Couverture pour Commentaire littéraire au bac de français

Méthodologie complète
du commentaire littéraire
à l'écrit du Bac de français




Vous préparez le bac de français, voici la méthode de A à Z pour élaborer, rédiger, et réussir le commentaire littéraire à l'écrit.

Cela fait plus de dix ans que mes élèves particuliers, et ceux qui utilisent mon site, obtiennent les meilleures notes au bac de français. La méthode que je propose a fait ses preuves, elle suit les critères de notation de l'Éducation Nationale, et elle lisse les disparités d'un jury à l'autre.

Mais surtout, elle redonne du sens à l'épreuve, du plaisir dans l'analyse, et elle vous simplifie la vie : ces procédures logiques sont faciles à appliquer, elles vous aideront même pour les oraux, et seront efficaces le jour J.

Toutes mes méthodologies dissertations et analyse des œuvres au programme, en vidéo, podcast et PDF, avec les fiches de synthèse téléchargeables sur mon site : www . mediaclasse . fr




Le jour J




Matériel et gestion du temps



Votre carte d'identité et votre convocation ont été vérifiées. Vous avez de l'eau, de quoi manger, une montre non connectée. La calculatrice, le téléphone portable, le dictionnaire sont interdits.

Comme les copies seront numérisées, on ne peut pas rendre de feuille de brouillon, ni utiliser de tippex ni de stylo frixion. Sur les feuilles définitives, on écrit à l'encre noire ou bleue.

Vous avez quatre heures devant vous : la moitié pour le brouillon, la moitié pour la mise au propre. Mais prenez dix minutes au début pour choisir votre sujet, et dix minutes à la fin pour vous relire.


Choisir le commentaire littéraire ?



Vous préférez l'aspect technique de cet exercice : analyser en profondeur l'extrait qui vous est donné, plutôt que l'aspect très culturel des réflexions proposées par la dissertation. Vous penchez donc plutôt pour le commentaire littéraire à l'écrit.

Tout au long de l'année, envisagez tout de même le sujet de dissertation : vous savez à l'avance quelles sont les œuvres et les parcours, vous avez le temps de mûrir votre réflexion. Mais si le sujet s'éloigne de ce que vous avez préparé, n'hésitez pas à opter pour le commentaire littéraire.

De toutes les façons avec ma méthode, vous allez montrer que vous savez rédiger un raisonnement digne d'une dissertation, mais que vous savez en plus identifier des procédés littéraires pointus. En apprenant à manier ses subtilités, vous allez forcément vous démarquer des autres candidats.


Le paratexte



Autour de l'extrait en lui-même, vous avez des informations précieuses : c'est ce qu'on appelle le paratexte.

D'abord, l'objet d'étude : vous allez voir qu'on va orienter notre regard un peu différemment pour un poème, un extrait de roman, de théâtre ou de littérature d'idée.

L'auteur : si vous le connaissez, c'est un atout, mais ce n'est pas obligé. Si c'est une femme, vous pouvez écrire « auteure » avec un e ou « autrice ». Si vous n'en êtes pas sûrs, restez sur « auteur » sans -e final.

Le titre de l'œuvre : cela peut vraiment éclairer tout le projet littéraire de l'auteur. Typiquement, de nombreuses métaphores chez Baudelaire filent le titre du recueil : les fleurs les plus belles peuvent pousser dans les terres les plus effroyables.

Le siècle : prenez le temps de vous remémorer les grandes préoccupations du siècle concerné. Les grandes découvertes du XVIe siècle, les règles et la morale du XVIIe siècle, les pouvoirs de la Raison au XVIIIe siècle, l'opposition entre le romantisme et le réalisme au XIXe siècle, les crises du sens au XXe siècle. Ce contexte vous aidera à aborder le texte lui-même.


Aborder le texte en douceur



Faites une première lecture « découverte », sans pression : on essaye de comprendre ce qui se passe dans le texte, de ressentir les émotions, et de repérer les grandes thématiques abordées.

À ce stade, vous avez déjà une hypothèse sur ce que j'appelle le QUOI : c'est quoi ce texte qu'on a sous les yeux ? Par exemple :
• Un poème lyrique pleurant l'amour.
• Un moment de révélation dans roman réaliste.
• La scène d'exposition dans une comédie.
• Un court récit satirique cachant une argumentation ? etc.

Vous êtes maintenant prêts à entrer dans l'analyse.



Quatre grilles de lecture




Des grilles faites pour vous aider



Impossible de faire une analyse en une seule lecture. Mais vous n'aurez pas nécessairement besoin de faire 4 lectures. Au début, un peu plus peut-être, avec un peu d'entraînement, certainement moins.

Certains élèves trouvent déjà spontanément plein d'éléments dès la première lecture. Les grilles servent donc seulement à compléter cette première analyse. C'est donc surtout une check-liste pour ne pas oublier des procédés importants.

Ainsi, nul besoin d'être exhaustif. Mettez de côté les procédés qui ne sont pas pertinents, mais gardez et développez les meilleurs éléments, c'est-à-dire, ceux qui éclairent le texte, et que vous avez envie de présenter avec enthousiasme.

Pour vos révisions, je vous conseille de synthétiser mes grilles, puis d'essayer de les restituer sur une feuille blanche. Faites-le plusieurs fois en complétant à chaque fois vos oublis en couleur. Le jour du bac, restituez cette liste sur une feuille de brouillon pour vous guider dans vos analyses. C'est l'antisèche parfaite.

Tout au long de l'année, prenez les textes de votre descriptif, et appliquez ces grilles de lecture en dégageant à chaque fois les axes de lectures. Éventuellement, allez jusqu'à rédiger le commentaire. Vous révisez l'oral en même temps que l'écrit.


Première grille de lecture :
La structure du texte



Pour cette première grille, on s'intéresse avant-tout à la forme du texte. Le nombre de paragraphes, les phrases. Sont-elles élégantes et longues (périodes) ? Ou bien longues, mais ridiculement embrouillées (amphigouri) ? Les phrases très courtes peuvent marquer un moment de rupture.

La ponctuation forte est facile à voir. Les points d'exclamation (type de phrase exclamatif) expriment une émotion intense. Les points d'interrogation (type interrogatif) signalent des questions qui peuvent être fermées / totales (on peut y répondre par oui ou non), ou bien ouvertes / partielles. si la réponse est implicite, c'est une question rhétorique.

Les successions de virgules forment des énumérations. la plupart du temps, celle-ci cache une gradation, sinon l'absence d'ordre c'est aussi révélateur. Les points de suspension marquent une aposiopèse : réticence ou hésitation.

Pour un extrait de roman, on pense « schéma ». Schéma narratif (situation initiale, nœud de l'intrigue, péripéties, dénouement). Schéma actanciel (héros, objet de quête, opposant, adjuvant).

Au théâtre, on repère la variété et la taille des répliques : qui parle le plus, qui parle le moins. Y a-t-il des stichomythies (échange de répliques courtes) des didascalies, des apartés qui structurent la prise de parole ?

En poésie, on repère les strophes (deux quatrains, deux tercets, c'est un sonnet). Il a une volta (moment de basculement avant les tercets) et une pointe (un effet de révélation au dernier vers).

La longueur des vers, cela nous renseigne sur le degré de liberté de l'écriture : alexandrin classique équilibré en deux hémistiches, vers pair mais disloqué, avec des enjambements. Vers impairs ou même retours à la ligne sans longueur déterminée. Et enfin, prose poétique.

Les rimes sont-elles embrassées, suivies, croisées ? Sont elles (pauvres, suffisantes, riches, léonines). Les rimes féminines se terminent avec un -e muet, les rimes masculines sont toutes les autres. Si les rimes masculines embrassent les rimes féminines, ou l'inverse, cela a du sens…

Jusqu'ici, on peut voir tout cela sans même lire le texte, juste en regardant sa forme. Un autre élément, demande de rentrer un peu plus dans le texte : mais cela reste assez visible : il s'agit des figures de construction.

Anaphore rhétorique : un même mot revient régulièrement. Parallélisme : des structures syntaxiques se répètent.
Chiasme : des éléments sont en miroir. Cela exprime souvent une ressemblance ou autre contraire, une opposition, un piège.

Un dernier élément balise le texte, et va vous demander une lecture en diagonale : les liens logiques.
Trop de liens logiques ? C'est une polysyndète.
Absence ou omission de liens logiques ? C'est l'asyndète.

Si l'objet d'étude est la littérature d'idées, on insiste sur la logique (cause-conséquence, opposition, concession). Sinon, on portera notre attention sur la chronologie. Normalement, à ce stade, vous avez une bonne idée des grands mouvements du texte. Nous sommes prêts pour la deuxième grille de lecture.


Deuxième grille de lecture :
Espace et temps



On continue d'entrer doucement dans le texte, pour le moment, on se contente de planter le décor : le cadre spatio-temporel. La première chose, ce sont les compléments circonstanciels, qui sont parfois de simples adverbes. Un beau jour, le lendemain…

Une notion de linguistique est très utile, ce sont les déictiques : ils font référence à la situation d'énonciation, comme s'ils montraient du doigt le contexte : ici, là, aujourd'hui, demain. Cela nous transporte littéralement au moment et au lieu où se trouvent les personnages. Les démonstratifs peuvent participer à cet effet : « celui-ci, celui-là ».

Ensuite, la chronologie n'est peut-être pas absolument linéaire, on trouve peut-être des sauts dans le temps (des ellipses temporelles), des retours en arrière (analepses), des indications sur la suite du récit (prolepses). Des allusions à une fin funeste à l'insu des personnages, c'est ce qu'on appelle l'ironie tragique.

Certains verbes participent directement à la description : les verbes d'état sont soit statiques « être, demeurer, rester », soit dynamiques « devenir ». Peut-être que cela cache une hypotypose (une description saisissante et animée).

Les verbes de mouvement sont à la conjonction de l'espace et du temps : le déplacement d'un lieu à un autre prend un certain temps. Le verbe « aller » peut d'ailleurs construire le futur immédiat. Le mouvement peut nous projeter dans le temps.

Maintenant, on commence à bien distinguer ce qui relève du décor, et ce qui s'anime. On va donc pouvoir s'interroger sur la valeur des temps en incluant les verbes d'action.

Le passé : l'imparfait marque le second plan, la description ou l'habitude dans le passé. Le passé simple présente des actions de premier plan. Le passé composé a toujours des conséquences dans le présent. Ce n'est pas la même chose de dire : le chat mangeait et le chat a mangé : on constate que sa nourriture n'est plus là.

Le passé a souvent quelque chose de cruel : « l'albatros volait » il ne vole plus. « Cette étoile a brillé » : elle ne brille plus.

Le présent rapporte soit des événements passés (présent de narration) soit des actions qui se déroulent actuellement (présent d'énonciation) soit des faits qui sont tout le temps vrais (présent de vérité générale).

Quand un récit prend une dimension symbolique, ces valeurs du présent peuvent se confondre : « l'albatros hante la tempête ». C'est à la fois le passé, le présent, et une allégorie du poète.

Chaque temps, chaque mode peut donc être commenté en fonction de son effet. Le participe présent insiste sur la durée ; le gérondif, sur la simultanéité ; le conditionnel énonce une hypothèse, le subjonctif une action non réalisée, virtuelle.

Nous allons maintenant ajouter de l'humain, élucider les motifs de ces actions. Les personnages sont animés par une psychologie, des intentions. C'est la troisième grille de lecture.


Troisième grille de lecture :
Personnages et subjectivité



D'abord, le plus évident : les personnages sont désignés par des noms propres, qui nous renseignent sur leur caractère. L'onomastique, c'est l'étude des noms propres. M. Diafoirus sera un personnage comique et repoussant, Angélique est la jeune première, d'une grande innocence.

Ensuite, les personnages sont repris par des pronoms « il … elle ». Lequel prédomine, y a-t-il une alternance, un duo ? La présence de possessif a du sens également.

La première personne du pluriel « nous, notre » et le pronom indéfini « on » sont toujours révélateurs. Est-ce que les lecteurs ou les spectateurs sont inclus ? Parfois, ils sont même apostrophés à la deuxième personne.

Les sujets deviennent-ils COD ? Sont-ils animés ou inanimés, dans une voix active ou passive ? Cela nous renseigne sur leur rôle. La multiplication des pluriels ou des négations peut aussi nous renseigner implicitement sur l'état d'esprit des personnages…

La subjectivité des personnages va surtout apparaître dans les discours rapportés. Discours direct : les paroles sont rapportées telles quelles. Discours indirect : les paroles sont reformulées.

Le discours direct ou indirect libre efface les verbes de paroles qui introduisent normalement les discours :
« Elle vit alors entrer le magicien : quel drôle de personnage ! »
« C'était un drôle de personnage ! »

Au contraire, le discours narrativisé efface les paroles rapportées pour ne donner que le verbe de parole : « Elle fit la louange de ce tour de magie. »

Les paroles ne sont que la partie émergée de la subjectivité des personnages. Les marques de subjectivité sont : les perceptions (vue, ouïe, toucher, odorat, goût) les émotions (qu'on peut rattacher aux registres littéraires) les pensées (idées, jugements de valeur, projets et souvenirs)

Si toutes ces marques de subjectivité se rapportent à un seul personnage, c'est une focalisation ou point de vue interne. Si elles se rapportent à plusieurs personnages (incluant parfois même le narrateur) nous sommes en focalisation zéro (ou point de vue omniscient). S'il n'y a pas de marques de subjectivité, alors on est en focalisation ou point de vue externe.

Maintenant que nous avons un pied dans l'imaginaire, le texte va prendre une nouvelle profondeur, symbolique…


Quatrième grille de lecture :
Images et symboles



Les champs lexicaux ont un véritable intérêt s'ils véhiculent des connotations. Par exemple, le champ lexical de la couleur blanche prendra toute sa valeur s'il est plutôt associé à la pureté, ou à la mort.

Ce qui est explicite est dénoté. Ce qui est implicite est connoté : c'est ça qui nous intéresse, en littérature.

Souvent, la connotation passe par les adjectifs, qu'évoquent-ils, une fois relevés ? Parfois, les adjectifs déteignent les noms qui l'entourent, c'est une hypallage. Quand les perceptions sont mélangées, on peut parler de synesthésie.

Chaque mot transporte donc tout un arrière-plan imaginaire. Notamment par l'étymologie : le mot « charme » par exemple, vient de carmen, le chant, la formule magique. Il évoque tout un univers d'ensorcellement et de philtre magique.

Parfois, c'est la proximité sonore (paronomase) qui fit surgir des mots cachés. Ils se prononcent pareil (homophone) s'écrivent pareil (homonyme). Par exemple, le charme est aussi un arbre, le chêne se prononce comme la chaîne. Le mélèze peut évoquer le malaise…

Les sonorités ajoutent une connotation à ces éléments. Les allitérations (retour de son consonne) peuvent être explosives, fricatives, sourdes ou sonores.
Les assonances (retour de son voyelles) peuvent être nasales, désagréables ou au contraire, agréables et positives, comme la lettre O qui est en plus graphiquement un cercle parfait.

Parfois une majuscule vient donner vie à un concept abstrait, chez Baudelaire par exemple, la Douleur, l'Horloge, deviennent de véritables personnages. L'allégorie consiste à donner forme à une idée, à travers une histoire, un objet, une créature.

Tous les éléments de cette grille relient deux univers : un comparant et un comparé, avec un point commun : l'analogie.

Sans outil de comparaison, nous avons la reine des figures de style, la métaphore. Si vous n'avez que le comparant, c'est une métaphore in absentia, il faut retrouver le comparé, deviner de quoi l'auteur parle.

Maintenant que nous savons exactement tout ce qui peut être relevé dans le texte, comment organiser tout cela au brouillon ?



Le travail au brouillon




Lister et regrouper les procédés



Il y a deux écoles. La première recommande de lister tous les procédés en indiquant à chaque fois la ligne, avant de les regrouper (avec un code couleur par exemple) cela formera des parties et des sous-parties.

Ensuite, éventuellement, recopiez tout ça sous a forme d'un plan détaillé pour faciliter la rédaction.

Pour la deuxième école, l'analyse se fait directement sur le texte au crayon à papier. Au brouillon, vous préparez d'abord la structure du plan (trois feuilles divisées en trois) avant de compléter les cases avec les meilleurs procédés.

C'est à ce moment-là que vous décidez si le commentaire sera composé ou linéaire. Si les interprétations se regroupent naturellement par proximité, peut-être que chaque mouvement du texte correspond en fait à un axe de lecture.

Par contre, on ne fait jamais de juxtalinéaire : les procédés issus d'un même mouvement sont réorganisés, et forment en quelque sorte un mini commentaire composé.

Peut-être qu'à la fin vous n'aurez pas complété toutes les cases. Assurez-vous simplement que le devoir final comportera au moins 5 paragraphes argumentés répartis en deux grands axes de lecture équilibrés. En tout, vous aurez retenu entre 15 et 20 procédés. 3 x 5 = 15 ou 2 x 9 = 18. C'est un minimum.

Chaque case représente le contenu d'un paragraphe argumenté. Elle contient donc : l'idée directrice, le nom du procédé, une citation entre guillemets, l'effet produit. À la fin de la première et de la deuxième partie, laissez un espace pour la transition.



Concevoir le plan



Le plan d'un commentaire littéraire (composé ou linéaire) reste un raisonnement, exactement comme dans une dissertation ! Ce n'est jamais un plan « catalogue » car chaque partie s'appuie sur les enseignements de la précédente. Il a toujours quelque chose de dialectique.

Contrairement à ce qu'on entend parfois, le plan dialectique n'est pas blanc / noir / gris, mais plutôt, blanc, gris, multicolore. On formule une thèse, puis on la nuance et on l'approfondit, et enfin, on montre toute la complexité d'un sujet qui interroge ses propres limites.

Qu'est-ce que ça donne en commentaire littéraire ? La première partie va cerner le QUOI. Le genre, le registre, le mouvement, l'émotion, la thématique principale. Par exemple : chez Hernani, le duo amoureux met en place l'intrigue de la pièce.

Les registres sont une excellente manière d'entrer dans un texte littéraire, je vous propose de les récapituler sous forme de vidéos courtes sur mon site.

Mais le texte ne se laisse pas si facilement étiqueter ! La deuxième partie va donc nuancer et préciser : on y met tout ce qui déborde la première partie. Par exemple, la représentation de deux Héros romantiques, qui joue avec les attentes du public.

En troisième partie, on se concentre sur le POURQUOI : pourquoi l'auteur a-t-il écrit ce texte ? En quoi ce texte participe à son projet littéraire ?

Pour Hernani de Victor Hugo, la représentation de ces deux héros romantiques participe à une véritable Révolution culturelle, qui bouleverse les anciens codes.

Un modèle d'annonce de plan serait donc par exemple :
D'abord, cet extrait correspond bien à certaines notions littéraires. Mais en même temps, il déborde ces notions et présente des spécificités. Enfin, cette forme littéraire si particulière reflète les préoccupations les plus profondes de l'auteur.

Cette annonce de plan va alors nous servir de modèle pour rédiger les transitions : notre première thèse est nuancée pour approcher la spécificité du texte, qui est enfin interrogée pour expliquer le projet littéraire de l'auteur.


Problématique



On ne va pas répéter ou expliciter ce que dit le texte, mais bien décrire comment il le dit. La problématique commence donc toujours par « Comment ».

Ensuite, la problématique découle naturellement du plan. Vous partez du QUOI pour aller vers le POURQUOI. De manière schématique, voilà ce que cela va donner :
• Comment l'auteur utilise le quoi pour réaliser le pourquoi ?
• Comment cette forme de texte permet-elle de répondre à ce projet littéraire ?
• Comment le duo amoureux de ces deux héros romantiques permet à Victor Hugo d'amorcer une véritable révolution culturelle ?


Maintenant que nous avons le plan et la problématique, nous allons remonter jusqu'à l'accroche pour réaliser une introduction parfaite.


Introduction



L'introduction est toujours rédigée selon le même schéma : accroche, situation de l'extrait, problématique, annonce de plan.

Mais pour que tout se tienne bien, chaque élément de l'introduction est tendu vers la problématique : l'annonce du plan guide la formulation de la problématique, tandis que l'accroche et la situation de l'extrait l'amènent en douceur.

La situation de l'extrait met l'accent sur la spécificité dont on a prévu de parler en deuxième partie (la question du héros romantique par exemple). Pour l'instant, on ne révèle pas le projet littéraire de l'auteur. Dernière étape, l'accroche.

L'accroche est en entonnoir, elle va relier la spécificité de notre texte à l'Histoire Littéraire : un siècle, un mouvement.

Je conseille souvent de commencer un peu dramatiquement par la date de publication (qui se trouve dans le paratexte), pour la relier à une question importante du siècle qu'on trouve chez d'autres auteurs de l'époque.

Pour trouver le bon angle de réflexion, je vous conseille de regarder mes vidéos d'Histoire Littéraire, qui offrent un véritable panorama de la littérature du XVIe au XXe siècle.

On montre alors que cette préoccupation typique d'un siècle, ou d'un mouvement littéraire, se trouve justement dans notre extrait mais sous une forme particulière. La situation de l'extrait arrive donc naturellement.



Conclusion



La conclusion contient trois parties : d'abord, on récapitule tout le raisonnement depuis le début en s'assurant qu'on répond bien à la problématique. Il suffit de reprendre l'annonce du plan, en l'étoffant avec les transitions, et sans citer d'exemple.

Ensuite, on insiste sur la dernière idée, le projet littéraire de l'auteur, en disant que d'autres artistes se sont posé la même question sous des formes différentes.

L'ouverture arrive alors naturellement : par exemple tel artiste propose d'autres réponses aux mêmes interrogations. On peut alors sortir de la littérature française, pour citer des artistes de tous pays et de tous horizons.

Mon conseil de rédaction pour la conclusion : rédigez-la au propre tout de suite sur une feuille définitive à part que vous n'aurez plus qu'à à jouter à la fin. S'il manque un dernier paragraphe, ce sera compensé (voire même cela passera inaperçu) si vous fournissez une conclusion.



La rédaction



Les conventions



Les titres des œuvres sont soulignés. Si vous êtes bon calligraphe, vous pouvez même les mettre en italique. Les titres des poèmes et les citations sont entre guillemets. Préférez les guillemets français, c'est-à-dire, sous forme de chevrons.

Assumez le jeu de rôle : vous êtes une personnalité royale. « Nous » de majesté, langage châtié. Par contre, faites des phrases courtes et incisives, évitez les subordonnées. Sujet, verbe complément : « L'auteur réalise un projet littéraire. »
« Le procédé littéraire révèle un effet. »
« L'adverbe intensif insiste sur l'émotion », etc.

Certains mots sont donc particulièrement stratégiques : vos exemples sont là pour « démontrer, souligner, manifester, exprimer, révéler… » des effets de sens qui sont « implicites, en filigrane, à demi-mot, sous-entendus, exprimés avec subtilité… »

Tout au long de l'année, utilisez le meilleur dictionnaire de synonymes en ligne, tapez « synonyme Crisco » dans votre moteur de recherche.

Au premier coup d'œil, le correcteur distingue la structure du devoir : sautez une ligne ou même plusieurs entre l'introduction et la première partie, entre la deuxième et la troisième partie, et entre la troisième partie et la conclusion. On peut sauter une ligne pour séparer les transitions, mais ce n'est pas obligatoire.

Ne collez pas directement à la marge, et laissez des alinéas, (un passage à la ligne avec un espace) entre chaque paragraphe (sous-partie). On peut ajouter un alinéa pour distinguer la problématique et l'annonce du plan, mais rien d'obligé.

Du brouillon au propre



Rédigez bien l'introduction, la conclusion et les transitions d'abord au brouillon avant de les recopier au propre : ce sont des moments stratégiques. Ensuite, rédigez le reste au fil de la plume en suivant le plan détaillé de votre brouillon.

Chaque paragraphe est un délicieux sandwich : Les deux tranches de pain, c'est l'idée directrice du paragraphe reliée à l'axe de lecture principal. Le lien logique « d'abord … ensuite … enfin » est le pic qui vient faire tenir toutes les couches du sandwich ensemble.

Ensuite, la garniture, c'est le procédé, avec son nom technique et un exemple entre guillemets, le numéro de ligne entre parenthèses. Ajoutez un deuxième et éventuellement un troisième procédé bien illustré qui va dans le même sens.

Enfin, la deuxième tranche de pain : on insiste sur l'idée qu'on a bien démontré l'idée directrice, et on laisse déjà entendre que cela ne suffit pas : cela sert de liant au paragraphe suivant.

Astuce : en fait, au brouillon, c’est d’abord le procédé que vous avez relevé, puis vous avez interprété un effet. À la rédaction, c'est l’inverse : vous donnez votre interprétation puis vous avancez les procédés qui l'illustrent parfaitement.

Gardez 5 à 10 minutes de relecture à la fin : il vaut mieux une phrase proprement barrée et reformulée entre deux lignes qu'un contresens. Pensez que chaque correction apportée vient augmenter votre score final. Si ce n'est pas déjà fait : numérotez les pages !

Enfin, ne laissez aucun signe distinctif dans votre copie. Pensez à bien remplir et coller le cadre de l'en-tête : votre copie restera anonyme mais on aura besoin de vous identifier au moment des résultats. Je vous souhaite à tous tout le courage, la chance et la réussite ! Faites-vous confiance !




A girl writing her diary in the style of August Müller.