berçant son enfant. Elle repousse la porte.

Enfin, quand il dĂ©couvre sa chambre, Octave est ravi. Mais Campardon le prĂ©vient : interdiction d’amener des femmes !
— C’est moi qui serais compromis… Vous avez vu la maison. Tous bourgeois, et d’une moralitĂ© ! [...] Dehors, ça ne regarde personne.

Campardon raconte à Octave qu’il est devenu architecte pour l’Église, il n’est pas pratiquant, mais ça lui donne des opportunités de contrats.

Campardon prĂ©sente Ă  Octave sa femme Rose et sa fille Angèle et lui annonce qu’il lui a trouvĂ© un emploi dans un magasin de mode : « Au Bonheur des Dames Â» oĂą Gasparine, la cousine de Rose, travaille aussi.

Octave le remercie chaleureusement. Au magasin, ils rencontrent la patronne, Mme HĂ©douin : belle et grave, elle impressionne Octave :
Madame Hédouin [...] semblait l’âme vive et équilibrée de la maison, dont tout le personnel obéissait au moindre signe de ses mains blanches. Octave était blessé qu’elle ne le regardât pas davantage.

Au dĂ©tour d’un rayon, il aperçoit Achille et Gasparine, qui s’embrassent !

À son retour le soir même, Octave croise dans le couloir Mme Josserand et ses filles Hortense et Berthe, de retour d’une soirée…
Tandis que l’aînée des demoiselles s’écartait d’un air rêche, [...] la cadette le regardait avec un rire [...]. Elle était charmante, [...] la mine chiffonnée.

Enfin, Octave monte chez lui. Une fois couché, il pense avec émotion aux femmes qu’il a rencontrées dans la journée…
— Vont-elles me laisser dormir Ă  la fin ! dit-il Ă  voix haute, en se remettant violemment sur le dos.

Chapitre 2 — La course au mariage



Mme Josserand et ses filles rentrent d’une soirĂ©e de Mme Dambreville (une entremetteuse qui facilite les mariages). Elles marchent sous la pluie, c’est un dĂ©sastre : Berthe et Hortense n’ont pas trouvĂ© de potentiel mari, et leur frère, LĂ©on, est restĂ© lĂ -bas.

Dans le couloir, elles font bonne impression devant Octave, mais dès qu’elle referme la porte, Mme Josserand explose.
— J’en ai par-dessus la tĂŞte. Votre père vous sortira, s’il veut ; moi, du diable si je vous promène dĂ©sormais dans des maisons oĂą l’on me vexe !…

Mme Josserand reproche Ă  son mari son travail ingrat : faire des bandes toute la nuit, pour 3 francs ! Les voilĂ  rĂ©duits Ă  prĂ©tendre ĂŞtre riches, pour trouver un bon parti pour leurs filles. Ils se disputent.
— Moi, lorsque j’ai eu vingt sous, j’ai toujours dit que j’en avais quarante ; car toute la sagesse est lĂ , il vaut mieux faire envie que pitié…
— Hé bien, ces trois francs-là vous permettent d’ajouter des rubans à vos robes et d’offrir des gâteaux à vos gens du mardi.


En effet, tous les mardis, ils reçoivent du monde pour dĂ®ner. Ils invitent l’oncle Bachelard, personnage rĂ©pugnant, mais riche, qui pourrait fournir la dot de Berthe. Et Mme Josserand pense aussi inviter Octave, le nouveau locataire. Peut-ĂŞtre que c’est un bon parti ?

Hortense dit qu’elle a dĂ©jĂ  un bon parti : Verdier, un avocat promis Ă  un brillant avenir ! Mme Josserand est excĂ©dĂ©e : ce Verdier vit avec une femme depuis 15 ans, puis elle se tourne vers Berthe : comment s’y est-elle prise pour faire fuir le prĂ©tendant de ce soir ?
— Il m’a embrassée, en m’empoignant comme ça. Alors, j’ai eu peur, je l’ai poussé contre un meuble…
— Vous êtes stupide, ma fille… [...] vous n’avez pas de fortune, comprenez donc que vous devez prendre les hommes par autre chose.


Mme Josserand gifle Berthe et l’envoie dans sa chambre. En passant dans le couloir, elle croise son frère Saturnin : très instable mentalement, seule Berthe est capable de le calmer :
— Elle t’a encore battue ? [...] Qu’elle ne recommence pas, ou je cogne !

Elle fait de son mieux pour l’apaiser. M. Josserand, resté seul dans le salon, pleure en songeant à sa famille déchirée.
Il arrangea la lampe qui charbonnait, et recommença mécaniquement à écrire. Deux grosses larmes, qu’il ne sentait point, roulèrent sur les bandes, dans le silence solennel de la maison endormie.

Chapitre 3 — Le dîner chez les Josserand



Mardi soir, les Josserand reçoivent le voisinage, et l’oncle Bachelard. Hortense et Berthe ont d’ailleurs dĂ©cidĂ© de lui soutirer 20 francs. Ivre, il fait semblant de ne rien comprendre alors elles le fouillent :
Berthe eut une exclamation de victoire : elle ramenait du fond de la poche [...] une pièce de vingt francs. ​— Je l’ai ! dit-elle, rouge, dĂ©coiffĂ©e, en la jetant en l’air et en la rattrapant.

Bachelard est venu avec Gueulin (un neveu) et Hector Trublot, jeune rentier, mais que Mme Josserand a cessĂ© d’envisager pour gendre :
Trublot ayant professé une haine tranquille du mariage, elle ne se gênait plus avec lui, elle le mettait même à côté de Saturnin.

Trublot s’entend très bien avec Octave. Il lui confie qu’il ne s’intéresse qu’aux servantes, et il rejoint Adèle, la bonne des Josserand, dans la cuisine. Comme Saturnin fait une crise, on l’envoie dans sa chambre, et on envisage de le faire interner dans l’asile des Moulineaux.

Mme Josserand, dans sa toilette rouge remise à neuf, présente Octave à Berthe, qui, très obéissante, se montre charmante. Puis elle se rend au piano, pour montrer sa bonne éducation.
Octave dut se lever et se tint debout près du piano. À voir les prévenances caressantes dont madame Josserand l’entourait, il semblait qu’elle fît jouer Berthe uniquement pour lui.

Justement, les Vabre sont arrivĂ©s juste Ă  temps pour assister au rĂ©cital : Auguste, ThĂ©ophile Vabre et sa femme ValĂ©rie.

Mme Juzeur Ă©voque son malheur : le dĂ©part de son mari après 10 jours de mariage seulement. Depuis, elle est devenue dĂ©vote. Elle parle Ă  Octave d’une vieille dentelle qu’elle voudrait lui montrer et soudainement, elle montre Auguste Ă  Mme Josserand :
— Ce qui m’étonne, chère madame, c’est que vous ne songiez pas à lui pour votre Berthe. Un garçon établi, plein de prudence.

Mme Josserand trouve l’idĂ©e excellente, malgrĂ© ses migraines continuelles, c’est un bien meilleur parti qu’Octave ! Elle fait alors signe Ă  Berthe d’aller parler Ă  Auguste.
Berthe, un moment décontenancée, se remit tout de suite. [...] Elle porta la tasse de thé à Auguste, avec le sourire qu’elle avait commencé pour Octave.

Ă€ la fin de la soirĂ©e, Mme Josserand songe qu’elle a maintenant un objectif : piĂ©ger Auguste Vabre.
— Ah ! je vous jure que ça ne ratera pas cette fois ![...] Entends-tu, Berthe, tu n’as qu’à le ramasser, celui-lĂ  !

II. Les intrigues derrière la façade de l’immeuble



Chapitre 4 — Octave entre Valérie et Marie Pichon



Un soir qu’Octave est venu dîner chez les Campardon, la conversation tombe sur Théophile et Valérie Vabre, et leur fils Camille.
En somme, ce Théophile était un crétin et un impuissant [...]. Quant à Valérie, elle [...] s’était fait faire son petit Camille par un garçon boucher de la rue Sainte-Anne.

Octave, qui a décidé de séduire Valérie, pense plus prudent de se lier avec Marie Pichon, qui pourrait les surprendre puisqu’ils sont voisins de palier. Un soir, il l’aide à ranger la poussette de la petite Lilitte.

Le dimanche suivant, Octave est invitĂ© chez les Pichon, oĂą se trouvent aussi les Vuillaume (parents de Marie). La petite Lilitte dort dans son berceau. Ils sont tous d’accord : un seul enfant, pas plus… Et Mme Vuillaume parle longuement de l’éducation Ă  donner aux filles.
— Une demoiselle en sait toujours de trop, déclara la vieille dame en terminant.

Ă€ travers ce discours de Mme Vuillaume, Zola fait une vĂ©ritable satire de l’éducation des jeunes filles, maintenues dans l’ignorance. Ainsi Marie Pichon n’a le droit de lire des romans que depuis son mariage !

Octave lui apporte donc un jour un roman de George Sand, André. Ils parlent un peu de littérature, de religion.
Et, sur ce pâle visage de fille tardive, née de parents trop vieux, parut le regret maladif d’une autre existence, rêvée jadis, au pays des chimères.

Un jour, la bonne de ValĂ©rie arrĂŞte Octave dans l’escalier : sa maĂ®tresse fait une crise de nerfs. Il l’aide Ă  se calmer, puis ils se retrouvent seuls. Il tente alors de la saisir par la taille.
— Eh bien ! quoi donc ? dit-elle d’une voix pleine de surprise.
[...] Il laissa retomber ses mains, [...] comprenant le ridicule de son geste.


En rentrant chez lui, Octave trouve Marie en pleine lecture d’André. Comme elle semble émue, il l’enlace, elle résiste, mais finit par céder.
Il la renversa brutalement [...] et elle se soumit, il la posséda, entre l’assiette oubliée et le roman, qu’une secousse fit tomber par terre.

Après cela, ils sont confus, quand ils découvrent que le roman de George Sand est abîmé.
— Ça devait mal finir, conclut Marie, les larmes aux yeux.
Octave fut obligé de la consoler.


Le soir mĂŞme Marie passe chez les Campardon : elle part en promenade aux Tuileries, elle propose d’y emmener Angèle, la fille des Campardon. Ils acceptent avec plaisir. Et dès qu’elle est partie, complimentent cette femme si modeste.
— L’éducation dans la famille, mon cher, il n’y a que ça !

Chapitre 5 — Soirée décisive chez les Duveyrier



Clotilde Duveyrier (fille de M. Vabre, le propriétaire de l’immeuble) et son mari Alphonse Duveyrier organisent une soirée. Mme Josserand a distribué les rôles pour faire réussir le mariage de Berthe et Auguste.
Se recueillant, [...] elle prit un air terrible d’homme de guerre qui conduirait ses filles au massacre, et dit ce seul mot d’une voix forte :
— Descendons !


Les Josserand arrivent au moment où Clotilde Duveyrier se met au piano, pour jouer un nocturne de Chopin très technique.
Grande et belle, avec de magnifiques cheveux roux, [...] dans ses yeux gris, la musique seule allumait [...] une passion exagérée, dont elle vivait, sans aucun autre besoin d’esprit ni de chair.

Pendant ce temps, Trublot raconte Ă  Octave la carrière de Duveyrier : juge Ă  Paris, dĂ©corĂ©, conseiller Ă  la cour ; pour son grand malheur, il dĂ©teste le piano, ce qui avive les tâches rouges de son visage.

M. Josserand, comme prévu, se rend auprès du vieux M. Vabre. Celui-ci lui raconte son grand projet de ficher les expositions de peinture.
— Vous vous intĂ©ressez aux arts ? reprit M. Josserand, pour le flatter.
— Je n’ai pas besoin de voir les tableaux. Il s’agit d’un travail de statistique…


Arrivent alors Mme Dambreville au bras de Léon Josserand, le frère de Hortense et Berthe. Mme Dambreville rejoint Mme Josserand, qui lui parle aussitôt de son projet de marier Berthe à Auguste.
Toutes deux, maternellement, regardèrent Berthe. Elle avait fini par pousser Auguste dans l’embrasure de la fenêtre.

LĂ©on, de son cĂ´tĂ©, rejoint les hommes qui parlent politique. L’abbĂ© Mauduit, partisan de la papautĂ©, dĂ©bat avec le docteur Juillerat, qui trouve que l’Église a trop de pouvoir ! Campardon dĂ©fend l’Église, mais on comprend que c’est parce qu’il a un contrat avec l’abbĂ©, pour construire un magnifique calvaire.

Duveyrier affirme que la religion doit surtout moraliser le mariage. Cela fait rire Trublot qui dit Ă  Octave, Ă  part, que Duveyrier a une maĂ®tresse : il lui promet de l’amener un jour chez elle.
— Moralisons le mariage, messieurs, [...] répétait Duveyrier [...] son visage enflammé, où Octave voyait maintenant le sang âcre des vices secrets.

Mais ils doivent s’interrompre car Clotilde demande aux hommes de venir chanter la scène d’OpĂ©ra qu’ils ont longuement rĂ©pĂ©tĂ©e : la « bĂ©nĂ©diction des poignards Â» des Huguenots de Meyerbeer.

Pendant ce temps, Trublot fait remarquer Ă  Octave que Berthe et Auguste sont cachĂ©s derrière les rideaux. Soudain, on entend un cri :
— Vous me faites du mal !
Madame Dambreville [alla] relever le rideau. Et le salon regardait Auguste confus et Berthe très rouge [...] adossés à la barre d’appui.


Auguste est piĂ©gĂ©, tout le monde en parle, derrière les compliments adressĂ©s Ă  Clotilde pour son OpĂ©ra :
Sous ces Ă©loges, elle entendait bien le chuchotement qui courait dans le salon : la jeune fille se trouvait trop compromise, c’était un mariage conclu

Une fois rentrĂ©s chez eux, les Josserand sont en liesse :
— Enfin, c’est fait ! dit madame Josserand. [...] Je suis [...] bien contente de toi, ma chĂ©rie. Tu viens de me rĂ©compenser de tous mes efforts…

Chapitre 6 — Le monde des domestiques



Octave entretient désormais une relation régulière avec Marie Pichon, comme elle lui réclame des romans, il décide d’aller lui en chercher dans le grenier, et pour cela, il va demander les clefs chez M. Gourd.

Il le trouve en train de gronder sévèrement Mme Pérou, qu’il paye 4 sous de l’heure pour les gros travaux de la maison.

ArrivĂ© au cinquième Ă©tage, Octave tombe sur Trublot qui se rend chez Julie, la cuisinière des Duveyrier ! Celui-ci avoue qu’il couche rĂ©gulièrement avec des cuisinières, il trouve ça très chic. On apprend que Julie couche aussi avec Gustave, le fils Duveyrier.

Trublot Ă©numère alors tous les habitants du cinquième Ă©tage : Lisa et Victoire, qui travaillent chez les Campardon, ClĂ©mence et Hippolyte chez les Duveyrier. Françoise la nouvelle bonne de ValĂ©rie. Louise, petite orpheline de 15 ans des Enfants-AssistĂ©s, employĂ©e par Mme Juzeur. Il y a aussi un menuisier, le seul ouvrier de la maison.

En ouvrant la fenêtre de la cour, ils entendent alors les bonnes crier d’un étage à l’autre. Elles racontent comment Valérie Vabre sort constamment pour tromper son mari. Mais un bruit de porte les avertit, elles font silence et ferment les fenêtres.
— MĂ©fiance ! v’lĂ  madame !
Un silence de mort tomba. [...] Il ne montait plus, [...] de l’étroite cour, que la puanteur [...] d’égout de la maison, qui en charriait les hontes.


Ensuite, Octave rend visite Ă  Madame Juzeur qui voulait lui montrer une vieille dentelle. En maniant le tissu, leurs doigts se rencontrent, et Octave lui baise la main.
— Oh ! monsieur Octave, Ă  mon âge, vous n’y pensez pas ! murmura joliment madame Juzeur, sans se fâcher.
Elle ne lui permit pas d’aller au-dessus du poignet. [...] Il y avait là une ligne sacrée, où le mal commençait.


Madame Juzeur se laisse courtiser, mais elle s’est promis de ne pas être comme les autres, et de ne jamais laisser un homme la compromettre auprès de son confesseur…

Ensuite, Octave passe chez Mme Pichon pour lui donner les livres. Elle est ravie. Il passe un peu de temps seul avec elle, exactement comme s’il était son mari.

Enfin, en rentrant chez lui, il assiste Ă  une querelle sur le palier : M. Gourd met dehors la femme du menuisier du cinquième, qui s’indigne.
— Mais c’est la mienne ! [...] Ça ne veut pas de femmes chez soi, lorsque ça tolère, Ă  chaque Ă©tage, des salopes bien mises qui mènent des vies de chien, derrière les portes… Tas de mufes ! tas de bourgeois !

III. Les dessous du mariage de Berthe



Chapitre 7 — L’introuvable dot de Berthe



Les Josserand ont Ă©voquĂ© une dot de 50 000 francs pour Berthe, mais il ne l’ont pas… Leur seul espoir c’est de faire payer l’oncle Bachelard. Ils se rendent donc dans ses magasins rue d’Enghien, et Mme Josserand prĂ©sente la situation directement :
— Écoute, Narcisse, voici où nous en sommes… Comptant sur [...] tes promesses, je me suis engagée à donner une dot de cinquante mille francs. Si je ne la donne pas, le mariage est rompu…

Bachelard se met alors à dire toutes les difficultés de son commerce, et il finit par dire qu’on ne paye jamais une dot. Mme Josserand admet alors qu’on peut s’arranger. Son mari proteste, mais elle le fait taire.
— Il s’agit simplement de gagner du temps. Promets la dot, nous la donnerons toujours plus tard.

Le lendemain, Bachelard déjeune avec Trublot, Octave et Gueulin. Ils parlent des femmes, et Bachelard dit qu’il a trouvé une fille honnête. Mais il accepte de la montrer à Octave seulement.

Rue Saint-Marc, dans un coin de l’appartement, Fifi, jeune fille blonde Ă  l’air simple, brode un devant d’autel. La dame qui s’occupe d’elle, Mlle Menu, raconte l’histoire de cette orpheline :
— Son père, le capitaine Menu, [est] mort sans laisser un sou [...] Alors, j’ai [retiré] l’enfant de sa pension, j’en ai fait une brodeuse. [...] Heureusement, elle a rencontré monsieur Narcisse. Désormais, je puis mourir.

Ensuite ils retrouvent M. Josserand chez la maĂ®tresse d’Alphonse Duveyrier. Gueulin explique : Clotilde est dĂ©goĂ»tĂ©e des tâches rouges de son mari, et lui dĂ©teste le piano. Elle fait semblant de ne pas savoir qu’il a pris une maĂ®tresse, Clarisse Bocquet, fille d’un camelot parisien.
Clarisse avait consenti Ă  demeurer rue de la Cerisaie, pour ne pas l’afficher ; mais elle le menait bon train, s’était fait acheter vingt-cinq mille francs de meubles, le mangeait Ă  belles dents, avec des artistes [...] de Montmartre.

Ils sont reçus par Clarisse, et Alphonse est lĂ , comme rajeuni :
Les taches saignantes de son front tournaient au rose, ses yeux [...] luisaient d’une gaieté d’enfant, tandis que Clarisse racontait [...] comment il s’échappait [...] pour la venir voir, pendant une suspension d’audience.

Ils s’isolent pour discuter de la dot et conviennent d’un paiement échelonné garanti par une assurance dotale. Duveyrier accepte, peu soucieux des intérêts de son beau-frère Auguste.
Peut-être flairait-il l’affaire, ravi de laisser duper ces Vabre, qu’il exécrait dans sa femme.

Le jeudi suivant, le contrat est signĂ© chez maĂ®tre Renaudin. Bien sĂ»r, il est truquĂ© : aucun payeur ni aucune assurance ne sont mentionnĂ©s.
Auguste [...] finit par oser parler de l’assurance. [...] Alors, tous eurent des gestes Ă©tonnĂ©s : Ă  quoi bon ? [...] et l’on signa vivement, tandis que maĂ®tre Renaudin [...] se taisait en passant la plume aux dames.

Chapitre 8 — Le mariage de Berthe



Devant l’église de Saint-Roch, l’arrivĂ©e de Berthe est remarquĂ©e : sa robe est magnifique… On devine qu’elle est coĂ»teuse. Ce qu’on ne sait pas c’est qu’ils ont pris sur les Ă©conomies de Saturnin, dĂ©sormais internĂ© dans l’asile des Moulineaux.

Soudain, arrive ThĂ©ophile en colère : il a trouvĂ© une lettre qui prouve que sa femme ValĂ©rie le trompe ! Il pense que l’auteur de la lettre est Octave, il veut le provoquer en duel.
Cependant, au nom d’Octave, ValĂ©rie avait eu un sourire ; jamais, pas avec celui-lĂ , [...] avec personne d’ailleurs, ajouta-t-elle, mais avec celui-lĂ  moins encore qu’avec les autres.

Tout cela est interrompu par l’arrivĂ©e du futur mariĂ©, Auguste. Tout le monde entre dans l’église Saint-Roch. Mais pendant la cĂ©rĂ©monie, ThĂ©ophile va voir Octave et lui montre la lettre pendant que tout le monde les regarde du coin de l’œil :
— « Mon chat, que de bonheur hier ! Ă€ mardi, chapelle des Saint-Anges, dans le confessionnal. Â»

En fait, Octave a Ă©tĂ© prĂ©venu entre temps par Mme Josserand : il ment pour assurer un alibi Ă  ValĂ©rie (en disant qu’ils sont allĂ©s admirer les travaux du calvaire). Puis il sort son calepin. ThĂ©ophile est bien obligĂ© de reconnaĂ®tre que ce n’est pas la mĂŞme Ă©criture.
Enfin, le scandale était évité. [...] La lettre ne pouvait être de M. Mouret. Ce fut presque une déception pour l’assistance.

Dans la salle de rĂ©ception, ThĂ©ophile veut obliger sa femme Ă  avouer le nom de son amant. Mais les femmes lui donnent tort : il manque de tact, le jour d’un mariage ! Et comme Trublot murmure que c’est la bonne, Mme Josserand s’exclame :
— Est-ce qu’une femme innocente s’abaisse Ă  donner des explications ? Mais je puis parler, moi… La lettre a Ă©tĂ© perdue par Françoise, cette bonne que votre femme a dĂ» chasser, Ă  cause de sa mauvaise conduite…

ThĂ©ophile, effarĂ©, est obligĂ© de se ranger Ă  cette version :
Alors, vaincu, ayant besoin d’être embrassé, il se jeta au cou de Valérie, en lui demandant pardon. Ce fut touchant.

Au moment de saluer Berthe, Octave l’appelle Mademoiselle, cela les fait rire, ils Ă©changent un regard. ValĂ©rie, qui vient aussi dire au revoir Ă  la jeune mariĂ©e, cède Ă  une brusque Ă©motion :
La serrant dans ses bras, achevant de chiffonner sa robe blanche, elle la baisa, elle lui dit Ă  voix basse :
— Ah ! ma chère, je vous souhaite plus de chance qu’à moi !


Chapitre 9 — La situation d’Octave est bouleversée



Un soir, c’est une surprise, Gasparine est lĂ , chez les Campardon ! Octave assiste alors Ă  la rĂ©conciliation de ces trois personnages.
— Oui, oui, nous nous aimerons bien, nous t’aimerons bien, ma pauvre cocotte… Tu verras comme tout s’arrangera, Ă  prĂ©sent que nous sommes rĂ©unis. Et, se tournant vers Octave :
— Ah ! mon cher, on a beau dire, il n’y a encore que la famille !


Et en effet, quelques jours plus tard, Gasparine emmĂ©nage chez eux, et les deux amants prennent soin de l’épouse chaste et maladive. L’abbĂ© Mauduit lui-mĂŞme leur rend visite :
Il [...] approuva beaucoup Gasparine de s’être fixée auprès [...] de sa famille [...] disant cela avec son onction de bon prêtre, n’ignorant rien cependant. [...] Il semblait être venu pour bénir la bonne union de la famille.

Rendant visite aux Pichon, Octave trouve les Vuillaume furieux, car Marie est enceinte de 5 mois ! Jules est dĂ©semparĂ©
— Sapristi ! il n’y a pas de ma faute… N’est-ce pas Marie, si nous savons comment il a pu pousser, celui-lĂ  !
— Ça, c’est bien vrai, affirma la jeune femme.


Octave compte, et rĂ©alise que c’est lui le père. Il apaise la situation, et leur offre un repas au BĹ“uf Ă  la Mode. Au retour, pendant que Jules couche Lilitte, il pose un dernier baiser sur les cheveux de Marie, et rentre se coucher, heureux de sa bonne action :
— Ma foi, [...] je leur devais bien ça… Après tout, je n’ai qu’un dĂ©sir, c’est que son mari la rende heureuse, cette petite femme !

Au « Bonheur des Dames Â», Octave profite d’un moment seul avec Mme HĂ©douin pour lui prĂ©senter avec Ă©loquence ses ambitions pour le magasin. Soudain, il la prend dans ses bras, mais elle le repousse, surprise. Ă€ sa dĂ©claration maladroite, elle lui rĂ©pond fermement :
— Voyons [...] comment n’avez-vous pas compris que jamais je ne ferai ça, parce que c’est bĂŞte [...], inutile [...] et que [...] je n’en ai pas [...] envie !

Octave blessé donne alors sa démission. Mme Hédouin est surprise mais elle l’accepte avec pragmatisme.

Quelque jours plus tard, Auguste propose à Octave de devenir commis chez eux, dans le magasin de soieries. Octave hésite.
Mais il aperçut le joli visage de Berthe, qui lui souriait de son air de bon accueil, avec le gai regard qu’il avait déjà rencontré deux fois, le jour de son arrivée et le jour des noces.
— Eh bien ! oui, dit-il rĂ©solument.


IV. Les équilibres sont rompus



Chapitre 10 — Les malheurs des Duveyrier



Octave travaille maintenant dans le magasin de soieries d’Auguste et Berthe. Un jour, Clotilde Duveyrier passe, et remarque sa voix : elle lui fait promettre de venir un soir chez elle pour chanter.

Le jour convenu, il se rend donc chez les Duveyrier. Elle se met au piano, l’écoute et le complimente sur sa voix de ténor… Il envisage de lui faire la cour, mais elle n’est émue que par la musique…
La phrase mélodique achevée, elle laissa tomber son expression passionnée comme un masque. Sa froideur était dessous.

Soudain arrive la femme de chambre, ClĂ©mence : M. Vabre vient de faire un malaise. Pendant qu’on envoie chercher le docteur Juillerat, Clotilde demande alors Ă  Octave d’aller prĂ©venir son mari rue de la Cerisaie. Octave proteste, elle insiste :
— Ne le dĂ©fendez donc pas ! [...] Il peut y rester… Si ce n’était pas pour mon pauvre père ! [...] Prenez un fiacre, [...] ramenez-le quand mĂŞme.

Plus tôt dans la soirée, Duveyrier a retrouvé Bachelard, Trublot et Gueulin au café Anglais. Bachelard leur paye des plats extraordinaires. Ils parlent des femmes, Bachelard évoque Fifi, qui est enceinte de lui… Finalement, Duveyrier veut les amener chez Clarisse.

Mais rue de la Cerisaie, c’est une dĂ©ception : il n’y a personne, tous les meubles ont disparu… Duveyrier, abasourdi, visite chaque pièce.
La chambre était également nue, de cette nudité laide et glacée du plâtre, dont on a arraché les tentures.

Bachelard ose alors lui dire ce que tout le monde sait : Clarisse le trompait, elle est certainement partie avec son dernier amant.
Duveyrier Ă©coutait ces abominations d’un air d’horreur. Il laissa Ă©chapper ce cri dĂ©sespĂ©rĂ© :
— Il n’y a plus d’honnĂŞtetĂ© sur terre !


C’est Ă  ce moment-lĂ  qu'arrive Octave : on lui explique tout. Quand il annonce que le vieux Vabre se meurt, personne n’est surpris. Ils retournent rue de Choiseul, oĂą le docteur Juillerat explique :
C’était une attaque d’apoplexie sĂ©reuse ; le malade pouvait traĂ®ner jusqu’au lendemain ; mais il n’y avait plus aucune espĂ©rance.

Bien sĂ»r, il faut prĂ©venir la famille. Mais les Duveyrier se demandent : y a-t-il un testament quelque part ? Clotilde appelle Octave :
— Attendons demain, n’est-ce pas ? [...] Vous m’enverrez Berthe sous un prĂ©texte ; je ferai aussi demander ValĂ©rie, et ce sont elles qui instruiront mes frères… Ah ! les pauvres gens, qu’ils dorment encore tranquilles cette nuit !

Chapitre 11 — L’héritage du vieux Vabre



Le lendemain, tout l’immeuble est au courant de l’état de santé du Vieux Vabre. Mme Josserand a envoyé Berthe à l’étage, chez les Duveyrier, pour s’assurer qu’ils ne font aucune manigance.

Dans la chambre du vieux Vabre, Berthe trouve Gustave que Clotilde a fait venir auprès de son grand-père, et ThĂ©ophile indignĂ© :
— Alors, maintenant, [...] quand votre père se meurt, c’est votre charbonnier qui doit vous l’apprendre ?… Vous avez donc voulu prendre le temps de retourner ses poches ?

Clotilde lui rappelle qu’il a refusĂ© de payer son loyer : pour elle, c’est ça qui a provoquĂ© l’attaque.
— Vous saviez combien il aimait à toucher ses termes… Vous auriez résolu de le tuer, que vous n’auriez pas agi autrement.

Arrivent alors le mĂ©decin et le prĂŞtre. Il est urgent de procĂ©der aux derniers sacrements. Soudain le mourant ouvre les yeux : chacun espère qu’il va parler du testament…
Il voulait parler, mais il ne bégayait qu’une syllabe [...]
— Ga… ga… ga… ga…
C’était au travail de sa vie, à sa grande étude de statistique, qu’il disait adieu. Brusquement, sa tête roula. Il était mort.


En bas de l’immeuble, les domestiques discutent : Julie raconte que les hĂ©ritiers cherchent le magot du vieux, M. Gourd espère que l’immeuble reviendra aux Duveyrier.

Arrive alors la nouvelle locataire, celle qui prend la chambre du menuisier. Elle travaille dans la cordonnerie : c’est une piqueuse de bottines. Gourd la laisse passer, mais se plaint d’avoir encore une ouvrière, et en plus, une femme.

Après l’enterrement, les hĂ©ritiers apprennent que le vieux Vabre Ă©tait ruinĂ©, il jouait toutes ses Ă©conomies :
Une passion effrénée du jeu, un besoin maladroit et enragé de l’agiotage, qu’il cachait sous l’innocente manie de son grand travail de statistique. Tout y passait.

Reste l’immeuble : les hĂ©ritiers s’accordent pour le mettre aux enchères. Duveyrier par l’intermĂ©diaire de son notaire, M. Renaudin, parvient Ă  obtenir l’immeuble pour une somme dĂ©risoire :
Après cinq ou six enchères, maître Renaudin adjugea brusquement la maison à Duveyrier, pour la somme de cent quarante-neuf mille francs.

C’est une querelle terrible, où Auguste parvient cependant à récupérer des loyers gratuits pour le magasin.
Lorsque ThĂ©ophile apprit cela, il descendit avec sa femme faire une nouvelle scène chez son frère. VoilĂ  qu’il se vendait Ă  cette heure, qu’il passait du cĂ´tĂ© des brigands !

Chapitre 12 — Octave s’éprend de Berthe



Auguste et Berthe ont pris l’appartement du deuxième, et emploient une bonne, Rachel. Ils gardent aussi Saturnin, qui est sorti de l’asile des Moulineaux depuis que le Docteur Chassagne a compris que sa famille avait prélevé dans ses économies.

Mais ils ne s’entendent pas. Auguste lui reproche Ă  sa femme ses toilettes luxueuses, Berthe lui rĂ©torque les mĂŞmes mots que sa mère :
— J’aime mieux faire envie que pitié… L’argent est l’argent, et lorsque j’ai eu vingt sous, j’ai toujours dit que j’en avais quarante.

Un soir, Auguste a trouvĂ© une facture, il l’accuse de faire des dettes, d’être mal Ă©duquĂ©e : elle le met alors au dĂ©fi d’aller en parler Ă  ses parents. Il monte d’un Ă©tage, tombe sur M. Josserand, qui est confus, mais Mme Josserand arrive, et se moque de lui :
— Vous n’êtes pas fort, monsieur. Lorsque vous aurez rendu Berthe malade, [...] ça coûtera de l’argent. [...] Battez votre femme [...] j’ai ma conscience pour moi.

Pendant ce temps, Berthe a retrouvĂ© Octave dans la boutique. Elle se confie Ă  lui, accuse son mari de ne rien lui offrir. Octave a justement un cadeau pour elle :
En parlant, il sortait de sa poche une boîte longue, où les trois étoiles luisaient sur un morceau d’ouate. Berthe s’était levée, très émue. [...]
— Eh bien ! Ă©coutez, murmura-t-elle rapidement en fourrant la boĂ®te dans sa poche, je dirai que c’est ma sĹ“ur Hortense qui m’en a fait cadeau.


Saturnin, qui a assistĂ© Ă  la scène, prend Octave en affection : il lui serre chaleureusement les mains, puis il le laisse seul avec Berthe. Les deux jeunes gens ont chacun leurs raisons de sĂ©duire l’autre.
Elle [...] l’étourdissait de son rire perlĂ©, l’enveloppait de ses jolis gestes ; et, comme il s’enhardissait enfin, elle renversa la tĂŞte, montra son cou jeune et dĂ©licat, tout gonflĂ© de sa gaietĂ©.

Ils finissent par s’embrasser et il la jette sur le lit…
Octave, dans l’étourdissement de son triomphe, songeait Ă  ValĂ©rie et Ă  madame HĂ©douin. Enfin, il Ă©tait donc autre chose que l’amant de la petite Pichon ! C’était comme une rĂ©habilitation Ă  ses yeux.

Le soir mĂŞme, Berthe se rĂ©concilie avec son mari, qui remercie chaleureusement Octave d’être intervenu. Avec humour, Zola souligne l’ironie de la situation, l’adultère leur porte bonheur :
Tous se détendaient, goûtaient l’agrément d’une soirée passée en famille, sans dispute. En vérité, ce n’était pas naturel, quelque chose devait leur porter bonheur.

V. Au plus fort du scandale



Chapitre 13 — l’adultère mis à nu



Octave entretient désormais une relation régulière avec Berthe, mais M. Gourd surveille la moralité de la maison, il se plaint de la piqueuse de bottines, visiblement enceinte, alors qu’elle n’est pas mariée.
— On ne s’introduit pas chez les gens, avec une affaire pareille cachĂ©e sous la peau… [...] Une maison comme la nĂ´tre affichĂ©e par un ventre pareil !

Berthe a payĂ© Rachel pour qu’elle couvre une de ses escapades avec Octave, et depuis, ils n’osent plus se retrouver chez lui. Il trouve leurs sorties trop coĂ»teuses ; et Rachel estime qu’ils ne la payent pas assez.
S’ils croyaient l’avoir achetĂ©e jusqu’à la fin des siècles, pour vingt francs et une robe, ah bien ! non, ils se trompaient [...].

Un jour que Rachel est absente, Octave parvient à convaincre Berthe de le rejoindre dans la chambre de bonne le soir même. Mais les heures passent et Berthe ne vient pas. Il entend les domestiques se coucher, puis Trublot qui retrouve Adèle.

Trublot lui raconte que Duveyrier couche avec Adèle depuis qu’il n’est plus avec Clarisse. Tout le monde sait qu’Hippolyte couche avec Clémence, mais Trublot a découvert qu’il va chez Louise, l’orpheline employée par Mme Juzeur.

Le lendemain matin, Octave est rĂ©veillĂ© par Berthe qui lui explique que ça la heurte trop de le retrouver dans une chambre de bonne :
— Au dernier moment, je n’ai pas pu. Ça manquait trop de dĂ©licatesse… Je vous aime [...] je vous le jure. Mais [...] pas ici !

Soudain, depuis la cour, viennent des bruits de discussion : les domestiques sont en train de jeter les ordures. Berthe tressaille : Lisa et Hippolyte parlent d’eux :
Tous les fonds de casserole [...] y passèrent, pendant que Lisa s’acharnait sur Berthe et sur Octave, arrachant les mensonges dont ils couvraient la nudité malpropre de l’adultère.

Hippolyte affirme qu’Octave n’agit que par ambition, tandis que Lisa pense que Berthe ne couche que pour recevoir des cadeaux. Octave et Berthe sont mortifiés, mais se donnent rendez-vous le mardi suivant.

En descendant les escaliers, Octave croise M. Gourd en train de rĂ©primander Mme PĂ©rou. Puis, passe la piqueuse de bottines : mise Ă  la porte, très enceinte, elle se traĂ®ne jusqu’au coin de la rue.
Alors, [...] M. Gourd triompha. Comme si ce ventre emportait le malaise de la maison : — Un bon dĂ©barras [...] !… Ça devenait rĂ©pugnant, ma parole d’honneur !

Chapitre 14 — Le rendez-vous dangereux



Le mardi suivant, avant de retrouver Berthe, Octave dĂ®ne chez les Campardon. Ils parlent de Duveyrier, qui a retrouvĂ© Clarisse : ils en parlent indirectement, pour leur fille Angèle.

Après le départ d’Octave, Achille installe Rose dans son lit, avant de rejoindre celui de Gasparine. Lisa la bonne va voir Angèle, et elles commentent les discussions de la soirée.
Il y avait, chez Lisa, une jouissance basse, dans cette corruption d’Angèle, dont elle satisfaisait les curiosités de fille [...] de quinze ans.

Pendant ce temps, Octave passe chez les Pichon qui se sont rĂ©conciliĂ©s avec les Vuillaume :
— Nous acceptons cet enfant, mais [...] s’il en revenait un autre, vous n’auriez ni cœur ni cervelle…

Pendant que Jules raccompagne les Vuillaume, Octave et Marie couchent ensemble, mais elle a deviné qu’il a une autre amante.
— Tu m’en veux ?
— Non, puisque je suis mariĂ©e. [...] Mais maintenant que vous en aimez une autre, Ă  quoi bon me tourmenter encore ?


De retour chez lui, Octave attend Berthe qui arrive vers 1h du matin : elle lui reproche de ne pas avoir mieux payĂ© Rachel pour cacher leurs rendez-vous. Il se dĂ©fend , la querelle prend une tournure conjugale :
— Dites que je vous aime pour votre argent ! [...] Eh bien ! oui, je suis une femme d’argent, parce que je suis une femme raisonnable.

Soudain, ils entendent des coups sur la porte, c’est Auguste !
— Je vous entends bien faire vos saletĂ©s… Ouvrez ou j’enfonce tout !

Berthe s’enfuit pendant que les hommes se provoquent en duel. La porte de service est fermĂ©e : elle comprend que c’est Rachel qui l’a dĂ©noncĂ©e. Elle finit par sonner chez les Campardon.

Quand ils lui ouvrent, elle avoue qu’elle a Ă©tĂ© surprise par son mari : ils comprennent. Quand elle avoue qu’elle Ă©tait avec Octave, ils deviennent tous très froids :
— Vous seriez mieux chez vos parents. Insinua l’architecte. [...]
— Nous ne pouvons avoir l’air d’approuver publiquement votre conduite.
— On raconterait que vous donniez vos rendez-vous ici… Continua Rose.


Berthe s’enfuit à nouveau dans les couloirs, et trouve alors Marie Pichon, qui la rassure et l’invite à entrer chez elle.
— J’irai voir votre mère… Mon Dieu ! Quand on s’aime, on ne se mĂ©fie pas.
— Ah ! pour le plaisir que nous prenions ! dit Berthe [...] Si c’est comme moi, il doit en avoir par-dessus la tĂŞte !


Chapitre 15 — Le duel d’Octave et Auguste



Le lendemain, au magasin, Auguste trouve Saturnin furieux. Il s’éloigne, et tombe sur Valérie et Théophile avec lesquels il était en froid depuis l’héritage. Mais ils sont au courant pour Berthe.
Il y eut une rĂ©conciliation complète. On ne nomma pas Berthe ; seulement, ValĂ©rie laissa entendre que toute la zizanie venait de cette femme.

Pour le duel, Théophile conseille à Auguste d’aller voir Duveyrier, qui se trouve chez Clarisse. Il prend donc un fiacre, comiquement poussif. Tout ce chapitre est une course contre la montre, au ralenti.
Auguste regarda sa montre : il Ă©tait neuf heures. Ă€ onze heures, le duel pouvait ĂŞtre dĂ©cidĂ©. [...] Cette voiture lamentable l’attristait.

Alphonse finit par trouver Bachelard chez Fifi, au milieu d’une crise : Fifi a couchĂ© avec Gueulin. Bachelard lui rĂ©vèle qu’il avait prĂ©vu de la lui donner, avec 50 000 F de dot ! Gueulin fond en larmes :
— Les voilĂ , les embĂŞtements du lendemain ! [...] La nuit a Ă©tĂ© très agrĂ©able ; mais, après, on en a pour la vie Ă  pleurer comme des veaux.

Auguste raconte alors son affaire. Ils retrouvent alors Trublot dans le fiacre poussif, et se rendent chez Clarisse, rue d’Assas. C’est un appartement bourgeois, rien Ă  voir avec le lieu festif de la Cerisaie :
— Si vous venez pour godailler, vous pouvez prendre la porte… C’est fini, la vie d’autrefois. À présent, je veux qu’on me respecte.

Duveyrier arrive au moment oĂą Clarisse se met au piano : d’ailleurs, elle joue très mal et son professeur lui fait la cour. Ils la laissent et vont au restaurant. Pendant le repas, ils ne parlent pas du duel, mais finalement, Bachelard affirme :
— C’est imbécile, tu ne peux pas te battre. [...] L’animal te fera des excuses, ou je ne m’appelle plus Bachelard…

Pendant ce temps, Octave discute avec Mme HĂ©douin en deuil (elle vient de perdre son mari). Elle lui propose de reprendre son ancienne place de commis !

Sur le chemin du retour, Octave trouve Bachelard et Duveyrier : il leur dĂ©clare qu’il a dĂ©cidĂ© de quitter le magasin de soieries. C’est ainsi que le duel est Ă©vitĂ© :
Tous deux dĂ©clarèrent solennellement que cette preuve de tact leur suffisait : [...] faire aux honnĂŞtes gens le sacrifice de ses passions.

Enfin, Duveyrier se réconcilie avec Théophile, mais Saturnin saute sur Auguste, qui décide de le renvoyer à l’asile des Moulineaux.
— J’aurais mieux aimĂ© me battre. [...] Quelle rage a-t-il donc de vouloir me saigner, ce brigand, parce que sa sĹ“ur m’a fait cocu !

VI. Conséquences et renouvellement du cycle



Chapitre 16 — Berthe retourne chez ses parents



De retour chez ses parents, Berthe est jetée par sa mère dans la chambre d’Hortense. Les deux sœurs discutent pendant toute la nuit.
Berthe se confessa, d’abord en cherchant les mots, puis en lâchant tout, parlant d’Octave, parlant d’Auguste. Hortense, sur le dos, [...] l’écoutait.

Hortense de son côté lui parle de Verdier, qu’elle espère épouser, même s’il vient d’avoir un enfant.
— Pourquoi pas ?… J’ai fait la bĂŞtise de trop attendre. Mais l’enfant va mourir [...] elle est toute scrofuleuse.

Arrive chez les Josserand Mme Dambreville qui a le cĹ“ur brisĂ©, et demande Ă  Mme Josserand d’intervenir : LĂ©on veut Ă©pouser sa nièce Raymonde, qui vient d’hĂ©riter et arrive tout juste des Antilles. Mais Mme Josserand soutient la dĂ©cision de son fils.

Pendant ce temps, M. Josserand ouvre la porte Ă  Auguste : quand il le voit en colère, il pense qu’il est lĂ  pour la dot, il se confond en excuses. Mais Mme Josserand les rejoint, et tient un tout autre discours :
— Nous les avons, vos dix mille francs. [...] Mais nous ne vous les donnerons que lorsque monsieur Vabre sera revenu vous donner les vĂ´tres… En voilĂ  une famille ! un père joueur qui nous fiche tous dedans, et un beau-frère voleur qui colle la succession dans sa poche !

Auguste s’en va,furieux. Mme Josserand se tourne alors vers son mari : Tout ça, c’est Ă  cause de son manque d’ambition !
— Si vous aviez mis vos patrons dans votre poche, ce grossier serait à nos genoux, car il ne demande évidemment que de l’argent…

Ă€ Berthe, elle fait un cours de morale pragmatique : maintenant qu’elle est fautive, elle est obligĂ©e de se soumettre Ă  son mari ! Alors Berthe se rĂ©volte : on lui a imposĂ© un homme insupportable.
— Maintenant, je le hais, j’en ai pris un autre. [...] Ça devait arriver, je ne suis pas la plus coupable. [...] Bien sûr que si tu m’avais élevée autrement…

Sa mère la gifle. M. Josserand qui vient de comprendre pour l’adultère de Berthe, est pris d’un malaise :
Quand elles voulurent [...] le soulever pour le mettre sur le lit, elles l’entendirent qui murmurait :
— C’est fini… Elles m’ont tué.


Chapitre 17 — Le retour d’Octave au Bonheur des Dames



Au « Bonheur des Dames Â», Octave a renoncĂ© Ă  sĂ©duire Mme HĂ©douin, mais il lui parle toujours de l’agrandissement du magasin. Un jour, elle lui annonce qu’elle a dĂ©cidĂ© de se remarier, c’est Ă  lui qu’elle songe !
Il l’interrompit, bouleversĂ©, [...] lui saisissant les mains, rĂ©pĂ©tant :
— Oh ! madame !… oh ! madame !


Cependant Berthe vit toujours chez ses parents : tout le monde prĂ©tend que c’est Ă  cause d’une querelle d’argent. Auguste et les Duveyrier espèrent rĂ©cupĂ©rer la dot de Berthe : l’abbĂ© Mauduit accepte d’intercĂ©der en leur faveur auprès de Ă  Mme Josserand.
— Voyez dans ma démarche l’ardent désir de réconcilier deux familles…
— La dot est ici, [...] mais, du moment qu’on l’exige comme le rachat de notre fille, c’est trop sale… Qu’Auguste reprenne Berthe d’abord.


Très affecté par toutes ces intrigues, M. Josserand meurt de chagrin. À la fin de l’enterrement, Auguste se trouvant face à Berthe en deuil, accepte de la reprendre, sans conditions.
— Allons, mon ami, dit simplement le prêtre, gagné par les larmes.
[...] Auguste céda tout de suite, voyant qu’il valait mieux se résigner, dans cette occasion honorable.


Pendant ce temps, Duveyrier est au plus mal : Clarisse le dĂ©pouille avec son professeur de piano, sa femme le repousse. Il s’enferme avec un revolver : sa femme entend le coup de feu :
Il venait de se rater. La balle, après lui avoir entamé la mâchoire, s’en était allée en trouant la joue gauche.

Heureusement le docteur Juillerat est Ă  l’étage : il a fini l’accouchement de Marie : c’est une troisième fille (on devine que c’est Octave le père). Le docteur examine Duveyrier : sa vie n’est pas en danger.

Au même moment, au rez-de chaussée, Rachel, renvoyée par Berthe, lâche tout ce qu’elle sait sur l’adultère, devant tout l’immeuble.
Lisa rĂ©suma le sentiment de toutes, en disant : — Ah bien ! Non, on bavarde, mais on ne tombe pas comme ça sur les maĂ®tres.

Au mĂŞme moment, l’écrivain et sa famille passent en landau. M. Gourd est indignĂ© : il a Ă©crit un roman scandaleux !
— Des horreurs ! C’est plein de cochonneries sur les gens comme il faut.

RestĂ©s seuls, l’abbĂ© et le docteur mĂ©ditent sur ces malheurs : MalgrĂ© leurs croyances opposĂ©es, ils constatent la mĂŞme infirmitĂ© humaine.
— Dieu les abandonne, reprit le premier.
— Non, [...] Elles sont mal portantes ou mal élevées, voilà tout.


De retour dans son Église, L’abbé Mauduit tombe à genoux devant le spectacle de son calvaire dont les travaux viennent de s’achever.
De la sévérité terrible du Calvaire, une haleine soufflait. [...] Il croyait sentir Dieu passer sur sa face, [...] déchiré de doute, torturé par l’idée affreuse qu’il était peut-être un mauvais prêtre.

Chapitre 18 — L’accouchement final



Mme Josserand vit d’une pension depuis la mort de son mari. Elle a gardĂ© Adèle mais elle lui reproche de trop manger. En fait, Adèle est enceinte, mais elle n’ose rien dire, et elle doit accoucher seule. Ce passage rĂ©vèle tout l’art naturaliste de Zola :
Les contractions intérieures avaient cessé, c’était elle maintenant qui poussait de tous les muscles de son ventre et de ses reins. [...] Enfin, les os crièrent, tout lui parut se casser, [...] l’enfant roula sur le lit.

Adèle dépose le nourrisson (une fille) passage Choiseul.

Le soir, tout l’immeuble se retrouve chez les Duveyrier. Léon a épousé Raymonde, mais il est au bras de Mme Dambreville. Octave, bien accueilli par tous, sauf par Auguste, est venu avec Mme Hédouin devenue Mme Mouret.

Clotilde raconte qu’elle va devoir se séparer de Julie, à cause d’une maladie vénérienne (en réalité, on comprend que c’est Gustave, le fils Duveyrier, qui le lui a donné).

Trublot montre Ă  Octave M. Duveyrier : avec sa mâchoire dĂ©viĂ©e et sa voix caverneuse, il a dĂ©sormais une majestĂ© Ă©tonnante quand il rend la justice. Justement, il parle de sa dernière condamnation, la piqueuse de bottine : 5 ans pour infanticide.
Naturellement, elle avait racontĂ© aux jurĂ©s tout un roman ridicule, [...] la misère, la faim, une crise folle de dĂ©sespoir devant le petit qu’elle ne pouvait nourrir : [...] ce qu’elles disaient toutes. Mais il fallait un exemple.

Trublot glisse Ă  Octave : Duveyrier a trouvĂ© une nouvelle maĂ®tresse, très chic, romanesque et libertine.
Enfin une personne recommandable qui rendait la paix à son ménage, en l’exploitant et en couchant avec ses amis, sans fracas inutile.

Petit moment de gĂŞne au moment du dĂ©part : les deux couples Mouret et Vabre se croisent dans l’entrĂ©e.
L’antichambre n’était pas grande, Berthe et madame Mouret se trouvèrent serrées l’une contre l’autre. Elles se sourirent. [...] Enfin, Berthe consentit à passer la première, après un échange de petits saluts.

Enfin lorsque tout le monde est parti, les domestiques commentent les rĂ©conciliations hypocrites. C’est Julie qui a le mot de la fin, tout en vidant son poisson : c’est pareil dans toutes les maisons.
— Mon Dieu ! Celle-ci ou celle-lĂ , toutes les baraques se ressemblent. Au jour d’aujourd’hui, qui a fait l’une a fait l’autre. C’est cochon et compagnie.



Félicien Rops, La Saisie, vers 1880.

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